1 – La difficile quête de visibilité
Les listes sont bouclées, les programmes dévoilés ou en passe de l’être complètement. Reste à la dizaine de candidats au poste de maire de Strasbourg en lice, dans les 4 prochaines semaines, à écumer la ville pour convaincre les électeurs et à faire le buzz dans les médias et/ou sur les réseaux sociaux. Visibilité et surface médiatique. Pour ce faire, plusieurs stratégies. Alors que chez Roland Ries, on choisit de distiller le programme en 4 étapes et de dévoiler les colistiers manquants au compte-goutte avant la présentation de la liste complète ce dimanche à 15 heures place du Château, chez François Loos, on joue sur divers tableaux. Exemple : des happenings sont organisés en ville chaque samedi (les photos de celui d’hier sur Facebook) et des réunions publiques s’enchaînent avec, de préférence, des élus nationaux en guest.
Cette semaine, Jean-Marie Cavada, eurodéputé et vice-président du Nouveau Centre et de l’UDI, est venu parler d’Europe. Chantal Jouanno, également vice-présidente de l’UDI et sénatrice de Paris, sera aux côtés du candidat centriste le 13 mars, tandis qu’Yves Jego, lui aussi vice-président de l’UDI (mais combien sont-ils ?) et député de Seine et Marne, fera un crochet par Strasbourg le 18 mars. La direction de campagne indique par ailleurs qu’elle est « toujours en attente de nouvelles de l’état de santé de Jean Louis Borloo pour savoir s’il sera en mesure de venir à Strasbourg ou non ».
De parrainage parisien, il en a été question cette semaine pour Jean-Luc Schaffhauser, candidat du Rassemblement Bleu Marine soutenu par le FN. La présidente du Front National, Marine Le Pen a adoubé la liste RBM mercredi, à l’occasion d’une conférence de presse musclée, durant laquelle le candidat à la mairie de Strasbourg a comparé le Rassemblement Bleu Marine au Conseil national de la résistance, établissant un parallèle osé entre le « refus de l’asservissement » des résistants face aux nazis et le « refus de la mondialisation et de l’Union européenne » des mouvements d’extrême droite en France (le qualificatif d’extrême étant proscrit par les cadres du FN nouvelle mouture).
Alors que Roland Ries (PS) a quant à lui précisé qu’il n’était pas à la recherche de « parrainages » nationaux – oubliant un peu vite la venue récente du président de la République François Hollande – sa principale concurrente Fabienne Keller (UMP) recevra Jean-François Copé, François Fillon et Jean-Pierre Raffarin mercredi 5 mars pour un meeting commun. Une aide précieuse pour « reconquérir la métropole alsacienne », comme le qualifie Le Parisien ? Pas sûr, si l’on en croit les récents déboires médiatiques du président de l’UMP. D’ailleurs, une élue socialiste en fait ses choux gras sur Facebook, avec le mot-clé #PauvreFabienne. Rude campagne.
Quête de visibilité toujours avec la présence d’Eva Joly mercredi au local de campagne (après Emmanuelle Cosse il y a quelques semaines), un mini-buzz sur la non-invitation d’Alain Jund à l’inauguration du parc du Heyritz dimanche et une déambulation cycliste des écolos organisée hier samedi, de Neudorf à la gare. Avec coupe-vents vert fluo, svp (voir les photos sur Facebook).
Ou des candidats du Front de gauche mercredi place de l’Homme-de-Fer (photo en haut d’article), déguisés en tickets de tram géants. A l’occasion d’un tractage thématique, le candidat Jean-Claude Val a développé l’un des axes les plus ambitieux de son programme : la gratuité des transports en commun (bus et tram). Pour mettre en œuvre cette mesure, a-t-il expliqué aux passants et aux journalistes, plusieurs pistes parmi lesquelles l’augmentation du versement transport des entreprises, des économies réalisées sur les bornes de paiement ou sur les voiries moins endommagées quand les véhicules seront moins nombreux à les emprunter – conséquence du report modal en cas de gratuité des bus et trams, etc.
2 – Plus écolo que moi…
Cette semaine, le dévoilement des programmes s’est poursuivi. Le « petit » candidat centriste Dominique Bézu a envoyé quotidiennement à la presse une proposition de politique environnementale. Parmi elles, le déménagement du port aux pétroles, la démolition du Centre administratif place de l’Etoile (énergivore) ou la construction d’une autoroute ferroviaire nord-sud.
Pas le seul, Dominique Bézu, sur le créneau. La liste Europe écologie – Les Verts, qui dévoile semaine après semaine son programme pour Strasbourg, a mis l’accent ces derniers jours sur la fermeture des quais aux voitures en expérimentation un dimanche par mois, la généralisation du 30 kilomètres/heure dans la ville [une proposition rejetée par référendum en 2011] ou la réappropriation par les piétons-cyclistes des places des Romains (Kœnigshoffen), de Saint-Pierre-le-Jeune et du Marché-Neuf (centre-ville).
Dans son programme complet dévoilé (enfin) hier samedi 1er mars, Fabienne Keller (UMP) consacre 6 de ses 90 mesures pour Strasbourg à la « ville durable ». Opposant « écologie politique et dogmatique qu’a connu Strasbourg [jusqu’à présent] » à une « écologie citoyenne » incitative et pragmatique, la candidate de droite propose comme presque tous les autres candidats un « grand plan d’économies d’énergies sur les bâtiments publics et privés et une politique d’achat responsable », la « végétalisation de la ville » et le paquet mis sur l’autopartage (comme François Loos notamment) ou « l’accompagnement des citoyens pour développer l’écologie au quotidien » – ce que propose aussi Roland Ries.
Urbanisme de nature et nourricier, prime (sur le papier) à l’équipe Ries
Mais c’est l’équipe autour du maire sortant qui est allée le plus loin vendredi en détaillant sur 5 des 20 pages de son 3ème livret son programme de « ville en nature ». Les idées nouvelles fusent : l’urbanisme, auquel est intégrée la nature dès sa conception, se fait « alimentaire » ou « nourricier », avec « l’intégration dans les cahiers des charges des projets urbains un critère d’espace réservé à l’agriculture urbaine ». Chapeauté par un élu avec une nouvelle compétence, celle de l’alimentation (Françoise Buffet ?), un travail de « recensement de tous les espaces exploitables, espaces verts, pieds d’immeubles, barges flottantes », la poursuite de la politique d’achat de terres agricoles ou la création d’un agro-quartier à la Robertsau ont pour but de développer l’agriculture urbaine.
Autres nouveautés : un guichet unique à la CUS pour les démarches de diagnostic et travaux de rénovation thermique pour les propriétaires privés, des appels à projets de bâtiments à énergie positive (après Elithis, où pourrait être installée la Maison de la nature également évoquée…), un « fonds local pour le climat pour financer des puits de carbone » et « assurer un mécanisme de compensations des émissions inévitables » [ndlr, comme pour le Rallye, cet événement « inévitable » ?], ou encore des bonus financiers « à l’éco-performance des projets ». Exemple: une fête de quartier qui troque ses gobelets jetables contre du lavable qu’il faut… laver.
La présentation de ce 3ème volet a eu lieu vendredi au cœur du parc naturel urbain (PNU) Ill-Bruche, à la Montagne Verte puis à Kœnigshoffen, en présence notamment de l’adjoint de quartier Éric Elkouby. Celui-là même qui pourrait être poursuivi pour « faux en écritures publiques ». Un peau de banane de campagne dont la médiatisation, elle, ne devrait pas être recherchée par l’équipe sortante.
Aller plus loin
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