Créé en 2017 pour les dix ans de l’association éponyme, le Pelpass festival n’en finit pas de célébrer l’anniversaire de la fête autogérée et des soirées auto-organisées. Chaque année au mois de mai, l’équipe de Pelpass réunit une cinquantaine d’artistes des musiques actuelles, des talents en rap, electro, folk, rock ou pop qui se relaient sur les scènes de deux grands chapiteaux montés pour l’occasion dans un coin du Jardin des Deux-Rives.
Pour son édition 2024, le festival s’agrandit, afin de donner plus d’espace à la Militente, le troisième chapiteau ordinairement dévolu aux DJs et collectifs de musiques électroniques. Au fur et à mesure des années, il se déroulait devant la Militente une sorte de festival parallèle, aux allures de free party. Le nouvel aménagement devrait permettre aux teufeurs de s’abriter sous la toile.
Les bars profiteront également d’un peu d’espace supplémentaire. Outre la traditionnelle sélection de bières, une sélection de vins sera également proposée, après une expérimentation jugée positive en 2023. La jauge maximale augmente aussi, passant de 3 000 personnes par soir à 3 500. En 2023, le Pelpass festival a accueilli 11 000 personnes, une belle mécanique rendue possible par l’engagement de plus de 400 bénévoles.
À découvrir jeudi
Toute la programmation du Pelpass festival est dédiée à la découverte, aussi il est plutôt naturel de parcourir la liste des groupes et de n’en reconnaître aucun. Pourtant, l’équipe de Pelpass parvient chaque année à faire venir des artistes qui cartonnent, soit dans leur genre, soit dans l’année qui suit.
Dès jeudi 23 mai par exemple, citons l’apparition de la délicate Lynn. Nouvelle porte-étendard de la soul à la française, elle a sorti un premier album en 2023 particulièrement remarqué pour sa sensualité, sa tendresse, sa douceur mais aussi sa modernité, intégrant des accents jazz et bossa-nova.
Dans la même soirée, on peut aussi remarquer la présence de Pépite, ce duo de chanson française electro, qui surfe sur la mélancolie des vacances et du temps long. Avec une voix claire qui pourrait rappeler celle de Christophe, sur des notes qui pourraient sortir des synthés de Polo & Pan, le mix fonctionne sur toutes les chansons de leur deuxième album, Les Années Lumières, qui s’écoute en voiture à condition de se diriger vers la mer.
D’autres artistes comme Patche (krautrock), Adult DVD (synth punk) et Frankie & The Witch Fingers (psych rock) vont donner une coloration plus rythmée à cette soirée.
Un vendredi pour s’agiter
Pour l’énergie, on pourra aussi faire confiance aux Suédois de Vex, qui proposent un combo de punk et d’electro très énervé. Débauche de rythmes, de voix suraigües et « headbanging » assuré sous le chapiteau.
Toujours dans la même veine, la soirée accueillera les Vulves Assassines, groupe de femmes revendicatrices sur des thématiques sociales et féministes. C’est assez direct et ça permet de danser tout en levant le poing. Une étude préalable des paroles est recommandée.
S’il reste un peu d’énergie, alors il faudra en dépenser les dernières gouttes devant Lynks, phénomène de la scène queer britannique. Une nouvelle pop star européenne que Pelpass avait prévu de programmer dès 2022 et qui a explosé entre temps… Lynks est présent au Pelpass cette année mais ce sera sa dernière « petite » scène. Sa prochaine date en France est début juillet aux Eurockéennes.
À picorer samedi
D’habitude, l’équipe de Pelpass se débrouille pour voir les groupes en concert au moins une fois avant de les programmer, ou au moins à ce que leur production phonographique soit particulièrement convaincante. Mais pour Louise XIV, Pelpass a fait une exception et a programmé ce groupe de pop strasbourgeois à l’aveugle, sur la foi du talent de Louise Wetterwald (ex-chanteuse de Zimmia), Tristan Lepagney (ex-chanteur des Colt Silvers), Grégoire Theveny et Océane Pastier. Ce sera donc leur quasi première date, pour une mise en orbite directe !
Poursuite dans l’ambiance pop avec Clair, une révélation de la chanson française qui travaille avec Philippe Katerine et Juliette Armanet. C’est doux, c’est estival, c’est détendu, et ça s’apprécie au naturel, peut-être devant un feu de camp.
Autre pépite du samedi soir, décidément très pop, Dombrance, un magicien des claviers qui manie les boucles à l’infini pour produire des sons entrainants et enivrants, tout en restant légers. C’est moderne, c’est parfait, surtout en concert.
À savourer dimanche
Le Pelpass festival garde une place aux parents, et à leurs enfants, puisque les billets sont gratuits pour les moins de 12 ans. Entre 12 et 15 ans, des billets à demi-tarif (13€) sont proposés et c’est une nouveauté. Le festival garde ses jeux en bois, son bar à mioches samedi et dimanche, et fournit les équipements pour protéger les oreilles des plus jeunes.
Dimanche, un groupe de Strasbourg est au programme, Sousta Politiki. Le groupe de folk vient de sortir leur premier album, Ondamania, composé à partir de chants turcs et de rebetiko. Pas une once d’electro dans cette formation, tout se fait à la force des cordes, vocales ou tendues.
A noter également ce dimanche, la rappeuse Brö dont le style très chanté permet de faire un lien entre une forme de chanson française contemporaine et le hip hop. Mais l’immanquable de ce dimanche, c’est Yin Yin. Pelpass essaie depuis six ans de programmer ce groupe electro-psycho-rock des Pays-Bas. L’association a dû s’associer à deux autres festivals français pour les faire venir, il faudra être à la hauteur sous le chapiteau et avoir les mollets chauds.
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