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La cathédrale de Strasbourg en 3D relief sur Arte

Le projet est ambitieux. Il sommeillait dans les cartons depuis plus de 3 ans. Le défi des bâtisseurs, un film entièrement réalisé en 3D relief, sera diffusé le 15 décembre sur Arte. En France et en Allemagne, les téléspectateurs munis d’un poste de télévision adapté pourront le regarder sur un canal temporaire, loué par la chaîne pour l’occasion.

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La cathédrale de Strasbourg, encore en pleine construction

Le 15 décembre, à 20h45, un documentaire-fiction d’une durée d’une heure et demi sera diffusé en simultané sur la chaîne franco-allemande et sur un canal 3D temporaire. En France, les abonnés d’Orange et de Numericable n’auront qu’à se brancher sur le canal dédié au 3D pour y voir le programme. En Allemagne, ce sera le canal Astra. Pour les moins chanceux qui se contenteront de la traditionnelle 2D (deux dimensions), il suffira de mettre Arte. Une fois devant votre écran, pas la peine de chercher d’acteur ou d’actrice vedette. La star de la soirée, ce sera la cathédrale de Strasbourg. Tout ou presque tournera autour de l’édifice vieux de six siècles.

La bande annonce

Cédric Bonin, le producteur est strasbourgeois. En 2008, pour une exposition consacrée à l’art et l’architecture de la ville au XVème siècle, l’oeuvre Notre-Dame lui commande une vidéo.
Pendant le tournage, son équipe filme avec une caméra attachée à une boule de lumière tous les recoins de Notre-Dame. A force de se promener à sa guise dans des endroits parfois interdits au public, l’idée de revenir y tourner un film lui vient en tête. A cette époque, les travaux de la flèche ainsi que la modélisation 3D de la cathédrale sont en passe d’être terminés. C’est « maintenant ou jamais ». Quand il soumet le projet à Marc Jampolsky, le réalisateur n’hésite pas une seconde:

« Je suis dans le documentaire depuis 20 ans. Je travaille principalement sur la science, l’archéologie et la reconstitution. Les films qui retracent l’Histoire ou la science me passionnent. Celui-ci rassemble tous mes centres d’intérêt. »

Il se lance lui aussi dans l’aventure début 2009. Le 3D relief est encore réservé aux blockbusters, type Avatar, mais la cathédrale de Strasbourg, avec son architecture gothique, se prête parfaitement à cette technologie. En France, cette dernière n’en est qu’à son stade expérimental mais elle commence à s’imposer.

Une histoire mouvementée, souvent insoupçonnée

Comment en est-on arrivé là ? Comment a-t-on fait pour mettre en oeuvre un édifice de cette envergure en trois siècles, de 1048 à 1439, qui restera pendant plus de deux siècles, le plus haut du monde ? Pour trouver les réponses à ces questions que tout Strasbourgeois a déjà pu se poser, le réalisateur et scénariste passe plus de deux ans à se documenter sur le l’édifice. C’est l’Oeuvre Notre Dame, l’institution chargée de garder toutes les archives concernant la cathédrale, qui l’accueille pour ses recherches. Ce sont les relevés de comptes et les lettres qui lui donnent le plus de renseignements. Marc Jampolsky confie:

« Pour créer une histoire autour de cette cathédrale, il fallait absolument l’étudier, il a fallu se pencher sur le contexte historique et politique de sa construction. Quand on la regarde comme ça, on a tendance à croire qu’elle a été imaginée par un seul maître d’oeuvre, mais ils sont plusieurs à s’être succédés. Elle est le fruit d’un tas d’intrigues, de problèmes politiques, de soucis financiers. La guerre de Cent ans, la peste et un incendie ont interrompu sa construction. A la regarder, on n’imagine rien de tout ça. C’est, entre autres, ce qui lui donne un caractère assez miraculeux ! »

Le projet ne se limite pas au simple documentaire, il raconte à travers une fiction le parcours des cinq principaux architectes qui ont oeuvré à la construction de l’édifice.

Erwin Von Steinbach (joué ici par Xavier Boulanger), le plus connu des architectes de la cathédrale de Strasbourg (Doc remis)

Pourquoi la cathédrale de Strasbourg ?

Tourner à Notre-Dame, c’est d’abord un choix du coeur pour le producteur et sa société basés à Strasbourg, mais les arguments pratiques ont aussi leur importance :

« L’Oeuvre Notre Dame est la plus vieille institution de ce type, ce qui nous permet de reconstituer l’Histoire avec une précision quasi scientifique. A la Révolution, beaucoup d’édifices religieux ont été pillés. A Strasbourg, ça a été l’inverse. La cathédrale est devenue une oeuvre civile et ce sont les bourgeois qui l’ont protégé même si l’évêque avait son mot à dire.  »

Pareil du côté historique, pour Cédric Bonin il n’était pas question d’envisager le tournage ailleurs :

« C’est resté pendant 2 siècles le plus haut bâtiment de la chrétienté. Seule la pyramide de Kheops le dépassait de quelques mètres avant que la flèche ne soit construite. La prouesse architecturale était vertigineuse. On savait dès le départ que ça pouvait devenir un film super intéressant. »

 

Innovations technologiques à toutes les étapes

Le transmédia, c’est à dire la diffusion du film sur plusieurs supports, est indispensable selon le réalisateur :

« Le but avec ce documentaire, c’est d’apporter un regard nouveau sur la cathédrale. On se doit d’être diffusés sur plusieurs supports, ce sera le cas avec l’application pour téléphones mobiles qui sera mise en place. Pour ce qui est de la 3D relief, c’est une technique contraignante mais qui vaut le coup. Tourner avec deux caméras l’une sur l’autre nous a obligé à garder un rythme beaucoup plus lent que d’habitude pour le tournage, et donc un regard plus aiguisé sur notre travail. On avait parfois l’impression de tourner avec un frigidaire ! Mais quand on voit le résultat à l’écran, c’est absolument génial. On se prête à quelque chose de physique. On arrive presque à restituer le vertige ressenti … »

Hormis les scènes moyenâgeuses tournées à l’Écomusée, tout se passe à la cathédrale. Pour être en phase avec l’époque, il a parfois fallu amener des cochons et de la paille :

« On a bien perturbé les responsables du lieu pendant ces quelques mois. On a passé notre temps à grimper partout et à passer un ballon dirigeable au dessus de la cathédrale. »

La cathédrale comme vous ne l’avez jamais vue, c’est sur Arte le 15 décembre à 20h35. Après sa diffusion à la télévision, le docu-fiction sera programmé dans plusieurs salles alsaciennes de cinéma. Des cinémas à Sélestat, Altkirch et Saverne ont déjà confirmé qu’ils diffuseraient le film. Pour l’instant, les curieux peuvent toujours aller sur le site du webdoc, car internet est un autre support important de ce projet transmédia. On y lit que pour participer à cette expérience, « [avoir vu] le film de Marc Jampolsky n’est pas un préalable obligatoire ». Sur le site, les visiteurs pourront manipuler des plans anciens, des représentations 3D de l’édifice. A la manière d’un jeu vidéo, ils se glisseront dans la peau des héros du documentaire en relevant le défi des bâtisseurs.

 

 


#Arte

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