L’Académie de Strasbourg organise, mercredi 22 juin de 9h à 17h, deux « jobs dating », un au lycée Marcel Rudloff à Hautepierre et l’autre à la Cité administrative Coehorn à Mulhouse, pour « recruter des enseignants bilingues français-allemand en école, collège et lycée ». Cela veut dire que n’importe qui peut se présenter à ces courts entretiens, sans avoir suivi la formation universitaire habituelle pour enseigner. Il faut néanmoins un Bac+3, un niveau d’allemand courant (niveau C1) et « une bonne connaissance des outils bureautiques » pour être embauché selon l’Académie.
La démarche ne plait pas au syndicat FSU Alsace, qui s’insurge dans un communiqué envoyé le 21 juin :
« C’est avec ce type de solution commerciale que l’Éducation nationale compte résoudre la catastrophe qui s’annonce pour la rentrée prochaine. […] Au lieu de s’attaquer aux réelles causes de la crise du recrutement, le gouvernement préfère recruter en masse des personnels contractuels qui seront précaires et non formés !
L’an prochain, les personnels placés devant les élèves sans avoir appris à enseigner seront encore plus nombreux. En plus de dégrader la qualité de l’enseignement dispensé, cette situation met en souffrance les personnels recrutés. »
Au Capes allemand, 83 admissibles pour 215 postes
FSU relève qu’au Capes, 83 personnes étaient admissibles pour 215 postes en allemand. En temps normal, il y a davantage d’admissibles que de personnes embauchées. Ensuite vient une nouvelle étape de sélection : une leçon d’une heure et un oral de 35 minutes.
D’après Valérie Poyet, secrétaire départementale FSU du Haut-Rhin, « cela fait 10 ans que notre académie manque cruellement de profs d’allemand ». Selon elle, au concours 2022 pour devenir enseignant bilingue dans le premier degré (école primaire), il y avait 15 admissibles pour 50 postes.
Valérie Poyet revient sur les causes et les conséquences de ce manque d’effectif :
« Les conditions d’enseignement sont trop dégradées, pour un salaire trop faible. Si un prof d’allemand est absent, c’est impossible de le remplacer aujourd’hui. Il y a donc des inégalités entre les élèves, qui se retrouvent potentiellement pendant plusieurs mois sans profs selon leur établissement. »
La situation est aussi préoccupante pour d’autres matières. Toujours selon FSU, il n’y avait cette année que 816 candidats admissibles au Capes externe de mathématiques pour 1 035 postes, et 60 candidats admissibles pour 134 postes en lettres classiques. Aucun « job dating » n’a encore été annoncé pour ces matières.
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