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L’ancienne équipe de Strasbourg Événements essorée par GL Events

Trois ans après l’arrivée de GL Events au capital de Strasbourg-Événements, une quinzaine de salariés de l’équipe historique sur une centaine sont passés par une phase de « burn out ». Une autre quinzaine de salariés ont quitté la société, soit en démissionnant ou par rupture conventionnelle. Témoignages.

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La santé des salariés de Strasbourg Événements (Foire européenne, St’art…) est-elle aussi florissante que ses affaires ? L’arrivée de GL Events dans le capital (47%) de la société semi-publique Strasbourg Événements s’est traduit par une hausse notable du chiffre d’affaires et d’événements (à lire ici).

Grâce à ce mariage avec la société lyonnaise, les employés ont eu droit d’accéder aux participations sur les bénéfices (210 000 euros en 2016, soit près 2 000 euros par salarié et vraisemblablement un peu plus en 2017). Cette distribution n’existait pas avant l’arrivée de la société lyonnaise fin 2014 mais après trois ans ensemble, plusieurs salariés actuels ou passés ont choisi de témoigner, sous couvert d’anonymat, sur les bouleversements qu’ils ont connu.

Un signalement à l’inspection du travail… sans suite

Strasbourg Événements s’appuyait sur une équipe où les salariés avaient parfois 20 ou 30 ans d’expérience. L’arrivée de GL Events, à qui la gestion quotidienne est laissée, doit redynamiser une société parfois qualifiée de « belle endormie ». Mais, malgré un certain satisfecit affiché, le management par GL a laissé des traces.

Si l’on reprend l’organigramme du 1er janvier 2014, environ un tiers des 115 salariés ne sont plus dans l’effectif actuel. Dans le détail, 14 sont passés par un « burn out » ou y sont toujours. Pour certains, cet épuisement au travail a précédé un départ. C’est notamment le cas de l’ancien directeur général adjoint. On dénombre par ailleurs 15 ruptures conventionnelles ou démissions et 3 licenciements pour inaptitude décidée par la médecine du travail. À cela s’ajoute aussi sept départs en retraite et un arrêt de travail de 2 ans.

Le PMC à Strasbourg est désormais géré par une filiale de GL Events (doc remis)

Les tensions à l’intérieur de la société avaient fait l’objet d’un signalement à l’inspection du travail, resté sans suite. Sous couvert d’anonymat, des salariés s’interrogent sur les raisons qui ont conduit à ces nombreux départs. L’épuisement organisé de l’ancienne équipe vise-il à mettre en place progressivement une autre équipe ?

Une salariée résume sa déception :

« Il y a eu de l’enthousiasme avec l’arrivée de GL Events. La société présentait une force de frappe séduisante. Les troupes était galvanisées par Jean-Eudes Rabut (le nouveau président du directoire), qui a un certain charisme. Mais très vite, on a perdu au niveau humain, ce qui est sûrement la carence de ces grands groupes. On nous a bien fait sentir qu’on avait 15 à 20 ans d’ancienneté… ce qui n’était pas un avantage. Quelques années après, on a l’impression d’être trompé. »

Du travail emmené pendant les vacances…

Un homologue retient la charge de travail croissante, avec des départs non-remplacés de certains collègues. Les journées duraient « de 8h30 à 20h, l’heure de la fermeture du bâtiment », puis le soir chez soi « jusqu’à 23h ».

Puis, cela s’est traduit par du travail emmené pour les vacances en juillet (« la moitié de la journée »), mois de congés habituel des salariés avant des mois d’août et septembre toujours intenses en raison de l’organisation de la Foire européenne.

Pour un autre salarié, c’est l’intensité du travail qui l’a poussé à se déclarer en « burn out » :

« Dans mon cas, c’était tout simplement de tâches qui s’accumulait, sans qu’à aucun moment personne ne se soucie de savoir si j’avais le temps pour les réaliser ou non. »

Ce salarié précise qu’il n’y avait aucune forme de harcèlement moral dans son cas, contrairement à ce que certains de ses collègues ont connu, précise-t-il. Ainsi, un collaborateur s’est entendu dire « tu ne veux pas nous faire un deuxième burn out ? », face à son nombre d’heures supplémentaires constaté, ou qu’il devait « faire ses preuves », après plus de deux ans à fonctionner en sous-effectif.

