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Journal de rase campagne (9) : Elkouby-Copé, les candidats regardent ailleurs

J-2 semaines avant le premier tour des élections municipales à Strasbourg. Un 5ème sondage vient bousculer le maire sortant Roland Ries (PS), obligé de jouer l’apaisement dans son camp après la mini-affaire Elkouby. Fabienne Keller (UMP), elle, a fait le plein en meeting mercredi, aux côtés d’un Jean-François Copé soupçonné de favoritisme. Après les signatures Anticor et Transparency, l’éthique des candidats serait-elle en toc ?

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François Fillon, Jean-François Copé et Jean-Pierre Raffarin venus soutenir Fabienne Keller en meeting à Strasbourg mercredi 5 mars 2014 (Photo Marion Wendling)

1 – Affaires Elkouby et Copé : Roland Ries (PS) et Fabienne Keller (UMP) regardent ailleurs

Rude pour ces chantres de l’éthique en politique. L’une a signé la charte Anticor, l’autre les 5 engagements de Transparency international France. L’une a reçu cette semaine Jean-François Copé, président de l’UMP venue la soutenir en meeting, alors qu’il baigne depuis quelques semaines dans les affres d’une nouvelle « affaire ». L’autre a dû renouveler publiquement sa confiance à Eric Elkouby, son adjoint des quartiers ouest et suppléant du député Armand Jung, soupçonné dans une note des services de la CUS d’avoir signé un acte sans en avoir le droit à des fins électoralistes.

Fabienne Keller (UMP) et Roland Ries (PS) font mine de regarder ailleurs. Ou plutôt, dans le jardin l’un de l’autre. Ainsi, le Mouvement des jeunes socialistes n’a pas raté l’occasion de taper sur la droite. Morceaux choisis du communiqué MJS daté du 4 mars :

« Inséparables depuis leur victoire ex-aequo à la présidence de l’UMP, François Fillon et Jean-François Copé sont deux curieux témoins de moralité et d’éthique pour soutenir Fabienne Keller à Strasbourg. Celui qui a été consacré par la COCOE nous prouve, depuis les révélations du Point, que l’Hydre UMP ne se remet pas du mal qui la ronge.

Avec la stratégie droitière initiée par Nicolas Sarkozy en 2002, l’UMP s’embourbe entre scandales financiers et insultes aux Français. Nous tenons ici à rappeler les propos [tels que] « les minables à moins de 5000€ par mois » pour J-F. Copé ou le fait de qualifier de « parfaitement naturel » le résultat du référendum suisse visant à réduire le nombre d’étrangers sur son territoire pour F. Fillon, qui corrobore ainsi les dérapages de cette droite extrême. »

Et d’être allés distribuer des pains au chocolat devant le lieu où s’est tenu le meeting. La veille, deux colistiers de Fabienne Keller, Pascal Mangin et Geoffroy Lebold n’avaient, quant à eux, pas manqué de s’exprimer sur le cas Elkouby. Extraits d’un communiqué en date du 3 mars :

« Vingt-quatre heures après l’attestation de moralité apportée par Chantal Cutajar à Roland Ries, nous avons découvert avec stupéfaction les nouveaux agissements de l’un de ses adjoints, Eric Elkouby, qui n’en est malheureusement pas à sa première incartade. Ce dernier aurait signé, en pleine période électorale, un avenant à une convention d’occupation de locaux d’une association. Il ne disposait d’aucune délégation de signature pour prendre cette décision. Cette initiative, si elle est confirmée, relève d’une forme de clientélisme électoral. (…)

Ces révélations sont implacables et démontrent que le maire PS sortant en personne était informé. Mais comme à chaque fois qu’il est confronté à de telles questions, le candidat socialiste préfère étouffer cette affaire qui pourrait tout de même coûter jusqu’à 800 000€ aux strasbourgeois(e)s. Mieux encore, alors que de légitimes questions se posent, il renouvelle sa confiance à son adjoint en le plaçant en 15ème position sur la liste. »

Dans l’entourage de Roland Ries, les versions de cette affaire varient au gré des affiliations à tel ou tel coterie. Même si tout le monde s’accorde à dire que la réaction du maire – étouffer le scandale et serrer les rangs – était la seule envisageable pour sauver les meubles à trois semaines du scrutin. À l’origine de la fuite, le service des cultes ou un élu socialiste rival d’Éric Elkouby ? « Seul le maire sait vraiment ce qui s’est passé », glisse-t-on.

Les affaires Copé et Elkouby sont bien différentes. Néanmoins, on craint dans les états-majors qu’elles n’aient « un effet dévastateur dans l’électorat ». « C’est ça, plus ça, plus ça… » s’inquiète un socialiste dans l’entourage du maire. Et ce n’est pas une charte signée en pleine campagne qui va en rassurer beaucoup.

