A-t-on encore besoin de présenter Stef, figure phare de l’underground strasbourgeois depuis près de 20 ans ? DJ connu sous le nom de Captain’Acab, perceur respecté chez Derm Hospice, il est également programmateur et organisateur de bon nombre de belles soirées bien rock’n’roll à Strasbourg et de nombreuses expos, par exemple chez Jeanette et les Cycleux ou au Grincheux, sans oublier, évidemment, la convention Tattoo World Strasbourg !
Je suis habituée à le croiser depuis mes 18 ans. À l’époque, tout juste débarquée du petit village paumé d’Alsace profonde où j’ai grandi, je le trouvais impressionnant, sans même le connaître, mais simplement par son look et son charisme. Aujourd’hui que je le connais un peu mieux, et son univers, je ne le trouve que plus impressionnant, ce grand monsieur de l’underground alsacien. Il se donne à fond pour faire bouger cette ville, par la musique, par le tatouage, par les soirées et les événements multiples.
Pour ses 40 berges, il se paie un groupe de blues
À l’occasion de ses 40 ans, Stef fait venir pour la première fois en France Hopeless Jack, un duo américain qui évolue entre la soul, le blues et le garage, pour un concert sexy et dirty. Ça se passe le dimanche 12 mars à l’Elastic Bar. Il n’y a que 50 places disponibles, qu’il est encore possible de réserver auprès chez Lucky Electric (9 rue des Pucelles, Strasbourg). Une soirée pas comme les autres, qui promet d’être inoubliable, avec que du beau monde en plus…
Pour ce concert, et son anniversaire, Stef a accepté de répondre à quelques unes de mes questions.
Pourquoi avoir choisi ce groupe pour ton anniversaire ?
« Quand on est programmateur, organisateur, on travaille toute l’année avec des tourneurs ou manageurs qui nous proposent des tas de groupes. Hopeless Jack m’a été proposé, j’ai été agréablement surpris et n’ai pu résister à les inviter. »
Est-ce que tu les as déjà vu en concert ?
« Mis à part les vidéos sur Youtube, non, je ne les ai jamais vus mais j’ai vraiment hâte ! C’est leur premier concert en France, et peut-être même leur premier en Europe. »
Qu’est-ce que tu aimes chez eux ?
« J’adore leur puissance, leur fraîcheur et leurs racines musicales tirées du Blues, du Garage avec une touche très sauvage mais aussi très actuelle. »
Est-ce que tu vas mixer le soir de ton anniversaire pour continuer la soirée après le concert ?
« Je ne mixerai pas ce soir-là mais l’ambiance musicale sera assurée avec une sélection de tout ce que j’aime depuis longtemps ! Et la musique tournera toute la soirée pour les motivés du bulbe ! »
L’idée d’un apéro, un dimanche, en petit comité, est assez fun. Mais pourquoi ?
« Un dimanche à 18h30 parce que ni les vieux copains ni la plupart des gens d’ailleurs ne se bougeraient plus tard puisqu’ils bossent le lendemain. En plus un apéro-concert est toujours plus convivial. Il n’y aura effectivement que 50 places pour le public mais j’ai aussi ma propre liste d’invités, le bar risque donc d’être bien plein ce soir-là ! Je fête mes 40 ans de vie, mes 25 ans d’activiste underground. Ce n’est pas rien quand même. »
L’Élastic Bar, une étoile de l’underground dans les années 90
Pourquoi L’Elastic Bar ?
« C’est un peu le premier bar que je fréquentais dans les années 90 et aussi l’endroit où j’ai commencé à mixer il y a 20 ans maintenant…Ce bar a été un endroit vraiment très réputé à l’époque dans tout l’hexagone ! C’était un peu le rendez-vous de tous les groupes, des fans de Hardcore, Punk, Métal, Fusion, Hip-Hop en after de La Laiterie … C’était aussi l’endroit où pas mal de DJs strasbourgeois ont fait leurs débuts et certains d’entre eux ont fait une longue route depuis à l’international. Ça c’est tassé au début des années 2000 avec un changement de patron, moins porté sur l’underground que son prédécesseur. »
Dans la présentation de l’événement, tu parles d’un « nouvel Elastric », tu peux m’en dire plus ?
« Oui, un nouvel Elastic, on parle peut être même d’un revival underground. La nouvelle équipe en place à l’air d’être très motivée et la mayonnaise commence à monter à nouveau avec pleins de programmations annoncées sur les trois prochains mois. J’espère qu’il redeviendra ce lieu incontournable qu’il était il y a 20 ans. »
Ça te fait quoi de fêter cet anniversaire ?
« Euh… Je ne vais pas dire que ça ne fait rien puisque c’est 40 ans quand même et avec le temps, on fatigue mais la motivation est encore bien là, la fête aussi ! »
« Le capitalisme est passé par là »
Comment le monde de la musique underground à Strasbourg a beaucoup évolué depuis tout ce temps ?
« L’univers underground évolue sans cesse en bien, en mal, malgré les réseaux sociaux qui bloquent un peu les gens chez eux et les rendent un peu moins solidaires des scènes dites « locales ou underground ». Malgré la difficulté à faire bouger les masses, le positif est qu’il reste encore heureusement des petites choses, des groupes, des musiciens motivés mais surtout un public fidèle, conscient que tout risque de disparaître si l’on ne soutient pas cette scène.
Le négatif est que le public se tourne de plus en plus vers les salles officielles, où la sélection musicale est très commerciale, sans réelle initiative. En gros les gens pensent que si tu payes 20 ou 30 euros ta place, t’es certain d’en avoir pour ton argent… Ça réfléchit comme un actionnaire et non plus comme un activiste d’un genre. Le libéralisme, le capitalisme, est aussi passé par là et détruit aussi peu à peu la véritable scène underground. »
De prochains événements à annoncer ?
« Je ne serai pas étonné si un Tattoo World Strasbourg était annoncé en octobre… »
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