Dans son petit appartement du quartier des Contades, Artemile accueille chaleureusement. Aux murs, ses peintures imposantes créent une ambiance sombre. « C’est ici que je peins », explique-t-il en désignant un chevalet simple. À 20 ans, l’étudiant en licence d’arts plastiques est suivi par plus de 17 000 personnes sur Instagram. Les 19, 20 et 21 mai, l’artiste originaire de Colmar expose une sélection de tableaux à la galerie M5 à Strasbourg.
« Je n’ai pas envie de me limiter »
Peinture à l’huile, acrylique, gouache, bombe aérosol, photographie… Artemile touche à tous les supports artistiques :
« Je me cherche encore. Je suis jeune et que je n’ai pas envie de me limiter. Même si on commence à reconnaître mon travail, je sais que c’est encore très varié. J’expérimente. »
Lorsqu’Artemile peint, c’est debout et en musique. Il écoute de tout et aussi du rap français, qu’il traduit en dessin. Sur ses tableaux, les paysages côtoient ses rappeurs préférés dans un style emprunté aux impressionnistes. « J’aime beaucoup Monet et PNL », sourit le jeune homme.
Il a déjà composé des pochettes d’albums pour Dosseh ou La Pépite :
« Quand j’écoute de la musique, c’est comme si j’imaginais des couleurs dans sa tête. C’est exactement ce que j’essaie de retranscrire lorsque je fais une pochette. Et surtout, je veux que mon image parle à tout le monde. »
Symboles du rap, technique de Van Gogh
À la croisée des mondes et des époques, Artemile utilise les visages du rap et les techniques de Van Gogh. Il mélange ses couleurs à même la toile et joue avec la peinture, sa texture, sa transparence, son mouvement. Une vraie matérialité qu’il ne retrouve pas dans le numérique ou la photo.
Artemile a appris à dessiner avant de savoir écrire. Pourtant, ses parents ne sont « pas doués » en art. Au fil de visites au musée et de croquis de dinosaures sur les bancs de l’école, le Colmarien s’initie aux arts plastiques en autodidacte jusqu’à prendre une option au lycée. Dès lors, il sait qu’il veut travailler avec sa passion. Mais pas forcément en tant qu’artiste. Peut-être en tant que prof :
« Je veux pouvoir garder ma liberté de créer quand j’en ai envie, de travailler seulement sur les projets qui m’intéressent. C’est très étrange la créativité, parfois je passe toute la journée à peindre et d’autres fois je n’ai aucune inspiration pendant six mois. Si ça reste ma passion ça ne posera pas de problème. Alors que si je cherche à en vivre, j’ai peur de devoir faire des choses qui ne m’intéressent pas. »
Faire cohabiter les imaginaires
Artemile dit ne pas avoir d’idole. « J’aime les oeuvres, pas forcément les gens derrière », précise-t-il. Sur les réseaux sociaux où il partage son travail, son visage n’apparaît jamais pour que le public se concentre sur ce qu’il peint :
« Pour moi, la peinture, c’est personnel. Je ne pense jamais aux gens qui vont voir ce que je fais. Mon seul but est de faire se rencontrer les mondes. Celui de la peinture peut être un peu élitiste et le rap reste une sous-culture. Les imaginaires sont différents et j’aime les faire cohabiter. »
Pour sa première exposition strasbourgeoise, Artemile tient à attirer un public jeune à travers les réseaux sociaux tout autant qu’un public plus habitué aux galeries d’art.
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