2 – François Loos, Tuncer Saglamer et Armand Tenesso ont eu la même (mauvaise) idée

François Loos et Tuncer Saglamer ont fait le service samedi 8 mars au restaurant d’insertion Mosaïque (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

Samedi midi, restaurant d’insertion Mosaïque au Neuhof. Ambiance festive, tablées bondées et discussions politiques. Annick Neff, adjointe PS de quartier et colistière de Roland Ries, Jean-Philippe Maurer, conseiller général UMP et colistier de Fabienne Keller sont présents, ainsi qu’un très grand nombre de colistiers de François Loos (UDI) et Tuncer Saglamer (MCS). Et pour cause, à l’occasion de la journée des droits des femmes, ces deux têtes de listes font le service, de même qu’Armand Tenesso, qui mène depuis quelques jours la liste à laquelle participent aussi Dominique Bézu et Jean-Paul Leonhardt (UDF).

Nœud pap’ et tablier, carnet de commande et sourire accroché au visage, les candidats à la mairie de Strasbourg naviguent d’une table à l’autre. Les clients trouvent cela charmant, mais quel est le message ? Le chef de file du Mouvement citoyen de Strasbourg explique :

« Aujourd’hui, nous servons nos femmes. Cette fête est symbolique, c’est un événement spécial. Nos femmes sont dans notre cœur toute l’année, mais les servir aujourd’hui, c’est une façon de leur dire qu’elles sont très importantes pour nous. »

Vous nous servez 364 jours par an, on peut bien vous rendre la pareille une fois dans l’année ? « Non, non, tempère Pascale Jurdant-Pfeiffer, conseillère générale du quartier et colistière de François Loos. Aujourd’hui, c’est plutôt amusant. C’est du folklore. Notre message, c’est plutôt de dire aux femmes de ce quartier, qui sont souvent en grande difficulté, qu’on est à leurs côtés, que si nous sommes élus, nous veillerons à leur accès à l’emploi. »

Alors que Roland Ries dansait au même moment avec ses colistiers place Kléber, on glisse que le ridicule ne tue pas. « La preuve », clôt François Loos.

3 – Programmes, la suite (et presque la fin)

A lire : Roland Ries veut du « crédible, Tuncer Saglamer faire rêver

4 – L’accord PS – EELV est en marche

Les états-majors socialistes et écologistes se sont déjà rencontrés plusieurs fois pour préparer l’union de second tour, même si, note un colistier EELV, le processus est un peu en panne depuis que la tête de liste EELV Alain Jund a reproché à l’équipe socialiste de ne pas l’avoir invité à l’ouverture partielle du parc du Heyritz il y a 10 jours.

État des discussions : le nombre de colistiers écologistes qui pourraient intégrer la liste de Roland Ries dépendra – sans surprise – des scores respectifs au premier tour, soit entre 5 et 11 personnes environ. Deux pierres d’achoppement pour le moment : le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO) et… Pierre Ozenne, n°9 sur la liste EELV, qui s’est battu contre le projet de tram sur pneu à Kœnigshoffen. Sachant que la n°16, Sandrine Bélier, se verrait bien entrer au conseil municipal de Strasbourg, pas sûr que ce bisbille EELV-PS en soit un très longtemps.

5 – Dix listes au finish, après désistements et fusion

Cette semaine, Tonio Gomez du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) a fait savoir qu’il se retirait de la course à la mairie de Strasbourg. Il écrit :

« A ce jour, le NPA n’est pas arrivé à réunir les 65 noms indispensables à la présentation d’une liste aux élections municipales à Strasbourg. Les conditions n’étaient pas réunies pour construire une liste unitaire à gauche de la gauche, indépendante du PS et de ses alliés, et capable de mettre en œuvre une politique qui prenne en compte les préoccupations des travailleurs, des retraités et des jeunes. »

Côté petites listes centristes, celle de Dominique Bézu (Osons Strasbourg au centre) a fusionné avec celle de l’avocat Armand Tenesso (USD – Union sociale démocrate), soutenu par les derniers UDF – ce parti décédé il y a plus de 10 ans – dont Jean-Paul Leonhardt. La liste, rebaptisée « Osons le bon sens en action », est soutenue par Écologie et démocratie, le mouvement de Jean-Luc Bennahmias. Armand Tenesso avait été déclaré inéligible en 2008, faute de présentation de ses comptes de campagne à l’issue des élections législatives de 2007.

Au final, 10 listes (UMP, PS, EELV, UDI, FG, MCS, RBM/FN, POI, USD/UDF et LO) seront présentes au premier tour des élections municipales à Strasbourg dans 15 jours.


#élections municipales 2014

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