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Il y a plus de 6 000 ans, carnage et bain de sang près de Strasbourg

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Dans l’Alsace néolithique, la vie n’était visiblement pas toujours rose. Comme le rapporte Le Monde, un groupe d’archéologues a découvert des ossements humains près de Achenheim, à l’ouest de Strasbourg. Même 6 000 ans après les faits, la scène n’a rien à voir avec les restes d’une sépulture ou d’un champ de bataille. D’après les archéologues, les six corps retrouvés enfouis sous terre auraient été méthodiquement assassinés.

Fanny Chenal, anthropologue à l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), explique au journal :

« Ce qui nous a d’abord interpellés, c’est la disposition de ces six individus masculins, cinq adultes et un adolescent de 15 à 19 ans : certains reposaient sur le dos, d’autres sur le ventre ou le côté, avec les membres en positions désordonnées. Ces postures invraisemblables ne relevaient pas d’une pratique funéraire. »

Aux côtés des squelettes, les archéologues ont également retrouvé quatre bras gauche, dont l’un aurait appartenu à un adolescent de 12 à 16 ans. Fanny Chenal continue :

« La deuxième chose impressionnante, ce sont les très nombreuses fractures, sur les membres, les bassins, les mains, les crânes. »

Les squelettes laissent apparaître des lésions difficilement explicables (Photo Philippe Lefranc / Inrap / doc remis)

Achenheim défendu au Néolithique

La fouille du site d’Achenheim a débuté en mars et devrait s’achever le 15 juin. Ces révélations morbides ne sont pas la seule particularité du site : le village de l’époque était également entouré d’un fossé défensif, « probablement attaché à des bastions. » Premier du genre en Alsace, c’était une construction rare pour l’époque.

Mais ce n’est pas tout : l’enceinte fortifiée accueillait également près de 400 silos de stockages creusés dans la terre pour les récoltes des villageois. Philippe Lefranc, archéologue et spécialiste du néolithique ayant dirigé les fouilles d’Achenheim, considère ainsi :

« Ces structures de stockage temporaires étaient ensuite utilisées pour les détritus, ou comme fosses pour des sépultures réservées à une petite partie de la population. »

Néanmoins, le silo 124, où ont été retrouvés les corps, se trouvait à l’écart du village et des autres silos. D’après Philippe Lefranc, c’est là que la science laisse la place à l’interprétation des événements :

« Les bras coupés pourraient être des trophées guerriers, tandis que l’acharnement peut relever de deux phénomènes. S’il s’est exercé sur les vivants, il s’agit de tortures, si c’est sur les morts, on parle d’outrages aux cadavres. »

Une vue du silo (Photo Philippe Lefranc / Inrap / doc remis)

Cette sanglante histoire pourrait être celle d’un raid contre de nouveaux venus dans les alentours ou une victoire particulièrement meurtrière sur des assaillants, fêtée en mutilant les corps des hommes tombés durant la bataille, s’interroge Le Monde. Des céramiques trouvés sur place montrent l’appartenance des villageois à une culture dite de Bruebach-Oberbergen. Située dans la région vers 6 000 avant J-C, cette culture du néolithique était constituée de villages éparses et peu violents. D’où les interrogations sur cette tuerie.

D’autres céramiques laissent penser aux archéologues que les suppliciés venaient de la région parisienne. Pour en avoir le cœur net, Fanny Chenal souhaite entreprendre des analyses génétiques et isotopiques. « Nous allons monter un dossier pour les financements de ces analyses, très onéreuses, » conclut-elle.


#Achenheim

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