En portant le nom alsacien du coucou, le festival Kuckuck à Bouxwiller affirme son goût pour la musique et l’irrespect des conventions. L’événement est l’héritier de Hören. Cette programmation de musiques expérimentales, menée par Olivier Meyer avec l’association In(d)ex et le directeur du théâtre du Marché aux grains Vidal Bini, s’est intensifiée et diversifiée avec Kuckuck. Trois jours de programmation ont survécu aux contraintes sanitaires : vendredi 16, samedi 17 et dimanche 18 octobre.
Partir à l’aventure artistique
Le maitre-mot du festival Kuckuck est l’expérimentation. En appréhendant l’art comme une matière vivante, les artistes cherchent à le faire évoluer, avec tout ce que cela suppose d’imprévisibilité. La programmation mélange expériences chorégraphiques, expositions vivantes, recherches musicales et performances cinématographiques.
Ce week-end de trois jours est né d’un remaniement du festival originalement prévu au printemps. Tous les artistes n’ayant pas pu décaler, certains ont été reprogrammés au sein de la programmation du théâtre du Marché aux grains. La programmation, fragmentée, est néanmoins foisonnante. Elle s’ouvre dans le musée du Pays de Hanau, qui accueille une exposition de dessins de Johanny Melloul ainsi que les installations vidéos immersives de Silvi Simon.
En cherchant du côté de l’hybridation, les artistes du festival aboutissent à des créations singulières. Avec Grains Céline Larrère a étudié les gestes quotidiens d’un horticulteur. En effectuant ce travail, au contact de la terre et des végétaux, elle a pu tirer avec sa compagnie Morula une œuvre de danse contemporaine, entre les champs et l’improvisation. Le spectacle se déroulera sur son lieu d’élaboration, chez l’horticulteur Jean Becker à Ingwiller. Certains événements se dérouleront quant à eux dans l’église protestante de Bouxwiller. Ce sera notamment le cas d’un dispositif live travaillant la musicalité du vent et de la tempête.
La convivialité relie les arts et les publics
La configuration de Kuckuck est pensée pour favoriser le contact. Les artistes sont accessibles et se mélangent au public entre leurs permanences. Les événements, avec des jauges réduites, sont intimistes et permettent de s’immerger dans les rituels artistiques. La salle Christiane Stroë, d’ordinaire déjà limitée en nombre de places, ne peut plus accueillir qu’une cinquantaine de spectateurs.
Cette situation favorise néanmoins la circulation des publics, entre les différents lieux, et pousse à la curiosité. Le festival habite autant les bâtiments que les espaces extérieurs. L’exposition Dédoublement fluidique notamment propose de partir explorer toute la ville. Kuckuck se donne pour mission d’offrir à son territoire la diffusion de spectacles et d’œuvres qui, sans cela, n’y trouveraient aucun écho. Cette démarche d’accessibilité et de démocratisation culturelle est un point fort du festival.
Avec le contexte sanitaire, la chaleur humaine a néanmoins subi quelques revers. Il n’y aura pas de restauration sur place contrairement aux autres années, même si un espace pique-nique est prévu. Le festival qui encourageait beaucoup le covoiturage, que ce soit pour se rendre à Bouxwiller ou pour naviguer entre les différents lieux de spectacles, ne peut plus promouvoir ce déplacement.
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