Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

J’ai perdu mon corps: un film d’animation à fleur de peau

Dans J’ai perdu mon corps de Jérémy Clapin, Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes, une main part en quête du reste de son corps, celui d’un jeune homme qui tente de se reconstruire face à un destin qui a mal tourné. Un film sensible, à fleur de peau.

Vidéo

Cet article est en accès libre. Pour soutenir Rue89 Strasbourg, abonnez-vous.


Une main s’échappe, très agile, d’un laboratoire. Elle part à la recherche de son corps comme l’indique le titre du premier long-métrage de Jérémy Clapin, J’ai perdu mon corps. Commence le parcours d’une combattante : une main qui glisse des toits de Paris vers les rails du métro, attaquée, malmenée, mais qui retombe toujours sur ses doigts. Le découpage est haletant, drôle et angoissant à la fois.

Course poursuite singulière sous le métro parisien (Rezo Films)

Une main perdue, une main qui cherche

Pourquoi une main rechercherait son corps ? En parallèle, le spectateur découvre l’histoire de Naoufel, livreur de pizza solitaire, avant qu’il ne perde sa main. Cette main qui grimpe et s’agrippe symbolise le chemin du héros pour recoller les morceaux. Le récit se tisse subtilement entre passé et présent : les séquences d’enfance, dans un noir et blanc gorgé du soleil marocain, font face à des scènes urbaines pluvieuses, à l’ambiance plus rude.

Enfant, Naoufel enregistrait ses parents sur un magnétophone qu’il écoute maintenant en boucle pour essayer de comprendre et d’accepter l’inacceptable : leur disparition. Mais la voix qui fait battre son cœur aujourd’hui est celle de cette fille à l’interphone, qui n’a pas voulu de sa pizza écrabouillée. Naoufel a désormais un but : la retrouver. La quête amoureuse rejoint la quête de sens.  

Dans le long-métrage d’animation J’ai perdu mon corps, la quête amoureuse rejoint la quête de sens. (Rezo Films)

Entre Happy hand, Rubber et Miyazaki

Quand Jérémy Clapin découvre le roman Happy hand de Guillaume Laurant, il est passionné par l’idée de rendre vivante et crédible cette main baladeuse. Il va donc réaliser J’ai perdu mon corps en se revendiquant d’un film dingue comme Rubber, où le réalisateur Quentin Dupieux raconte l’histoire d’un pneu assassin.

Les décors sont plutôt inspirés de l’animation japonaise. Les personnages sont perdus dans un Paris d’ultra moderne solitude, dans le métro ou sur les toits de tours d’immeubles immenses, plus proche des mégapoles asiatiques que des représentations « carte postale » habituelles.

Pour la finesse des sentiments, on pense aussi à des auteurs comme Miyazaki et Takahata. Jérémy Clapin allie habilement les genres, du fantastique à l’intime, sans jamais perdre le spectateur. Sa réussite tient aussi de sa capacité à dessiner un jeune héros fragile, toujours sur la brèche, comme on en voit rarement au cinéma.

Bande annonce de J’ai perdu mon corps (Rezo Films / YouTube)

#cinéma

Activez les notifications pour être alerté des nouveaux articles publiés en lien avec ce sujet.

Voir tous les articles

Autres mots-clés :

Partager
Plus d'options
Quitter la version mobile