L’Université n’appliquera pas la hausse des frais d’inscription pour les étrangers
Silencieux jusqu’à présent, le président de l’université de Strasbourg, Michel Deneken, a annoncé mardi 29 janvier son opposition à la hausse des frais d’inscription pour les étudiants non-européens. La direction entend appliquer les mêmes droits d’inscription à tous à la rentrée.
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Pierre Petitcolin
Publié le ·
Imprimé le 22 novembre 2024 à 04h45 ·
4 minutes
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Tout a commencé par l’annonce faite le 19 novembre par le Premier ministre Édouard Philippe d’un plan visant à accroître l’attractivité des universités françaises à l’international. La « stratégie Bienvenue en France » consiste à renforcer l’enseignement du français langue étrangère, à faciliter l’accès aux logements étudiants pour les étrangers et à simplifier des demandes de visa.
Mais surtout, elle implique une multiplication par 16 des frais d’inscriptions à l’université pour les étudiants extra-européens. Alors qu’ils payaient autant que leurs homologues français non-boursiers, ils se verront demander 2 770 euros en licence (contre 170€ aujourd’hui) et 3 770 euros en master et doctorat (contre 243 et 380€).
Strasbourg rejoint la contestation
Ces hausses des frais brutales et inattendues par la communauté universitaire ont provoqué une réponse des étudiants mais, c’est plus rare, une levée de boucliers de la part de plusieurs présidences d’universités. Treize d’entre elles avaient déjà affirmé publiquement leur franche opposition à ces augmentations. La dernière en date à rejoindre ce front est l’Université de Strasbourg, pourtant peu habituée à contester les décisions gouvernementales. Son président Michel Deneken a déclaré mardi 29 janvier qu’il « s’engage à appliquer les mêmes droits d’inscriptions pour tous » à la rentrée 2019.
Michel Deneken a pris cette position alors que le congrès de l’Université de Strasbourg était réuni et que sous les fenêtres, une soixantaine d’étudiants et d’enseignants l’appelaient à rejoindre le front du refus aux hausses des frais d’inscription.
Le gouvernement tergiverse
L’opposition qui se développe avait déjà fait réagir le gouvernement, forçant la ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche, Frédérique Vidal, à lancer une consultation sur le sujet, qui devrait s’achever fin février. Mais ces discussions n’impliquent pas de changement de calendrier pour l’instant. L’augmentation des frais pour les étudiants extra-européens est toujours prévue pour septembre 2019.
Selon Michel Deneken, cette timide réponse ne change rien aux inquiétudes des étudiants :
« Nous ne pouvons imposer aux services de scolarité et des relations internationales, ni aux enseignants un calendrier d’ores et déjà intenable. En l’état, la hausse des droits est contre-productive, et déjà le nombre de demandes campus-France est en baisse. »
Si le calendrier est maintenu, l’équipe de direction prévoit de contourner la mesure :
« Je m’engage à soumettre au vote du conseil d’administration des dispositions permettant aux étudiants internationaux de se voir appliquer les mêmes droits que les étudiants nationaux. »
Le président de l’Université ajoute que son établissement accueille « un des plus fort taux d’étudiants internationaux ».
Ce qu’Édouard Philippe décrit comme « un choix responsable et mesuré » risque de changer complètement le profil des étudiants étrangers venant étudier en France. Actuellement, la majorité d’entre eux (44,8% pour la période 2016-2017) est originaire d’Afrique selon Campus France, l’organisme qui se charge de l’accueil. Un chiffre qui peut s’expliquer par le faible coût des études publiques françaises et par la maîtrise du français par les habitants de l’Ouest du continent.
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