Prendre la pilule n’est pas si simple quand on y pense… Et beaucoup d’IVG ne tiennent pas à un défaut de contraception, mais à un oubli pur et simple d’un comprimé, voire au fait de débuter sa plaquette un jour en retard.
Entre parenthèses, je viens de lire qu’une femme qui prendrait la pilule comme seule contraception dans sa vie, ne devra pas l’oublier 10 000 fois ! (ref @10lunes, sage-femme)
Je prends un peu de temps pour lui proposer une autre contraception, et nous tombons d’accord pour la pose d’un implant contraceptif la semaine prochaine.
Son gynécologue refuse de lui retirer son implant
Julie a 25 ans, elle vient me voir avec son compagnon pour une acné sévère et m’explique que son gynécologue lui a posé un implant contraceptif, il y a plus de 6 mois, en plus elle a des saignements tous les jours qui la gênent beaucoup. Elle a demandé à son gynécologue de lui enlever son implant et a essuyé un refus (sic).
Son acné a débuté après la pose de l’implant ainsi que les saignements. Il s’agit d’effets secondaires possibles, mais pas très fréquents, de ce mode de contraception par progestatif seul. Nous parlons un peu et convenons de lui enlever cet implant pour lui proposer un stérilet au cuivre. L’idée lui plait bien, mais elle préfère finalement revenir un moment à la pilule classique.
Nous prenons un rendez-vous pour lui enlever cet implant avec une anesthésie par patch. Son compagnon reviendra avec elle pour ce rendez-vous, un vrai chéri-poule.
« Est-ce que le stérilet rend stérile ? »
Sophie 28 ans ne veut plus d’hormone comme contraceptif, elle se plaint d’une baisse de libido, de gonflement des chevilles et des doigts . Pour elle, un DIU (dispositif intra-utérin) semble être un bon choix. Elle me demande : peut-on devenir stérile ? Il faut dire qu’ avec son nom commun : « stérilet » il y a malentendu possible !
Elle me dit aussi qu’on lui a dit que la pose d’un DIU n’était pas possible quand on a pas eu d’enfant.
Je lui explique que c’est tout à fait possible, avec un DIU plus petit (short dans les appellations) et que la pose est un peu plus délicate que chez la dame qui a déjà eu des enfants. Elle veut y réfléchir et viendra finalement 2 mois plus tard pour que je lui pose un DIU.
Élodie, 22 ans prend une pilule de 3e génération et fume beaucoup. La polémique sur ces pilules lui fait peur, et elle ne veut plus la prendre. Elle ne veut plus trop de pilule non plus. Elle a le choix encore entre l’implant hormonal et de DIU avec ou sans hormone. Son choix sera celui d’un DIU au cuivre. Elle me recontactera lors de ses prochaines règles pour que je lui pose à ce moment là . En attendant, elle prendra encore un peu sa pilule de 3° génération.
Des infections à la contraception
Je ne faisais jusqu’à présent à mon cabinet que des consultations de gynécologie « infectieuse », c’est à dire traiter les IST (infections sexuellement transmissibles), les mycoses ou autres… Le délai pour voir un gynécologue étant tel que l’infection ne pouvait attendre.
Il y a quelques mois, j’ai refait une formation de gynécologie pratique ayant ressenti le besoin chez certaines de mes patientes d’avoir un accès autre que l’hôpital ou que le gynécologue en privé pour réaliser frottis de dépistage ou pose de stérilet ou d’implant contraceptif.
De plus, en prescrivant une contraception j’avais très souvent une absence de frottis chez certaines patientes, étudiantes ou non, ne connaissant pas de gynécologue ici, ou peu enclines à prendre un rendez-vous chez un gynécologue pour des raisons souvent budgétaires.
Ce constat étant fait, j’ai eu envie de proposer de faire l’examen manquant à mes patientes.
Une formation et on résout le problème d’accès aux soins
La formation a été très intéressante et très pratique, voire ludique et j’ai beaucoup apprécié l’échange avec le gynécologue formateur, mais aussi avec les confrères et consœurs qui la faisaient avec moi. Le côté théorique était associé à un côté pratique très plaisant.
Cette formation comprenait la pose et le retrait d’implant , la pose et le retrait de DIU, la réalisation de frottis de dépistage.
Ce type de formation s’appelle DPC : Développement Professionnel Continu, et il devient obligatoire pour les médecins au 1er juillet.
La plupart de ces actes de gynécologie sont réalisés en France par des médecins généralistes, les gynécologues étant absents le plus souvent des campagnes. Mais la sélection par le concours de l’internat étant sévère, il n’y a plus assez de gynécologues qui s’installent en libéral, et cela même en ville. La spécialité est devenue chirurgicale et les débouchés de carrière mènent ces spécialistes plutôt vers une pratique hospitalière.
Finalement je suis très heureuse d’avoir fait cette démarche de formation, et j’aime beaucoup cette prise en charge globale de la contraception et du suivi gynécologique de certaines de mes patientes. Cela me permet aussi d’avoir une pratique plus diversifiée de la médecine qui me plait particulièrement. Mon but n’est évidemment pas de me substituer aux gynécologues qui travaillent autour de moi, je n’en ai ni la prétention, ni le temps, mais en fait il faut l’avouer : j’adore !
Aller plus loin
Sur Rue89 : Et si on confiait la prescription de la pilule aux sage-femmes ?
Sur Rue89 : Un petit implant contraceptif, ça vous dit ?
Chargement des commentaires…