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La gauche progresse à Strasbourg, pas en Alsace

Les électeurs alsaciens se sont très peu mobilisés, à peine un électeur sur deux s’est déplacé dimanche. A Strasbourg, la poussée à gauche a été réelle : Philippe Bies (PS) est arrivé en tête dans la deuxième circonscription (Strasbourg-sud), un exploit dans ce fief de droite. Andrée Buchmann (EELV) n’est qu’à 600 voix derrière André Schneider (UMP) dans la troisième, une circonscription également réputée solidement ancrée à droite. Même Sophie Rohrfritsch dans la quatrième doit composer avec le maintien d’une candidate socialiste.

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Roland Ries, à la CUS, découvre les résultats des élections législatives. (Photo David Rodrigues)

Le beau temps, la lassitude, le redécoupage des circonscriptions… Les raisons n’ont pas manqué pour démotiver les électeurs d’aller voter dimanche. Dans le Bas-Rhin, l’abstention s’est finalement établie à 45,59%, l’une des plus basses participations à un scrutin national du département. Elle a même été plus forte à Strasbourg, entre 47 et 49% selon les circonscriptions.

Mais si on exclut les électeurs qui ne se sont pas prononcés, l’autre fait notable de ce scrutin à Strasbourg est la nette progression de la gauche dans toutes les circonscriptions urbaines. Armand Jung, député PS sortant, termine la soirée avec près de 42% des suffrages, soit une progression de 10 points par rapport à son score de 2007, également grevé par une abstention record à l’époque. Il a notamment pu compter sur le renfort de Hautepierre à la suite du redécoupage de la circonscription en 2010, le quartier a voté à 55% pour lui en moyenne. Il a plus de 4000 voix d’avance sur sa rivale de droite, Anne Hulné, ce qui lui assure la victoire dimanche 17 juin, car c’est plus que les reports possibles des autres candidats de droite, dont le FN.

Anne Hulné n’est pas découragée pour autant :

« J’avais calculé 22%, donc avec 28%, je suis très contente. En plus, sur certains bureaux je suis en tête. Certaines personnes sur le terrain m’ont affirmé qu’elles voteraient pour la gauche au premier tour mais que si j’étais qualifiée, elles voteraient ensuite pour moi. Il faut qu’au second tour, j’arrive à rassembler plus d’électeurs. Je suis prête pour cette campagne, ludique et enthousiasmante. »

Sandra Regol, qui faisait ses premières armes en politique sous la bannière d’Europe-Ecologie – Les Verts, est aussi satisfaite de ses 6,63% :

Pour Josiane Nervi-Gasparini, candidate du Front de gauche et qui a rassemblé 7,04%, si la mobilisation a été faible, c’est parce que la campagne a été atone :


(Vidéo : Anthony Bonhomme – G&Y)

Le socialiste Philippe Bies en tête dans la deuxième circonscription

La prise de la deuxième circonscription par la gauche semble se confirmer au soir du premier tour, une performance notable pour le socialiste Philippe Bies, adjoint au maire de Strasbourg, dans cette circonscription tenue par la droite depuis 1958. Jean-Philippe Maurer, le député UMP sortant, accuse 1300 voix de retard sur son concurrent alors qu’en 2007, il l’avait emporté avec 681 voix d’avance. L’ajout de la ville d’Illkirch-Graffenstaden à cette circonscription n’a donc pas gêné Philippe Bies, contrairement à ce qu’il craignait. La ville, qui a majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy en mai, a voté Maurer dimanche mais avec une très courte majorité (440 voix).

André Reichardt, responsable de l’UMP dans le Bas-Rhin, n’est pas impressionné :

« Maurer-Bies, c’est le même duel qu’aux Législatives de 2007. Sauf que Philippe Bies bénéficie de la dynamique nationale évidemment, qui ratifie le choix de la Présidentielle. Et puis, le candidat socialiste a aussi gagné quatre ans d’ancrage sur le terrain en qualité d’adjoint au maire. Mais pour moi, rien n’est joué, Jean-Philippe Maurer, qui est aussi très bien ancré dans la circonscription, peut encore l’emporter ! »

Philippe Bies peut compter sur le report des voix d’Eric Schultz, le candidat écologiste, qui a réalisé le score 6,10%. Mais le Front national va s’inviter dans cette élection, Xavier Codderens ayant obtenu 12,41%, soit 4611 voix.

La surprise Buchmann dans la troisième circonscription

Si l’arrivée en tête de Philippe Bies était attendue, le bon score d’Andrée Buchmann dans la troisième circonscription a été une surprise. L’élue écologiste a terminé la soirée à moins de 500 voix d’écart du député sortant André Schneider (UMP), que les observateurs pensaient pourtant indétrônable. A l’analyse des votes, le redécoupage a clairement avantagé André Schneider, qui aurait été en seconde place sans l’ajout de Souffelweyersheim et de Reichstett à sa circonscription. Andrée Buchmann est en tête à Schiltigheim, Bischheim et même dans les quartiers du nord de Strasbourg (dont la Robertsau). Alors que personne à gauche n’y croyait, la question du basculement de cette circonscription se pose avec plus d’acuité.

Même Jacques Fernique, responsable des écologistes en Alsace, a du mal à cacher sa surprise:


(Vidéo : Anthony Bonhomme – G&Y)

Pour le maire de Strasbourg, Roland Ries, ces résultats sont très encourageants, même s’il préférerait que le PS puisse gouverner seul :

L’Alsace toujours à droite

Cette poussée de la gauche est invisible à l’échelle de l’Alsace, où les candidats de droite sont tous arrivés en tête dans les autres circonscriptions. Sur l’ensemble de la région, l’UMP a emporté 39,08% des voix, presqu’un électeur sur deux… Le FN est la deuxième force politique avec 17,39% des voix, puis vient le PS avec 16,95% et les écologistes avec 7,94%. Mais la droite a peiné à mobiliser. Ainsi, dans la quatrième circonscription, Yves Bur avait été élu député dès le premier tour en 2002 et en 2007 mais cette fois, Sophie Rorhfritsch, doit composer avec la socialiste Nadine Soccio pour un second tour :


(Vidéo : Anthony Bonhomme – G&Y)

Dans la sixième circonscription, Laurent Furst (UMP) est élu au premier tour. Dans la cinquième, Antoine Herth rate l’élection d’à peine 300 voix. La droite s’offre même le luxe d’un combat interne dans la 9e circonscription où le « dissident » maire d’Haguenau, Claude Sturni arrive en tête (29,86%) devant la candidate investie par l’UMP, Nicole Thomas (25,32%). Il sera intéressant d’observer les prises de position des élus UMP durant cette semaine sur le candidat à soutenir. La jeune Clarisse Chabod (PS), elle, ne peut pas se maintenir.


#Législatives 2012

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