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Jardiner pour les nuls : préparer la terre pour l’hiver

Jardiner bio à Strasbourg. – Jeunes ou vieux, expérimentés ou non, avec ou sans jardin, tout le monde peut assister gratuitement aux ateliers jardinage du Centre d’initiation à la nature de Bussierre, en lisière de la forêt de la Robertsau à Strasbourg. J’ai assisté au dernier atelier de la saison, consacré à la préparation du sol pour l’hiver. Brrr.

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On se souvient qu’en grande débutante et adepte du jardinage naturel, je ne me suis pas faite que des copains dans mon lotissement de jardins familiaux. Alors, pour afficher une plus grande assurance face à mes voisins « qui plantent droit », j’ai décidé de consolider mes connaissances théoriques et pratiques en assistant aux ateliers jardinage du Centre d’initiation à la nature et à l’environnement (CINE) de Bussierre, à deux pas du château de Pourtalès au nord de Strasbourg.

« À vos binettes » : participatif et gratuit

Depuis 2011, le Centre d’initiation à la nature de Strasbourg – structure unique en son genre dans l’Eurométropole – propose en effet des ateliers participatifs gratuits, étiquetés « à vos binettes » dans le programme annuel (voir le PDF). Ils se déroulent de février à octobre, sur 2 à 3 heures les mercredis après-midi, et permettent à la fois d’entretenir le jardin de Bussierre et de transmettre aux participants (de 4 à 15 personnes par séance) les connaissances de l’animateur nature qui en a la charge : Olivier Gadrat.

Dernier atelier jardinage de l’année au CINE de Bussierre, animé par Olivier Gadrat (Photo MM / Rue89 Strasbourg)

La dernière séance de l’année est peut-être la plus importante en jardinage naturel : il s’agit d’apprendre à préparer son sol pour l’hiver (paillage, semis d’engrais verts), c’est à dire à le protéger et à l’enrichir pendant la saison froide. Alors que les ateliers « taille » sont souvent fréquentés par des hommes – dixit Eric Charton du Club relais jardin et compostage – celui-ci est exclusivement féminin : 8 femmes, de 20 à 70 ans environ, sont venues assister au cours d’Olivier.

Rotation et association des cultures

Autour des carrés du potager, l’animateur explique d’abord le principe de la rotation des cultures d’une année sur l’autre, ainsi que celui de la complémentarité (ou association) des plantes légumières entre elles, « qui se protègent mutuellement et dont les systèmes racinaires et les besoins ne rentrent pas en concurrence ». Il complète :

« Au fur et à mesure de la rotation sur 4 ans, on installe des plantes qui ont de moins en moins d’exigences en terme de richesse du sol et qui puisent peu, comme les carottes, les radis ou les salades. Et puis, quand tel ou tel carré doit à nouveau accueillir des plantes gourmandes en nutriments, on fait une culture d’enrichissement, de pois, de fèves ou de haricots, qui fixent l’azote dans le sol. Ensuite, on peut pailler au fumier et au compost. Mais surtout, avant ou pendant la culture, on ne laisse jamais la terre à nu ! »

Règle numéro 1 pour avoir un sol vivant et riche : pailler, pailler et pailler (Photos MM / Rue89 Strasbourg)

Bonne santé du sol = bonne santé des plantes

Grâce à cette couverture permanente, composée de déchets de jardin (broyat de branches, feuilles mortes, fanes – ci-dessus) ou de paille (ci-dessous), et à ces cultures d’enrichissement, la terre d’Olivier est meuble, foncée (donc riche en matière organique) et capable d’accueillir la faune du sol : verres de terre, qui aèrent naturellement la terre en creusant des galeries, insectes, champignons et bactéries, nécessaires à la bonne santé des plantes, sans produits chimiques ! Mais attention, prévient Olivier :

« Il ne faut jamais retourner cette terre ! Sinon, la microfaune qui vit en profondeur et celle qui vit en surface et a besoin d’oxygène vont mourir. Tout le travail sera à refaire ! Pareil : n’utilisez pas de pelle-bêche : elle tasse le sol ! Utilisez plutôt une fourche-bêche et un croc pour aérer un peu le sol avant de semer, et un râteau pour terminer l’émiettage et niveler la surface… »

Une bonne terre doit être meuble, foncée et humide (Photos MM / Rue89 Strasbourg)

Entre deux échanges, questions-réponses, retours d’expériences, les participantes remontent les manches, aèrent, sèment à la volée (du blé et de la mâche) et recouvrent le sol de deux carrés du jardin. Olivier conseille encore :

« A la fin de l’hiver, coupez ce qui aura poussé, mais laissez les racines dans le sol. Découvrez pendant deux à trois semaines pour réchauffer le sol et arrosez : les graines contenues dans le sol vont germer, c’est ce qu’on appelle le faux-semis – vous faites pousser les mauvaises herbes, en fait. Ne reste plus qu’à ratisser les plantules (qui peuvent rester sur place et sécher au soleil) avant de semer ce que vous voulez. Et surtout, n’oubliez pas de re-pailler derrière ! »

« Nettoyer » son jardin avant l’hiver, c’est priver la faune de gîte et de couvert

Ultimes remarques : pas de couverture à base de résineux (ce qu’on trouve généralement en jardinerie…) qui acidifie le sol, et favoriser les couvertures « tendres et humides qui se décomposent vite », comme l’herbe coupée. De même, il n’est pas nécessaire de couper les fleurs séchées – leurs graines sont un festin de choix pour les oiseaux en hiver, ou de « nettoyer » les massifs, qui constituent de véritable refuge pour la faune par temps froid.

Trois étapes avant l’hiver : décompacter, semer et recouvrir (Photos MM / Rue89 Strasbourg)

Note d’intérêt : l’auteur de l’article est impliquée dans l’association SINE (Strasbourg Initiation Nature Environnement), qui gère le CINE de Bussierre.


#CINE Bussierre

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