22, v’la les filcs !
Sur les routes, plusieurs contrôles de police. On constate que dans la même journée, il est possible de se faire arrêter par trois policiers différents… Alors soit personne ne passe jamais pas ces petites routes en Bosnie, soit ils cherchent un curieux engin blanc au nez jaune, conduit par deux personnes au profil occidental.
Et puis on évite de peu une amende car on n’a pas mis nos feux de circulation… « Euh, oui, mais il est midi et il fait grand soleil. » En fait, c’est dans le code de la route du coin, donc on range nos jérémiades et on s’apprête à gentiment payer. Sauf que comme on quitte le pays, on vient de dépenser tous nos Dinars en soupes lyophilisées et autres mets gourmets pour nos folles soirées en Bulli. On propose de payer en euros. Ça énerve le bonhomme à képi qui nous laisse filer. Et maintenant, ben on met tout le temps nos feux, dans le doute. Il arrive même qu’on les oublie à l’arrêt. C’est un risque à prendre…
Plus près de toi mon Dieu
Nous quittons la Roumanie pour la Serbie et arrivons dans la vallée de la Drina, au vieux monastère orthodoxe de Tronosa. A l’orée de la forêt, nous installons le Bulli pour y passer une sainte nuit. Aux aurores, prêts pour la liturgie dominicale que nous avons suivie… pendant deux heures, et en serbe (si, si) !
Les fidèles étaient assez surpris de découvrir deux petits nouveaux dans l’assemblée. Ici, après l’office, on se retrouve autour d’une table, à dix heures du matin, et on partage un café, de l’eau froide avec un sucre dedans et… de la gnôle locale ! Convivialité oblige, on s’installe à table.
Un homme nous parle de Français installés à quelques kilomètres. Nous n’avons pas le choix : il veut absolument nous y emmener. Politesse oblige, on finit de tourner notre sujet avec l’abbé Nikolai Archimède et nous voilà partis avec deux nos deux indics serbes vers des compatriotes exilés. Lui est serbe, parfaitement francophone, se dit « nationaliste, mais en bien ». Elle est française. Il cite « Dieudo », qui explique bien combien il est difficile d’être victime d’un complot international… contre les Serbes. « Mladic est un héros : il n’a fait que défendre son peuple. Les victimes de Srebrenica étaient principalement des combattants bosniaques qui ont refusé de se rendre, mais personne ne le dit ».
Finalement, on finit l’après-midi en s’envoyant des côtelettes grillées et on se retrouve à parler de Pierre Rabhi ! Ca ressemblait à un dimanche en famille où il y a toujours des sujets à ne pas trop aborder, mais où on passe quand même un bon moment.
Chambre avec vue… à Srebrenica
Le chauffage du Bulli a définitivement rendu l’âme. Or les précipitations sur les Balkans ne sont pas terminées et les températures sont plutôt basses. On ressort les couvertures de survie pour rouler, tout l’air froid du dehors est directement envoyé à l’intérieur du combi.
Glacés par ces courants d’air, nous décidons de passer la nuit au sec et au chaud…
Premier motel du périple… à Srebrenica !
Les lieux sont vides et on nous accorde la première chambre du premier étage : la 101. Nous ne croisons personne, le parking est désert et les lieux respirent la tristesse. La ville semble abandonnée. Quelques chiens errants viennent renifler le Bulli et dormir sous ses roues.
On sillonne les montagnes bosniaques… qui ressemblent étrangement aux vallées helvétiques. Petite nostalgie d’expatriés ou drôle de coïncidence ?
Vaille que vaille, vieux combi !
Les boîtes de conserve mal calées sous le lit roulent à chaque tournant un peu trop brusque. L’atlas routier est tout écorné et certaines pages sont déchirées à force de les manipuler en conduisant. Les joints du Bulli suintent à chaque rosée, ça goutte à l’intérieur. Le rétro droit rend doucement l’âme… Mais tout va, on avance ! Départ pour une nouvelle semaine, à Sarajevo.
Aller plus loin
Sur Rue89 Strasbourg : les carnets du Bulli Tour
Chargement des commentaires…