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Avec 1 155 terriers en Alsace, le grand hamster reste « en danger critique » d’extinction

Plus de 1 100 terriers de grand hamster ont été recensés en 2024 en Alsace. Malgré des chiffres encourageants, le rongeur reste toujours « en danger critique » d’extinction.

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Depuis 2020, le grand hamster est reconnu « en danger critique d’extinction ».

Mardi 30 juillet, la préfecture de la Région Grand Est a présenté les résultats du comptage de terriers de grands hamsters, en Alsace au printemps. Ces chiffres obtenus au printemps restent très en-deçà des attendus. « Nous ne sommes pas parvenus aux 1 500 hamsters que l’on devrait avoir sur une zone de 600 hectares d’un seul tenant (soit 4 500 hamsters sur trois zones en Alsace, NDLR) », observe Julien Eidenschenck, chef de l’unité agroécologie et du plan national d’actions Hamster à l’Office français de la biodiversité (OFB). Selon lui, il faudra encore du temps pour que les mesures prises par l’État, qui soutient la viabilité de l’espèce à grands coups de millions d’euros, soient visibles : « Tout cela est un travail de longue haleine. On ne se décourage pas, nous restons motivés. » Le premier plan de conservation de l’État remonte à 2000.

1 500 hamsters d’ici 2028

Selon les données récoltées par l’OFB, 1 155 terriers ont été recensés en Alsace sur 3 098 hectares de cultures favorables (blé, orge, luzerne…) dans trois zones de protection statique (ZPS). Les chiffres sont en augmentation sur un an (802 terriers en 2023) mais restent faibles.

Toutefois, « il n’y a pas de lien direct entre un terrier et le hamster mais une majorité des terriers sont occupés par un individu. Cela constitue un indice concernant l’abondance de l’espèce », précise Julien Eidenschenck. Pour autant, selon le responsable du plan national d’actions lié au hamster commun à l’OFB, « on ne peut pas dire que l’espèce est sauvée ».

Entre Obernai et Geispolsheim (ZPS centre), 691 terriers ont été comptabilisés. C’est là où le hamster est le plus présent. 297 terriers sont présents entre Ernolsheim-Bruche et Truchtersheim, d’après les chiffres de l’Office français de la biodiversité. Dans la ZPS sud (autour de Grussenheim), les résultats sont moins bons car seulement 167 terriers ont été recensés. « Il faut reconquérir les terrains en y cultivant plus de blé, de la luzerne, des bandes de fleuris et des carottes en vue de la sécheresse », insiste Jean-Paul Burget. Le président de l’association Sauvegarde faune sauvage réclame également :

Pour que le hamster puisse mieux vivre, il faudrait une zone continue de terriers et pas seulement à trois endroits différents. Les populations doivent se brasser entre elles comme c’est le cas à Obernai et Geispolsheim.

Compte tenu des effectifs actuels, l’OFB espère de son côté « constater une hausse marquante d’ici 10-15 ans. Mais pour l’instant notre objectif est d’atteindre 1 500 hamsters toutes zones confondues d’ici 2028 ».

Un nouvel engagement dans le Haut-Rhin

Là où ça coince, c’est dans le Haut-Rhin. Trois terriers avaient été dénombrés en 2023, selon l’association Sauvegarde faune sauvage. Et, seules deux communes participent à la protection du grand hamster : Grussenheim et Jebsheim, situées à la frontière avec le Bas-Rhin comme l’explique Julien Eidenschenck :

« Il s’agit d’une petite population résiduelle. On s’engage à la maintenir. Nos efforts mettent du temps à être visibles. Restaurer une espèce, cela prend du temps. Il est toujours plus facile de maintenir une population déjà importante ».

Peu de communes sont investies dans ce département, ce que déplore le président de l’association Sauvegarde faune sauvage, Jean-Paul Burget :

« De nombreux territoires sont délaissés depuis 2010. Je pense à Niederhergheim, Ensisheim, Oberhergheim et Guggenheim. 250 à 300 hamsters sont morts à cause de la monoculture de maïs ».

