Lundi 6 janvier, le journal Réforme a publié une tribune qui appelle les églises protestantes, les facultés de théologie protestantes et les médias protestants à prendre la mesure des violences sexuelles au sein de leurs institutions. Les 80 signataires appellent à la mise en place de formations destinées aux enseignants, étudiants et pasteurs. Ils demandent également la création d’un module sur l’éthique de l’exercice de l’autorité dans le milieu religieux, à intégrer dans tous les instituts protestants théologiques (IPT) en France.
Une tribune portée par des étudiants en théologie à Strasbourg
Cette tribune a pris ses racines dans une affaire qui occupe l’Université de Strasbourg depuis deux ans. Comme le révélait Rue89 Strasbourg le 7 février 2023, Michaël Langlois, maître de conférence en théologie, est accusé de viol, de harcèlement moral et de diffamation par deux anciennes étudiantes. Après avoir été exclu de l’Université pour trois ans en 2023, il a pu réintégrer ses classes à la rentrée 2024 pour un vice de procédure.
Portée notamment par Clémentine Besse, une des étudiantes de Michaël Langlois, la tribune exhorte l’Université à prendre la mesure de ces accusations en organisant des « des alternatives aux cours et aux validations lorsqu’un professeur est accusé de harcèlement ou de violences sexistes et sexuelles répétées dans le cadre de ses fonctions ».
Les histoires de violences sexuelles ne sont pas nouvelles
D’autres accusations d’agressions sexuelles en 2024 visant Jean Ansladi, un professeur d’éthique à la faculté de théologie de Montpellier dans les années 1970 à 1997, ont déjà poussé l’Église protestante unie de France (EPUdF) à agir. Le 7 novembre, l’EPUdF a adhéré à la Commission de Reconnaissance et de Réparation (CRR). Mise en place par l’Église catholique, cette commission a pour but d’accompagner les victimes d’abus sexuels dans les communautés religieuses catholiques dans un parcours de justice restaurative.
Commission à laquelle l’Union des Églises protestantes d’Alsace et de Lorraine (Uepal) n’a pas adhéré. Dans Médiapart, Stéphane Lavignotte, pasteur à Montreuil (Seine-Saint-Denis) et professeur de théologie à la faculté de théologie protestante de Bruxelles, estime que la communauté protestante « a été aveuglé[e] par le fait qu’on pensait que ça n’arrivait que chez les catholiques, parce que nos pasteurs sont mariés. Mais finalement chez nous, le pasteur ou le professeur représente une figure d’autorité, il a un certain pouvoir. Et il faut encadrer ce pouvoir. »
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