Le cirque, ce n’est que pour les enfants ? Et puis quoi encore ? Ces satanés gamins ont déjà tout, alors qu’ils partagent un peu ! D’autant que la programmation de ces quatre jours place Strasbourg « en haut d’un tableau de deuxième division » des festivals de ce genre, selon l’analogie de Mathieu Cahn, adjoint au maire de Strasbourg en charge de l’animation. Toutes ces compagnies ont quitté les chapiteaux pour proposer dans la rue des spectacles drôles et poétiques, parfois satiriques, souvent étonnants. La 13e édition des Arts dans la rue, c’est 64 spectacles par 24 compagnies, sur 4 jours. La Ville a consacré 130 000€ à ce festival et Mathieu Cahn précise : « on est au bout de nos capacités d’organisation ».
Les musiciens
Parmi les savoir-faire des artistes de rue, on reconnait les talents de musiciens. Deux compagnies en particulier, revisitent le concept de concert en plein air. La guinche installe sa scène (15, 16 et 17 août, de 20h à 22h, rue de l’Étal), une sorte de caravane ouverte comme les stands de glace du bord de mer, rue de l’Étal. « La guinguette à roulettes » est un mélange de swing et de musette qui risque d’entraîner les passants dans un bal improvisé sur la place de l’Étal. On nous assure qu’il est impossible de rester coi.
A l’inverse du bal de village, une mise en scène encore plus énergique est proposée par la Compagnie fracasse de 12 comme elle se fait appeler (18 et 19 août, de 18h30 à 19h30, place Kléber). Ils tapent, sautent, dansent et chantent sur des poubelles. Quatre agents d’entretien renversent les codes de la profession et entrent dans un spectacle de percussions : « hop« . Des balais et poubelles qui ne paient pas de mine se transforment en instruments aux multiples sonorités.
Les acrobates
Au registre des acrobates, nombreux sont ceux qui pensent aux gymnastes au collant moulant et au torse nu. La compagnie Akoor n’a plus rien à voir avec ce stéréotype. Ils sont l’un de ces groupes qui imaginent des spectacles dans un univers complètement décalé, Five foot fingers avec la fameuse french camembert touch (18 et 19 août, de 16h à 17h, place de la Cathédrale). Les cinq compères ressemblent plus à des garçons de cafés du siècle dernier. Et pourtant, l’agilité dont ils font preuve dans les airs est impressionnante. Leurs shows mélangent second degré et talent brut, et il en ressort une passion du métier plutôt touchante.
A peu de choses près, Price et Mc Coy sont dans un univers similaire, quoi que leur technique semble plus évidente. Ils sont déjà passés au Plus grand cabaret du monde. Leur spectacle « Acrobatic madness show » raconte une histoire comique autour de portés et lancés dans les airs (16 août, de 16h30 à 17h et de 18h45 à 19h20, place Kléber et le 17 août, de 17h à 17h30 et de 18h45 à 19h15, place Gutenberg). Les deux gymnastes communiquent de la joie au public. Mais aussi un certain soulagement quand le frisson de les voir rater un de leur numéro périlleux retombe.
Le théâtre et le cabaret
L’art du cabaret de rue existe encore, oui ! Dans la musique festive des trompettes et des accordéons du cabaret de Dounella Bourascou résonnent les accents chantants du monde entier (16 août de 19h à 20h, 17 août de 16h30 à 17h20, rue du Saumon). La troupe Artiflette présente l’histoire de Dounella, une artiste de cabaret. Elle raconte ses découvertes au cours de ses nombreux voyages, comme la rencontre avec son fakir d’Inde. Ce dernier assure plusieurs numéros « pour pas cher » dont le lancé de machettes. Les chansons façon piano-bar sont à la fois pleines d’humour et de sens.
Autre troupe de comédiens, les Frères Carton proposent un conte en déambulation (17, 18 et 19 août, de 16h à 16h45 et de 19h15 à 20h, départ rue de la Douane) : « c’est une vieille légende… des créatures cauchemardesques venaient terrifier petits et grands : le réveil des vilains ! » Les costumes sont au service de la poésie de cette histoire : très travaillés, ils attirent l’œil des passants qui ne peuvent s’empêcher de s’approcher des vilains.
