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Sandra Regol : « Derrière l’intervention de la police en AG étudiante, il y a une dérive de l’Université »

Tribune – Pour Sandra Regol, députée écologiste de la première circonscription du Bas-Rhin, l’intervention de la police pour évacuer une assemblée générale étudiante est révélatrice d’une dérive sécuritaire du président de l’Université de Strasbourg Michel Deneken.

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« La récente évacuation d’une assemblée générale étudiante par les forces de l’ordre a posé question bien au-delà de l’Université et de Strasbourg. Je renouvelle mon soutien aux étudiants et rejoins les syndicats, étudiants et enseignants qui questionnent les choix de la présidence.

Une décision inexplicable de Michel Deneken

Le 19 janvier dernier, après la manifestation massive et pacifique contre la réforme des retraites, des étudiants strasbourgeois ont spontanément décidé de se rassembler à l’Université. Ils étaient une centaine à débattre dans le calme des suites de la mobilisation quand plusieurs garnisons de CRS ont envahi l’amphithéâtre pour les expulser. L’intervention a été demandée et assumée par le président de l’Université, Michel Deneken. Cette décision est inexplicable. En l’absence de trouble à l’ordre public, rien ne peut justifier cette décision démesurée et disproportionnée.

Après la manifestation contre la réforme des retraites à Strasbourg, jeudi 19 janvier, une soixantaine d’étudiants ont été évacués d’un bâtiment universitaire, où ils tenaient une assemblée générale. Photo : remise

Mais derrière cette intervention, choquante, c’est une dérive qui se dessine à travers les choix de gestion de l’Université de Strasbourg. Depuis son élection en 2016, le président a de nombreuses fois été mis en cause. En 2020, face à sa possible réélection, des dizaines d’élus des trois conseils centraux de l’Université ont démissionné de leurs mandats pour dénoncer le manque de transparence de la présidence.

Avec Macron, contre les mobilisations étudiantes

Fin 2022, il a défrayé la chronique en choisissant, contre l’avis de toutes les instances représentatives, de fermer l’Université deux semaines pour faire des « économies d’énergie ». Un choix faisant peser la facture énergétique sur les étudiants, pénalisant les plus précaires, dont le nombre ne cesse d’augmenter.

Début 2022 déjà, le président avait renoncé au principe de neutralité qu’impose sa fonction en signant un « appel national à la mobilisation pour la réélection du président de la République Emmanuel Macron ». C’est le gouvernement de ce même Emmanuel Macron qui a fait voter en 2020 la pénalisation des mobilisations étudiantes, prévoyant jusqu’à 3 ans de prison pour l’occupation des campus universitaires. Pour intimider les mobilisations étudiantes, la boucle est bouclée.

Un président qui renonce à l’ « université du bien-vivre »

Pourtant, suite à sa réélection en 2020, M. Deneken déclarait vouloir porter le projet d’ « une université du bien-vivre pour l’ensemble de ses acteurs tant la crise a agi comme révélateur photographique de la précarité étudiante, une université plurielle et ouverte sur la diversité et la société ». Ses choix, depuis lors, sonnent donc le renoncement à cet engagement. L’Université de Strasbourg doit être un sanctuaire de l’enseignement public, de la recherche et des libertés, un lieu apaisé et de dialogue où le droit de réunion et d’engagement des étudiants est garanti.

Le pouvoir des présidents d’université est immense et leur responsabilité tout autant. En tant qu’élue de la République, je mesure le poids de cette charge et demeure vigilante à ce que les droits soient respectés et que notre devise « liberté, égalité, fraternité » demeure une réalité. La jeunesse est notre avenir : il est de notre devoir de lui assurer les moyens d’étudier dans de bonnes conditions et de pouvoir décider de son futur. »


#université de Strasbourg

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