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Jeux d’images à l’espace international du Ceaac

En ce moment, au Ceaac, il y a plusieurs expositions à découvrir : tout d’abord The Souls, a Twice-Told Tale (second volet des expositions autour de la thématique du « Doppelgänger »). Mais, il y a aussi deux artistes à découvrir au niveau de l’espace international. Vous pouvez découvrir les expositions Parti perdu de Sébastien Gouju et Immanences de Manuela A. Beck jusqu’au 24 mars.

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Sébastien Gouju, vue de l'exposition au Ceaac. © Sébastien Gouju. Photo: CR.

Dans une exposition, il peut être difficile de faire cohabiter des artistes dont les travaux peuvent n’avoir rien en commun. L’espace international du Ceaac a la particularité d’être sur deux étages ce qui nous permet de passer en douceur d’un artiste à l’autre. La fois dernière, ils avaient exposé Dorothy M. Yoon et Mohammed El Mourid, en ce moment ce sont deux autres artistes qui sont présentés.

Manuela A. Beck, vue de l'exposition au Ceaac. © Manuela A. Beck. Photo: CR.

En entrant au rez-de-chaussée de cet espace, j’ai d’abord vu les œuvres de Manuela A. Beck. Cette dernière est une artiste allemande de Friedrichshafen, ville située dans le sud de l’Allemagne. Manuela A. Beck a été en résidence au Ceaac d’octobre à décembre 2012, à la base elle est peintre et dessinatrice. Durant sa résidence strasbourgeoise, l’artiste a expérimenté des procédés de gravure et plus particulièrement l’aquatinte qui est une technique consistant à graver une plaque de métal et qui permet un travail tout en nuances et donne de nombreuses subtilités de tonalités dans le rendu final. Manuela Beck s’est inspirée de son environnement quotidien strasbourgeois pour la réalisation de ses gravures qui ressemblent à des dessins.

Le principe de la technique de la gravure est qu’elle permet de multiplier les épreuves ainsi que le motif : Manuela Beck use de cela et ses motifs se répètent dans les œuvres présentées au Ceaac que ce soit les personnages qu’elle représente ou encore les rosaces créées et directement inspirées par celles qu’elle a vu dans la Cathédrale Notre-Dame se trouvant à Strasbourg. L’atmosphère qui règne dans cet espace est intimiste, il faut s’approcher pour voir les détails, les nuances des personnages et même des rosaces qui apparaissent et disparaissent en un jeu de formes mouvant.

Sébastien Gouju, détail de l'exposition au Ceaac. © Sébastien Gouju. Photo: CR.

Il est aussi question de jeux au premier étage de l’espace international du Ceaac. Sébastien Gouju, qui a été en résidence à Stuttgart de septembre à novembre 2012, joue avec les images et se joue de nous. Quand on entre dans la pièce qu’occupe cet artiste français originaire de Nancy, il est étonnant de se retrouver confronté à des broderies réalisées par un homme. Mais le sujet des broderies mérite plus de s’y attarder que le fait que ce soit un homme qui les a exécutées. En effet, les fleurs brodées (sujet classique) sont en fait toxiques vu que les oiseaux brodés sont tombés à terre, inanimés, mort, empoisonnés peut-être. Les images, les œuvres crées par Sébastien Gouju ne se saisissent pas au premier coup d’œil, il faut y regarder à deux fois pour en capter tous les sens.

Au Ceaac, il recrée une cheminée sur laquelle se trouve un cendrier en cristal rempli de cendres. Au-dessus, vous pourrez voir les broderies dont je vous ai parlé précédemment. En observant les œuvres de Sébastien Gouju, on entre dans un univers fait de faux-semblants : apparemment la cheminée n’est pas en marbre mais est faite de pâte à modeler et le cendrier s’intitule Cendrion et les broderies Les fleurs du mal une façon de revisiter nos contes et écrits classiques sur un mode léger mais questionnant. Que se cache-t-il derrière le marbre ? Que se cache-t-il derrière des apparences qui peuvent se révéler si trompeuses ?

Sébastien Gouju, Parties des cartes, 2013. © Sébastien Gouju. Photo: CR.

Dans l’espace consacré à Sébastien Gouju, il n’y pas que cela à voir mais pour les autres œuvres, l’artiste ne déroge pas à la règle et nous entraîne avec lui dans un univers de faux-semblants où il nous faut jouer à interpréter tous les sens possibles se cachant dans une image. L’artiste nous propose, en jouant avec des codes, de réapprendre à jouer et la joie simple qui peut y être associée: il transforme ainsi des jeux de cartes en les découpant avec des motifs issus entre autres de la broderie classique, à nous de retrouver le motif de la carte que l’on reconnait parfois mais pas toujours facilement. Si vous en avez la possibilité, allez vous confronter à l’œuvre de cet artiste, découvrez-en toutes les subtilités et retrouver cette possibilité de s’amuser avec des images sans se prendre la tête…

Y aller

Ceaac, 7, rue de l’abreuvoir à Strasbourg. 03 88 25 69 70. Ouverture du mercredi au dimanche de 14h à 18h. Entrée libre.


#Ceaac

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