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Guerre des chefs à l’UMP, les dessous de la création de Strasbourg 2014

L’association Strasbourg 2014, à laquelle appartient une partie des membres du groupe « UMP, Nouveau centre et indépendants » du conseil municipal de Strasbourg, est suspectée d’être un micro-parti déguisé. La gestion de cette association, créée sur les ruines d’une association de quartier, oppose aujourd’hui Robert Grossmann et Jean-Emmanuel Robert, candidat à la mairie l’année prochaine.

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Geoffroy Lebold, secrétaire fédéral adjoint UMP et bras droit de Jean-Emmanuel Robert (Photo MM/Rue89 Strasbourg)

L’affaire se complique. On apprenait ce mardi matin que trois membres du même groupe politique d’opposition au conseil municipal de Strasbourg, Robert Grossmann, ancien président UMP de la communauté urbaine de Strasbourg, Anne Schumann (UDI), ancienne adjointe au maire de Fabienne Keller entre 2001 et 2008, et Jean-Emmanuel Robert, candidat UMP déclaré à l’élection municipale de 2014, s’affrontent en justice autour de la gestion de l’association Strasbourg 2014, une structure qui a recueilli une partie de la cagnotte UMP amassée pendant la mandature Keller-Grossmann, et dispatchée après la défaite de 2008.

L’ABEK, concurrente de droite du Cardek

Mais autour de cette association – dont nous n’avons toujours pas pu consulter les statuts – règne une certaine confusion. D’abord, sa création n’est pas très orthodoxe. Il s’agit en fait d’une association créée en 2005, sous le nom d’Association Bourse-Esplanade-Krutenau (ABEK), et domiciliée à la Maison des associations place des Orphelins. A l’origine, cette structure, pilotée un temps par l’élu de droite Olivier Arbousse, l’un des soutiens de Jean-Emmanuel Robert aujourd’hui [EDIT], avait pour objet l’animation et le débat d’idée dans ces quartiers. Elle organisait des « rendez-vous » à l’automne. Selon une source, il aurait pu s’agir d’une association concurrente du Cardek, montée pour déstabiliser l’équipe autour de Manuel Santiago et Alain Jund (élu EELV et adjoint au maire en charge de l’urbanisme depuis 2008). Ce que confirme Anne Schumann à demi-mot :

« L’ABEK s’est constituée en même temps que « Pour Neudorf » à Neudorf, dans la lignée de ces associations favorables à la municipalité… »

Où l’on retrouve Geoffroy Lebold

A la tête de cette association « mise en sommeil en 2008 », on retrouve Geoffroy Lebold (voir photo), actuel bras droit de Jean-Emmanuel Robert et secrétaire de l’association Strasbourg 2014. L’apparatchik UMP est également secrétaire fédéral adjoint de l’Union pour un mouvement populaire du Bas-Rhin en charge de la vie militante, et surtout collaborateur du groupe « UMP, Nouveau centre et indépendants » à la mairie de Strasbourg. Avec l’accord de Jean-Emmanuel Robert, le trentenaire change le nom et les statuts de l’ABEK en 2009 pour pouvoir accueillir les fonds de la cagnotte d’Union pour Strasbourg, micro-parti de Fabienne Keller dissout l’année suivante, correspondant à la part de Robert Grossmann et des élus de son groupe.

Geoffroy Lebold explique :

« L’ABEK était une association de quartier qui n’a rien à voir avec Strasbourg 2014. Ses membres sont différents, ses statuts sont différents. Mais il était plus facile de créer Strasbourg 2014 en partant des comptes en banque [et du numéro d’immatriculation] de l’ABEK. Nous n’avions aucune dette, il devait rester 30€ sur le compte au moment du changement de nom. Les nouveaux statuts ont été signés par les sept membres, dont Anne Schumann et Robert Grossmann, cela n’a jamais posé aucun problème. »

Micro-parti déguisé ?

Anne Schumann s’emporte :

« Nous n’avons appris cette transformation d’association qu’au mois de mars 2013, quand nous avons demandé des informations au registre des associations ! Nous n’avons, Robert Grossmann et moi, jamais été au courant ! Nous étions persuadés qu’il s’agissait d’une création ex-nihilo. »

Les vicissitudes de la vie de l’ABEK, devenue Strasbourg 2014, ne seraient rien d’autres que les aléas internes à la vie d’une association s’il n’y avait pas aujourd’hui soupçon de parti politique qui ne dit pas son nom. Pour Hélène Hollederer, proche de Fabienne Keller et ancienne présidente de l’Union pour Strasbourg (UPS), ce micro-parti qui a accompagné la mandature Keller-Grossmann, cette association Strasbourg 2014 n’a jamais été « clean » :

« Quand il a s’agit de reverser les fonds de l’UPS à Strasbourg 2014, j’ai demandé à voir les statuts. Il y était question de la possibilité de devenir un parti politique, mais ça n’en était pas un. A l’époque, Jean-Emmanuel [Robert] m’a répondu qu’ils se laissaient la possibilité de basculer vers ce statut. Comme ce n’était pas un parti, j’ai refusé de leur verser les fonds [ndlr, 13 000€ sur les 48 000€ auxquels le groupe pouvait prétendre ; 30 000€ ayant été versés à l’association avant la dissolution de l’UPS et 5000€ ayant servi à payer diverses factures] et les ai transféré à l’UMP, parti politique déclaré. Charge à eux de se débrouiller avec. Mais pour moi, cela évitait tout soupçon d’évasion fiscale vers une structure non-habilitée. »

Une situation « pas rigoureuse »

Pour l’ancienne présidente de l’UPS, l’agitation autour de cette association est une « tempête dans un verre d’eau ». Mais elle conclut :

« Je sais que Jean-Emmanuel est contre les micro-partis. Robert Grossmann aussi, qui considérait à l’époque que ça revenait trop cher. Il faut faire vérifier les comptes par des commissaires, c’est effectivement un budget de 6 000€ par an. Mais en ne basculant pas Strasbourg 2014 vers ce statut, Jean-Emmanuel a pris le risque que des dépenses engagées ces dernières années [ndlr, cartes de vœux, dîners…] ne soient imputées à ses comptes de campagne. Ce n’est pas rigoureux… »

Pour mémoire, Jean-Emmanuel Robert a été candidat à trois reprises ces dernières années : aux cantonales à Cronenbourg puis à Kœnigshoffen en 2011 d’abord, et aux législatives en 2012, en tant que suppléant d’Anne Hulné dans la 1er circonscription du Bas-Rhin.


#Anne Schumann

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