« On a déjà 300 lits de fermés au quotidien. On va encore fermer combien de lits ? » Secrétaire du syndicat CGT, Pierre Wach décrit la situation des Hôpitaux Universitaires de Strasbourg (HUS) avec pessimisme. Rejoint par les formations syndicales Sud, FO et CFTC, le syndicaliste a déposé un préavis de grève pour le mardi 20 juin à partir de 13h. L’intersyndicale appelle à manifester devant les urgences du Nouvel hôpital civil (NHC). Le lieu est symbolique. Il incarne l’un de ces services en souffrance de l’hôpital public, comme l’explique Pierre Wach :
« Demain on va dire stop à la maltraitance institutionnelle pour les professionnels de santé et les patients. Attendre des heures et des heures devant les urgences, c’est être maltraité. Attendre des heures sur un brancard à 80 ans, c’est de la maltraitance, qui se répercute sur nos professionnels de santé, y compris les cadres, qui font ce qu’ils peuvent. »
Le SAS ne passe pas
À l’hôpital public strasbourgeois, la grève doit aussi permettre aux forces syndicales de mettre la pression sur la direction de l’hôpital et le ministère de la Santé. L’annonce du ministre François Braun concernant le SAS pour soulager les urgences (lire notre article sur le projet strasbourgeois) a fait réagir les syndicats des HUS. Dans un mail que nous avons pu consulter, le directeur général des HUS Michael Galy admet que les moyens humains manquent encore pour mettre en place le dispositif : « Je vous confirme, en plein accord avec les autorités de tutelle, que la date de démarrage du SAS envisagée est fin septembre ou début octobre, si les conditions de fonctionnement sont réunies. »
Malgré cette réponse de la direction, la colère de Pierre Wach reste entière face à l’inconséquence du ministre François Braun : « Il a mis le directeur des HUS devant le fait accompli. Mais ses annonces ont un effet. Cet été, les gens vont appeler le 15 comme si le SAS avait déjà été mis en place… »
« Il faut effacer la dette de l’hôpital »
« Vous avez un système hospitalier qui devient fou, continue le syndicaliste CGT, les professionnels de santé ne peuvent plus avoir trois semaines de congés de suite. Et même quand ils prennent deux semaines, on leur demande s’ils peuvent rester, au cas où… »
Pierre Wach énumère les trois principales revendications de l’intersyndicale à Strasbourg :
« Tout d’abord, les professionnels de santé doivent avoir droit au respect de leurs congés et au respect de leur vie privée. Il faut arrêter de rappeler les soignants sur leurs repos ou congés, sinon les derniers motivés vont se barrer.
Ensuite, il faut que l’Agence Régionale de Santé prenne acte de la situation aux urgences strasbourgeoises et de la mise en œuvre du SAS à marche forcée par notre ministre.
Enfin, il faut que l’ARS fasse entendre raison au ministre et qu’on efface la dette de l’hôpital de Strasbourg qui n’est pas responsable d’une mauvaise gestion. Il faut qu’on puisse recruter et fidéliser nos soignants en annulant la dette. Le directeur général doit donner des conditions de travail correctes mais encore faut-il que le ministère lui donne les moyens de le faire. »
Autre grève, même revendications
Les revendications sont assez proches de celles du syndicat Force Ouvrière. Le délégué Christian Prud’homme a déposé un préavis de grève concernant les personnels de « chirurgie générale hépatique endocrinienne et transplantation », à l’hôpital de Hautepierre :
« Après avoir rencontré l’équipe des infirmiers(ères) de blocs opératoires et constatant une non prise en considération de leurs conditions de travail, plus que fortement dégradées, dont l’une des principales causes est l’insuffisance de l’effectif de l’équipe. (…) Le rythme imposé en astreinte et le temps de travail effectif ne peut perdurer en l’état. Aujourd’hui, ces professionnels se voient attribuer des lignes de planning contradictoires. A ce jour, il n’a pas été trouvé de solutions permettant de revenir à un rythme cohérent, amenant une sérénité organisationnelle et leur assurant une possibilité d’organiser leur vie privée. »
Le mouvement de grève est annoncé pour la journée du jeudi 22 juin, si les réponses apportées par la direction lors d’une réunion le mardi 20 juin à 18h sont insatisfaisantes.
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