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Jean-Luc Schaffhauser : « Marine Le Pen est la meilleure alliée d’Emmanuel Macron »

L’ancien candidat à la mairie de Strasbourg pour le Front national et ex-eurodéputé projette de regrouper « les oppositions à Emmanuel Macron » pour lui tenir tête en 2022. Il ne retient pas ses critiques envers la patronne du Rassemblement national.

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Loin de quitter la vie politique après la démission de ses mandats locaux, Jean-Luc Schaffhauser se focalise sur « l’essentiel » à savoir « le gouvernement de la France » et donc les élections présidentielles de 2022. Ancienne tête de liste du Front national en 2014 aux élections municipales, il veut s’atteler à réunir « les oppositions » au président Emmanuel Macron et « ne prétend à rien », une formule parfois utilisée en politique… quand on prépare une candidature.

D’habitude plutôt fuyant avec les journalistes, il a cette fois-ci organisé une conférence de presse mercredi pour évoquer ses projets d’avenir.

« Je ne vois pas Marine Le Pen gagner »

Cet ancien proche de Marine Le Pen, aux réseaux multiples, pense que la présidente du parti d’extrême-droite est aujourd’hui dans une impasse :

« Peut-être que je me trompe, mais je ne vois pas Marine Le Pen gagner. Elle n’est pas en rupture. Elle s’est trompée de stratégie et le score des élections européennes en 2019 est plus faible qu’en 2014, dans des conditions pourtant plus favorables. […] L’expérience intime que j’ai de Marine Le Pen est qu’elle n’a pas cette culture du rassemblement. L’arrivée de l’une ou l’autre personnalité n’est pas une ouverture. On dirait que cette alliance objective avec le président lui convient. C’est une rente. »

Jean-Luc Schaffhauser en conférence de presse le 5 septembre

Suite logique de ce raisonnement, il « offre [s]es services » pour créer « une plateforme commune aux oppositions », car « l’union des droites ne forme pas une majorité ». Pour justifier ses « talents de rassembleur », il évoque les « forums d’opposition » en Europe de l’Est où il a participé avant la chute du Mur de Berlin qui regroupaient « des Royalistes jusqu’aux communistes ».

Au Parlement européen lors de son mandat entre 2014 et 2019, il s’est au contraire senti « inutile » à cause de l’étiquette FN : « J’ai déposé plein d’amendements, mais ils ne passaient jamais, il fallait les faire passer par d’autres groupes ».

Deux livres au programme

Pour réussir son entreprise politique, l’homme de 64 ans compte d’abord écrire un livre personnel à la fin de l’année 2019 sur « les conditions d’une rupture », puis un deuxième, « une plateforme programmatique écrite à plusieurs », promet cet ancien centriste qui assure avoir gardé « des amis dispersés, à droite et à gauche ». Il estime néanmoins que le Rassemblement national sera « incontournable », pour un « projet alternatif » avec « une culture de l’État’, mais pas forcément avec sa patronne pour le porter. « Il faut qu’elle change », glisse-t-il.

Jean-Luc Schaffhauser est finalement moins critique avec Emmanuel Macron, qu’il assure avoir connu « bien avant qu’il soit connu » :

« Emmanuel Macron est lucide, mais il n’a pas les moyens de mener sa politique. Il n’a pas engagé de réformes structurelles, à ce sujet les retraites seront un test. Il a essayé d’avoir un budget européen, mais ne l’a pas obtenu. Donc sa politique mène à une désindustrialisation. Nous allons vers la faillite. »

En politique étrangère, il salue néanmoins l’invitation de Vladimir Poutine par le président français en marge du G7 ou plus de « pragmatisme » envers le régime syrien. Il qualifie de « très bonne initiative » la visite récente de Virginie Joron, nouvelle eurodéputée et patronne du RN dans le Haut-Rhin, avec une délégation de son parti.

Ancien proche de Marine Le Pen, Jean-Luc Schaffhauser est désormais en froid avec la présidente du RN (photo JFG / Rue89 Strasbourg)

L’ancien eurodéputé vit désormais dans un village du département des Vosges « avec deux bergers allemands » et se rendra toutes les semaines à Paris pour rencontrer des personnalités, parfois par le TGV de Remiremont.

Passation locale dépassionnée

Il a confirmé que son mandat de conseiller municipal à Strasbourg ne l’avait guère passionné. « J’ai été parachuté car la tête de liste choisie par le Front national faisait défaut. » « J’ai toujours voté pour le service public, pour la régie et contre les privatisations », ajoute-t-il tout de même, bien qu’il ait aussi appelé à plus d’économies de fonctionnement à plusieurs reprises.

Quant à certaines de ses sorties virulentes contre les migrants, les habitants des quartiers populaires ou des associations de défense des homosexuels qui ont secoué l’assemblée municipale et semblent entraver ses desseins d’ouverture vers les oppositions de gauche à Emmnauel Macron, il dit s’être « senti seul à combattre les communautarismes » : « Je respecte les identités, les histoires, les nations les cultures. Quand je suis à l’étranger je m’y conforme. »

Au niveau strasbourgeois, il passe la main à Andrea Didelot, 27 ans et tout juste titulaire d’un diplôme de dentiste. Également libre de tout engagement politique désormais, l’ex-numéro 3 de la liste envisage d’œuvrer à un rassemblement dans le même ordre d’idée, mais « l’heure n’est pas aux candidatures ». Le timing est en revanche plus serré.


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