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Invitation au spirituel à Stimultania avec Maïmouna Guerresi

J’ai un peu honte mais pas complètement… Même s’il est vrai que j’ai pris beaucoup de temps pour vous parler de l’exposition « Maïmouna Guerresi – The Mystical Black Body » qui a été inaugurée il y a près de deux mois au pôle de photographie Stimultania. Elle se termine le 16 juin, il reste donc un peu de temps pour découvrir le travail de cette photographe qui nous invite à plonger dans les profondeurs de ses œuvres.

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Vue de l’exposition à Stimultania. Photo: Mario Meter

Vue de l’exposition à Stimultania. Photo: Mario Meter

Maïmouna Guerresi, italienne de naissance, est photographe, sculptrice et vidéaste qui, après maints voyages et rencontres a pris la décision de se convertir à l’Islam. Ceci et sans doute d’autres choses aussi ont influencé son travail. Les photographies de Maïmouna Guerresi sont empruntes de spiritualité, philosophie, de messages de paix et d’une certaine étrangeté. Quand on entre dans l’exposition, on est face à des grandes photographies de personnages, noirs pour la plupart. Très beaux.

Les images que nous donnent à voir l’artiste sont très travaillées : elle pense et réalise les décors en amont qu’il s’agisse des pièces de tissus ou de peintures. Maïmouna Guerresi crée les ambiances qu’elle souhaite pour ses œuvres. Pour certaines de ses photographies par exemple, elle a créé des couvre-chefs en forme de minarets et les a réalisés de toute pièce. Mais, quoiqu’elle fasse ou réalise, elle le fait pour les prises de vue et non pas dans un esprit de réalisation d’une sculpture. Ainsi, les chapeaux en forme de minarets ont servi pour la photo et n’ont pas valeur d’œuvre.

Maïmouna Guerresi, série « Minarets Hats ». © Maïmouna Guerresi

Deux jours avant le vernissage, j’ai pu rencontrer Maïmouna Guerresi, c’est elle qui m’a raconté ce qu’elle créait pour la réalisation de ses photographies : les couvre-chefs en forme de minarets, les costumes des personnages, les peintures des décors, etc. Le thème qu’il lui tient à cœur d’étudier, montrer, développer est celui du corps mystique. La religion musulmane a une très grande influence dans ses œuvres. On a pu le voir avec les minarets mais pas uniquement.

Malgré cela, son œuvre n’est pourtant pas fermée dans un discours qui pourrait être tout-religieux. Fondamentalement humaniste, l’artiste essaie de faire passer un message de paix, une invitation à voir au-delà des apparences et des clichés, à aller au cœur de ce qui est caché et invisible. Les « géants » de l’artiste sont des photographies représentant des hommes et des femmes, en costume, djellaba, sarouel, voile ou autre.

Mais une zone d’ombre se trouve au centre de ces corps, sorte de trou noir cosmique par lequel le regard est happé. Qu’est-ce donc ? Mysticisme religieux ? Invitation à chercher ce qui se trouve au fond ? Possibilité d’imaginer ce que l’on souhaite ? Instant mystérieux et calme dans un monde où tout n’est que symbole et images continues ? Espace réflexif à mi-chemin entre religion et philosophie ?

Maïmouna Guerresi crée des robes qui sont de véritables architectures à la fois monumentales et mystérieuses : à nous de plonger ou non pour essayer d’entrer dans un monde qui peut nous être inconnu. Son travail est un appel à passer du connu à l’inconnu, la femme et l’homme sont au cœur de sa recherche mais aussi et peut-être surtout l’apprentissage : du monde qui nous entoure et de nous-mêmes.

Y aller

Maïmouna Guerresi – The Mystical Black Body. Exposition jusqu’au 16 juin 2013 à Stimultania, 33, rue Kageneck à Strasbourg. Ouvert du mercredi au dimanche de 14h à 18 h 30. Entrée libre.


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