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La Coop dans l’attente d’un nouveau plan social

Les salariés du groupe Coop affectés au réseau de proximité sont inquiets : un nouveau plan social se profile et devrait être annoncé aux partenaires sociaux début 2013. Selon la direction, les nouveaux horaires et les accords avec Casino commencent à produire leurs effets mais selon Force Ouvrière, le démantèlement du groupe en plusieurs sociétés a fragilisé les magasins Coop.

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Une enseigne d'un supermarché Coop à Strasbourg (Photo PF / Rue89 Strasbourg)

La restructuration du groupe Coop se poursuit et comme il était à craindre, la situation est contrastée selon qu’on regarde du côté des hypermarchés, vendus à Leclerc, ou du côté du réseau de proximité, rapproché de Casino. Pour les premiers, qui ont bénéficié d’un apport d’argent frais de 15 millions d’euros lors de la vente à Edouard Leclerc de 34% des parts de la société Hypercoop et de 60% des murs, la situation est sereine.

Le nouveau directeur opérationnel Laurent Leclercq bénéficie du soutien organisationnel et promotionnel du groupe Leclerc et des emplacements avantageux de ses hypermarchés. Hypercoop compte aujourd’hui autour de 1 800 salariés en Alsace. Son quartier général a été installé dans les locaux historiques de la Coop au Port-du-Rhin à Strasbourg, ce qui a eu pour effet d’en faire partir les salariés des autres filiales.

Séparation stricte entre hypermarchés et supermarchés

Car désormais, la séparation stricte est de rigueur entre les différentes filiales. Les salariés d’Union des coopérateurs d’Alsace (UCA) et ceux de la future Coop magasins de proximité (CMP) ont été transférés à Reichstett et pour eux, la situation est nettement plus préoccupante. Malgré la restructuration de la dette, malgré le rapprochement avec Casino et malgré le plan de relance du président Christian Duvillet, un nouveau plan social devrait frapper ce millier de salariés début 2013. Les modalités n’ont pas encore été arrêtées, comme le précise Christian Duvillet :

« Je réfléchis encore aux moyens de poursuivre la restructuration du groupe sans licenciement, sur la base de départs volontaires. Mais il reste encore bien des efforts à faire pour sauver le réseau des 144 magasins de proximité. J’essaie d’en garder le maximum et d’opérer les basculements vers des magasins aux ouvertures plus étendues le plus vite possible. On a opéré beaucoup de changements en peu de temps déjà, il faut compter avec les habitudes de la maison et les rigidités. »

Et parmi les « rigidités », la volonté des syndicats de garder au groupe son intégrité. Ces derniers ont découvert à l’occasion de la préparation des cadeaux de fin d’année du comité d’entreprise au personnel qu’il leur était désormais impossible de faire valoir des bons d’achats Coop dans les hypermarchés. Laurent Hobel, délégué Force ouvrière au comité central d’entreprise du groupe Coop, détaille la situation :

« On assiste impuissants à la vente à la découpe du groupe Coop. On voit Hypercoop s’éloigner de nous, on nous explique que les collègues des hypermarchés ne sont plus des collègues. On nous a retiré nos badges d’accès aux bureaux du Port-du-Rhin… Nous travaillons actuellement pour que soit reconnue pour toutes les filiales du groupe Coop une « unité économique et sociale », afin de garder les passerelles qui ont permis au groupe de maintenir le réseau de proximité.

Mais ni la direction ni Leclerc ne veulent en entendre parler. On a un chiffre d’affaires en baisse de 20% et on est laissés dans le flou sur notre avenir. Pendant ce temps, la direction dépense 4 à 5 millions d’euros en cabinets de consultants rien que pour l’année 2012, et on nous demande de faire des économies partout pour améliorer la rentabilité. Et tout ceci se déroule dans un climat de défiance extrêmement pesant. »

A Reichstett, « une sale ambiance »

Pour Liliane Richert, secrétaire du comité central d’entreprise et élue CFDT, les incertitudes sur l’avenir mine le moral des salariés :

« Sans aucune précision de la direction, tout le monde spécule sur l’ampleur du plan social à venir. Peut-être 300 personnes ? On sait que les services les plus touchés seront la logistique, la boucherie, l’administration… mais rien de plus. Tout juste peut-on espérer que le futur plan social sera mieux ficelé que le précédent. Du coup, il y a vraiment une sale ambiance, d’autant qu’il faut refaire des élections aux comités d’entreprises, car la situation actuelle est inextricable. »

De son côté, Christian Duvillet affirme qu’il ne fait que mettre en application le plan qu’il avait annoncé :

« L’étanchéité entre les filiales est une nécessité pour l’exercice normal de la concurrence, faute de quoi nous risquerions des poursuites pour entente illégale. Les informations ne doivent pas circuler, les managers ne doivent pas être les mêmes, etc. Je ne comprends pas pourquoi des syndicats s’en étonnent maintenant…

Demander le maintien d’une unité économique est sociale, c’est regarder dans le rétroviseur. Ce n’est plus possible. Quant aux premiers résultats, ils sont encourageants : nous avons une quinzaine de magasins de proximité qui ont retrouvé une comptabilité positive, onze proposent de nouveaux horaires notamment à Strasbourg et nous avons formé l’ensemble de nos responsables d’enseignes. Au final, je suis plus serein sur l’avenir du réseau de proximité aujourd’hui que je ne l’étais il y a trois mois. »

Néanmoins, le mandat ad-hoc a été prolongé à l’Union des coopérateurs d’Alsace, signe de la fragilité de la situation.


#Christian Duvillet

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