Les clowns sont également de sortie avec « La natür, c’est le bonhür », un spectacle « clownesque rural », selon la description un brin tronquée de la compagnie Rosie Volt (le site web mérite le clic). On nous promet un spectacle rude pour les zygomatiques, à voir (Les 18 et 19 août, de 20h à 21h, place des Tripiers).
Marionnettes
« La plus belle des poubelles », c’est celle de la compagnie Al et les Astrolobi (18 et 19 août, de 16h à 16h40 et de 17h30 à 18h10, place des Meuniers). Sur le modèle du clown triste, un homme réutilise des objets de la vie quotidienne usagers, et fabrique son théâtre de marionnette. A la fois poétique et grave, le répertoire musical est très large et touchera toutes les générations. Sur la scène se rencontrent une danseuse ballerine et une chorale de couverts. L’oiseau au bec en pince à linge refait son nid de bouteilles en plastique, et plus cynique, le squelette de Michael Jackson fait une courte apparition sur scène.
L’autre star des marionnettes pourrait être « Mario », un gentil personnage créé par la compagnie Rue barrée dont le spectacle s’adresse particulièrement aux enfants (16 et 17 août, de 16h à 16h40, place des Meuniers). Mario est plutôt grand pour son âge, en fait il a été imaginé à taille réelle. Parmi ses occupations, le jonglage et la recherche d’un nouveau style vestimentaire.
Jonglage
Les arts de rue, c’est aussi le jonglage à toute épreuve de la compagnie Baladeux. Un jeune homme et une vieille dame se renvoient la balle autour d’une balançoire. D’où le nom du spectacle « Rires et rides » (16 et 17 août, de 20h à 20h30, place des Tripiers). L’ensemble du décor est utilisé et sous tous ses aspects. D’avant en arrière, de haut en bas, pas un raté. Toutes les balles arrivent à destination, même si parfois leur vol semble compromis.
Le jonglage peut aussi s’avérer dangereux, comme pour le spectacle de feu de la compagnie Zoolians : « la lueur de Zéïs » (16 et 17 août, de 21h à 21h45, départ place Kléber). Les flammes se croisent de plus en plus vite aussi dessus des visages des jongleurs. Oranges ou vertes, elles dansent au son des tambours et se rencontrent pour former un mur de feu. Arrivant de partout, elles naissent parfois de la bouche des cracheurs de feu.
L’inclassable
Quand les spectacles de rue s’emparent des technologies, ça donne « The wolves« , un show pyrotechnique créé par la compagnie Deabru Belzak (18 et 19 août, de 21h à 22h, départ Place Kléber). Des loups qui se tiennent sur les pattes arrières s’élèvent jusqu’à 2 mètres 50. Tout en acier, ils s’apparentent plus à des squelettes de loups dont la mâchoire est articulée. Des faisceaux de lumière bleue jaillissent de leurs yeux et scrutent la foule. Jusqu’à ce qu’un pianiste parvienne à les apprivoiser. Les loups ont été créés par la compagnie nantaise Royal Deluxe, dont la renommée dépasse largement les frontières hexagonales.
L’Alsacien de l’étape
Toutes ces compagnies ont été choisies par l’équipe d’animation de la Ville, au gré des découvertes lors de festivals plus importants comme Aurillac ou Sotteville-les-Rouen. Un Alsacien a réussi à s’infiltrer malgré le crible de la sélection, Mais il y a néanmoins un artiste alsacien, de Schwindratzheim, Stéphane Amos, compagnie La Trappe à Ressorts, qui présentera La Tente d’Edgar, un numéro de théâtre et de magie, où Edgar est au commandes d’un Nautilus aux multiples propriétés, façon capitaine Nemo (les 18 et 19 août, de 16h45 à 17h30, et de 19h à 19h45, place Broglie).
La carte
Céline Herrmann
Sara Dirringer
Pierre France
Pour aller plus loin
Le site officiel du festival. Télécharger le dépliant avec le programme complet et le plan.
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