Les espoirs d’une augmentation du nombre de rongeurs sur ce territoire sont présents du côté de l’Etat, avec l’aide d’agriculteurs. « En 2024, un nouvel engagement a été pris pour cinq ans avec les agriculteurs déjà participants dans le Haut-Rhin. Ils ont réfléchi aux modalités de la protection du hamster afin d’être en phase avec leurs pratiques agricoles. Il y a une dynamique à installer », explique Julien Eidenschenck, de l’Office français de la biodiversité. Côté Bas-Rhin, 240 agriculteurs sont engagés au sein de l’association Agriculteurs faune sauvage d’Alsace (Afsal).

Une répartition à la hausse

Depuis 2016, la tendance de répartition du grand hamster d’Alsace est à la hausse. Le nombre de communes où se trouvent les terriers est passé de 15 à 25 en 2024, sur 880 communes que compte l’Alsace. Entre 2023 et 2024, le hamster a toutefois quitté deux communes. « Il peut se balader sur deux communes limitrophes, d’où les fluctuations possibles d’une année à l’autre », justifie le chef de l’unité agroécologie et du plan national d’actions Hamster à l’OFB.

Même constat pour les mailles de présence : 157 mailles de 25 hectares, soit 3 925 ha de cultures favorables, ont été comptabilisées en 2024. C’est 32 de plus qu’en 2023. « Nous avions 125 mailles sur 3 125 hectares l’an dernier et en 2012, nous étions à 69 mailles », se félicite Julien Eidenschenck qui précise que la prochaine révision des zones protégées aura lieu en 2027 afin de réajuster l’habitat du hamster.

Jean-Paul Burget salue lui aussi cette amélioration, principalement visible dans le Bas-Rhin, mais il craint que les hamsters ne puissent pas être maintenus en dehors des zones protégées :

« Il faut que l’Etat achète des terrains. En dehors des zones collectives, les hamsters ne sont pas protégés puisqu’il n’y a pas de convention. L’an dernier, 60 hamsters non conventionnés sont décédés car leur milieu n’était pas favorable ».

Avant d’augmenter les zones de protection, l’État souhaite d’abord conforter les zones déjà acquises par le hamster. Dans le cadre du Plan national d’actions 2019-2028, d’autres axes stratégiques y sont développés :

« On a pour objectifs d’obtenir plus de terriers. Pour l’instant, on aimerait disposer de deux terriers par hectare dans chaque zone par an. C’est ce que l’on souhaite depuis 15-20 ans. On l’a dans certains secteurs et on essaie d’y parvenir dans les autres. Mais on ne maîtrise pas tout. Le hamster est sensible, que ce soit au climat, aux prédateurs et aux champs. On cherche à avoir un maillage de culture le plus adéquat possible pour éviter qu’il se retrouve sur un sol nu. Sur deux parcelles agricoles proches, l’une ne doit pas être récoltée pour préserver l’habitat du hamster ».

Deux plaintes déposées

L’Association Sauvegarde faune sauvage a lancé deux procédures juridiques en mai contre l’État français. Une première plainte a été déposée auprès de la Cour européenne de justice portant sur le non-respect de l’arrêté du 9 juin 2011. La Cour avait condamné la France pour manque de protection stricte du grand hamster. « L’Etat fait le strict minimum, il n’y a pas de réels moyens financiers », estime Jean-Paul Burget, président de l’association ayant porté plainte.

La seconde plainte a été déposée auprès du Comité de Berne, au sein du Conseil de l’Europe. Elle porte sur le non-respect des recommandations de la Convention de Berne dans le cadre de la mise en œuvre de programmes de réintroduction du grand hamster d’Alsace dans des zones où il a disparu. C’est le cas du Haut-Rhin. « En 2003, il y avait 33 hectares de mailles de cultures favorables dans le Haut-Rhin et vingt ans plus tard, il n’y en a plus, s’inquiète Jean-Paul Burget. Pourquoi les agriculteurs du Bas-Rhin se donnent la peine alors que dans le Haut-Rhin, rien est fait ? »

À travers ces deux procédures, l’association espère obtenir plus de moyens de la part de l’État français en développant plus de parcelles conventionnées (blé, luzerne) afin de garantir la survie du hamster commun et des autres espèces.

Contactée, la Direction régionale de l’environnement (Dreal) n’a pas été autorisée par la préfecture de la Région Grand Est à communiquer sur le sujet.


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