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Gouvernement : Roland Ries veut rassurer les Alsaciens

Alors que l’on connait enfin la composition du premier gouvernement de l’ère Hollande, force est de constater que la tradition du ministre alsacien n’a pas été respectée. Aucun élu de la région n’a été nommé ce soir, au grand dam peut-être de plusieurs candidat(e)s aux plus hautes fonctions. Le maire de Strasbourg, Roland Ries, qui a refusé le ministère des Transports, tient à rassurer sur sa capacité à défendre malgré tout les intérêts régionaux à Paris.

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Roland Ries a l'Hôtel de Ville de Strasbourg pour l'annonce des premiers résultats du premier tour des élections municipales. Strasbourg, 9 mars 2008. (Photo Pascal Bastien)

Dans un communiqué envoyé il y a quelques minutes, le maire de Strasbourg se veut confiant :

« Je viens d’apprendre la composition du premier gouvernement de Jean-Marc Ayrault. (…) Certes, ce nouveau gouvernement ne comprend pas de Ministre alsacien et je le regrette. Je pense néanmoins que ce n’est pas là le fruit d’une distance à l’égard de l’Alsace puisque le Premier Ministre avait souhaité que je rejoigne moi-même l’équipe gouvernementale.

J’ai expliqué les raisons qui m’ont poussé à ne pas donner suite à cette proposition. J’avais fait le choix de rester à Strasbourg où je considère qu’il y a encore beaucoup de travail à faire, et je m’en suis tenu à ce choix. Je connais personnellement un grand nombre des nouveaux ministres et j’entends bien faire valoir les intérêts de Strasbourg et de l’Alsace auprès d’eux.

Jean-Marc Ayrault lui-même a une sensibilité toute particulière à l’égard de notre région, et de ses vocations transfrontalière et européenne. C’est pourquoi je fais pleine confiance à ce gouvernement pour les intérêts des Français comme pour ceux des Strasbourgeois et des Alsaciens. »

Prochaine ouverture : le remaniement après les Législatives

Nous voilà rassurés. Alors que la droite alsacienne n’a eu de cesse depuis quelques jours de minimiser la portée d’un « oubli » dans la composition du gouvernement, arguant que l’Alsace n’a plus forcément besoin de ce ministre représentatif, la gauche locale craint quant à elle les conséquences de cette impasse. L’angoisse, palpable dans les mots utilisés ci-dessus par Roland Ries, est que les Alsaciens, et même les Strasbourgeois, pourtant majoritairement de gauche, puissent imaginer une seconde que « Paris » socialiste n’entende plus leur voix singulière. Et qu’ils expriment, le cas échéant, cette crainte dans les urnes.

Alors bien sûr, l’UMP promet de ne pas jouer la carte de « cette gauche qui ne comprend rien à l’Alsace ». En tout cas c’est ce que jurent quelques-uns des élus du parti majoritaire de la droite [sauf Fabienne Keller, voir ci-dessous]. Bien sûr encore, les lignes bougeront sans doute dans un mois, à l’issue des élections législatives. A ce moment, des têtes ministérielles vont tomber, puisque, comme vient de l’annoncer Jean-Marc Ayrault sur France2, les candidats perdants seront priés de quitter le gouvernement. Alors, quid de l’avenir de Catherine Trautmann, l’une des symboles des années Gauche plurielle, ou d’Alain Fontanel, l’homme de confiance de Roland Ries à Strasbourg, de Martine Aubry à Paris…

Fabienne Keller dénonce une punition infligée à l’Alsace (Edit, jeudi 17 à 9 heures)

Nous recevons ce matin une réaction de Fabienne Keller, sénatrice UMP du Bas-Rhin et maire de Strasbourg de 2001 à 2008. Contredisant certains de ses collègues, elle joue à plein la carte de « l’Alsace punie ». Extraits:

« Le comportement sectaire et partisan de l’investiture de François Hollande, permet hélas, de penser que l’Alsace est punie pour avoir voté massivement en faveur de Nicolas Sarkozy. L’Alsace est également punie car notre région est indissociable de l’idéal européen et de la construction de l’Union du fait du statut de Capitale européenne de Strasbourg. Or la nomination de Laurent Fabius partisan du « non » à la constitution européenne en 2005 à une période charnière pour l’union et pour Strasbourg est un signal négatif.

Enfin, les différentes attaques prononcées au cours de la campagne par les responsables politiques à l’encontre du droit local et notamment du Concordat d’Alsace-Moselle menacent la culture du dialogue et de cohésion qui est celle de notre région. Sans parler des intérêts régionaux sacrifiés sur l’autel des accords d’appareil : Fessenheim en est l’un des principaux exemples. »

Cette dénonciation du « mépris » du nouveau président de la République envers la région est-elle la première d’une longue liste ? Reste qu’entre véritable sentiment d’abandon et jeu politique, il y a un monde.

« La Bretagne a la chance de compter pas moins de 4 ministres… » (Edit, vendredi 18 mai, 8h30)

Et l’UMP enfonçait le clou… Morceaux choisis du communiqué d’André Reichardt, sénateur du Bas-Rhin et président de l’UMP 67 :

« L’UMP du Bas-Rhin regrette vivement que le nouveau gouvernement ne comporte pas de ministre alsacien dans ses rangs, ce qui est une rupture fâcheuse par rapport à la Présidence de Nicolas Sarkozy. Alors qu’une région comme la Bretagne a la chance de compter pas moins de 4 ministres, faut-il comprendre cette absence de représentation alsacienne au sein du nouveau gouvernement comme un aveu de désintérêt de François Hollande, ou pire comme une sorte de sanction de sa part contre l’Alsace ? Cette attitude s’inscrit dans la continuité des attaques des candidats de gauche envers l’Alsace lors de la campagne (…). »

Alors, c’était bien vrai ? Ce sera un argument de campagne ?


#Alain Fontanel

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