Le Pr Israël Nisand, chef du service de gynécologie-obstétrique des hôpitaux de Strasbourg, était l’invité de Léa Salamé ce lundi 9 matin octobre sur France Inter. Contraception, méfiance grandissante vis-à-vis des vaccins, violences faites aux femmes enceintes, pornographie chez les jeunes… Celui qui est aussi président du Collège national des gynécologues et obstétriciens français a lancé quelques signaux d’alarme.
Contraception et vaccins devenus suspects
Depuis 2010, un mouvement de défiance est observé chez les femmes face à la pilule. En sept ans, 10% d’entre elles ont arrêté de la prendre, explique Léa Salamé. Ce que confirme le Pr Nisand :
« On n’a eu en France une propension à utiliser essentiellement la contraception orale, à la distribuer pratiquement sous le comptoir. Or un médicament qui est efficace a des effets adverses et la pilule est remarquablement efficace, les pilules doivent être prescrites après une consultation médicale détaillée. Quand on utilise un médicament à des millions d’exemplaires, on voit apparaître des complications extrêmement rares. »
Même constat de désamour envers les vaccins et même réponse d’Israël Nisand :
« Les Français vivent dans un pays de Cocagne, ils ne veulent plus des vaccins parce qu’ils ne voient plus les maladies ! Il faut convaincre et sanctionner ceux qui propagent des choses fausses sur les vaccins. Ce qui est malheureux, c’est que la France qui a inventé les vaccins est le pays qui en profite le moins : 14% des femmes sont vaccinées contre le cancer du col, là où nos voisins anglais sont à 88%… et du coup ces cancers disparaissent en Angleterre tandis qu’ils augmentent chez nous. »
« J’en ai marre de ce « bashing » contre les gynécologues »
Le Pr Nisand a peu goûté le « livre noir de la gynécologie », qui a recensé des violences faites aux femmes enceintes. Le responsable du Centre médico-chirurgical obstétrique de Schiltigheim tient à rappeler que « 97% des gynécologues obstétriciens font un travail extraordinaire de bien traitance, de gentillesse, de dévouement et de qualité. On est l’un des pays qui a le meilleur résultat en terme de mortalité maternelle. »
Il ne remet pas en question l’existence des violences mais selon lui, il s’agit d’abord d’un problème de moyens alloués aux maternités :
« Des personnels maltraités deviennent maltraitants. Quand un gynécologie a fait cinq césariennes dans sa nuit et qu’il a brancadé lui-même ses patientes, faut pas lui demander d’être gentil au petit matin. »
Alerte sur les ados et la pornographie
Le Pr Nisand est appelé à intervenir dans les lycées et collèges de Strasbourg parce qu’il y a « des fellations collectives dans les toilettes » :
« Mais où ils ont appris ça nos enfants ? Dès 11 ans, 95% des enfants ont déjà été exposés à des images pornographiques. Aucun parent n’a envie que son enfant de 9-10 ans ne devienne accro à ces images. Il est tout à fait possible de s’attaquer à l’industrie lucrative du porno, en exigeant un numéro de carte bancaire dès la première image. »
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