Pour l’intéressé, son mal-être est à imputer à une culture d’entreprise différente :

« GL Events a bien compris que les anciens salariés de Strasbourg Événements ne laisseraient pas tomber la boîte, car ils y sont attachés. On ne nous demande pas toujours de boucler un dossier, mais on le fait quand même car on sait que d’autres personnes l’attendent… Au final, l’inhabituel devient normal. Ce n’est pas la vie qu’on voulait mener en travaillant ici. »

Dans d’autres cas, c’est une mise à l’écart qui est constaté par les salariés. Ainsi de retour d’un congé thérapeutique à mi-temps, une personne a la surprise de constater qu’une collaborateur a été recruté et qu’il n’avait… plus du tout de travail. « Rien, c’est pire que trop », résume ce salarié.

« Pas de marge sur le personnel », répond la présidente

Plus anodin mais révélateur d’un certain mal-être, que certains responsables politiques locaux parlent de « GL » (et non de Strasbourg Événements) lors des débats en conseil municipal ou de l’Eurométropole a aussi interpellé sur la manière dont les salariés historiques sont perçus. Des t-shirts de travail siglés « GL Events » ont été un temps proposés, et refusés, par le personnel. Ils arrivaient ainsi floqués car réalisés par une filiale de GL Events.

La présidente Nawel Rafik-Elmrini rappelle qu’il y a eu des changements d’organisation mais que le personnel ne doit en aucun cas être une variable d’ajustement :

« Nous avons un accord pour qu’il n’y ait pas de marge sur le personnel. Ce n’est pas contractualisé, mais c’est une volonté politique partagée. Les effectifs sont stables, 114 en 2014 contre 111 aujourd’hui. Un audit avait été réalisé. Il a débouché sur 5 directions « métiers » et une de support pour que chacun sache qui est son référent. »

Elle concède néanmoins qu’il y a eu « une période d’ajustement », avec un éphémère directeur de 7 mois, Marc Wenger (qui n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet), après le départ à la retraite du directeur historique, Claude Feurer. Ce dernier est parti juste après la signature de la DSP.

Le président délègue au directeur… souvent absent

Interrogée sur les burn out, Nawel Rafik-Elmrini renvoie ces questions au directoire, puisqu’elle estime que cette question relève de la gestion quotidienne. Elle précise ne pas avoir avoir d’alerte sur un phénomène massif, qui serait remonté jusqu’au conseil de surveillance qu’elle préside et qui se réunit quatre fois par an. Les représentants du personnel siègent dans cette instance.

Au quotidien, Strasbourg Éventements est dirigé par un président du directoire, Jean-Eudes Rabut. Basé à Lyon, il est le directeur du pôle « venues » (les lieux, en anglais) de GL Events. Cette fonction lui permet d’être mandataire d’une dizaine d’autres sociétés locales similaires, selon un annuaire de BFMTV. Il alterne entre ces nombreux sites ce qui fait que Jean-Eudes Rabut ne vient qu’une fois par mois à Strasbourg. « C’est une marque de confiance à l’équipe ici. Au début, il était beaucoup plus présent », estime Stéphane Herzog, le directeur de Strasbourg Événement et à qui la gestion quotidienne est confiée.

Stéphane Herzog assure que la santé des salariés « est toujours un sujet d’attention » :

« L’arrivée de GL Events a entraîné un audit social qui était demandé par les élus et n’avait jamais été obtenu. Il a été effectué par Love Business qui nous accompagne toujours et a débouché sur un plan de restructuration. Il y a eu des départs, mais aucun licenciement de notre fait. Les inaptitudes concernaient des pathologies lourdes, pas des burn out. C’est la médecine du travail qui en décide, pas nous. L’ancienneté moyenne est de 15 ans.

En comité d’entreprise et conseil de surveillance, je n’ai pas eu d’interpellation. Depuis le changement d’organisation, on partage beaucoup d’informations alors qu’avant, beaucoup de choses se faisaient à la main et étaient gardées secrètes. Tous les départs ont été remplacés, soit par des promotions internes qui a fait que six personnes sont passées cadres, soit par des recrutements. »

Contactés, les représentants du personnel n’ont pas souhaité s’exprimer, pour ne pas perturber disent-ils « les négociations de départ en cours » de certains de leurs collègues.


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