Les eurodéputés ont voté mercredi 6 juillet à midi pour l’inclusion du gaz et du nucléaire dans la classification des énergies considérées comme nécessaires pour atteindre l’objectif de la neutralité carbone de l’Union européenne, parce qu’elles émettent moins de CO2 que la production d’énergie à l’aide du pétrole ou du charbon.
Une décision polémique. Désormais, les centrales nucléaires et à gaz, ainsi que les infrastructures nécessaires pour la production de ces énergies devraient bénéficier plus facilement de financements dédiés à la transition écologique, notamment des investisseurs privés, car elles seront classées comme bénéfiques dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les eurodéputés français ont voté majoritairement pour cette inclusion, les Allemands ont fait l’inverse.
Deux manifs devant le Parlement
Dès 8h du matin devant le Parlement européen à Strasbourg, des militants climatiques avec des objectifs bien différents se tiennent en face-à-face. D’un côté, une trentaine de personnes pour l’inclusion du nucléaire en tant « qu’activité économique durable », de l’autre environ 80 personnes se positionnent contre. Pourtant, les deux camps prétendent lutter contre le réchauffement climatique.
Les anti-nucléaires regroupent une coalition d’associations. On y retrouve Extinction Rebellion, Green Peace ou encore Réseau sortir du nucléaire. Italiens, Polonais, Suédois et Français commencent à former une chaîne humaine à partir de 8h30 sur tout le pont Joseph Bech. Sourire aux lèvres, ils interpellent les députés qui arrivent au compte-gouttes en criant « Chaud chaud, on est plus chaud que le climat ».
Simone Fest, militante anti-nucléaire depuis trente ans, soutient que le nucléaire ne sera jamais la solution :
« Tout cet argent qui sera mis dans le gaz et le nucléaire le sera d’autant moins dans les énergies renouvelables, et pour l’instant, on n’a pas vraiment de solutions pour les déchets nucléaires. Cela aura des conséquences pour les générations futures. »
Simone Fest, militante anti-nucléaire
« Etre anti-nucléaire, ce n’est pas être écolo »
De l’autre côté de la route, la présidente des Voix du nucléaire, Myrto Tripathi tente pourtant de convaincre les opposants. Elle prend la parole au micro à plusieurs reprises malgré les « Mensonges » et les « C’est faux » rétorqués par la partie adverse. La fondatrice de l’association pro-nucléaire se dit « compréhensive » de leur position au vu « des discours véhiculés depuis des années ». Mais pour elle, le constat est sans appel :
« Aujourd’hui il y a un consensus scientifique extrêmement fort, démontré par des décennies de pratique et de mise en œuvre, qui montre que l’énergie d’origine nucléaire répond à tous les critères qui aujourd’hui qualifient la soutenabilité des investissements durables.
Est ce que vous voulez combattre le réchauffement climatique ou vous voulez combattre le nucléaire ? Etre anti-nucléaire ce n’est pas être environnementaliste, ce n’est pas être écolo. »
Myrto Tripathi, fondatrice de l’association Les Voix du nucléaire
Les partisans des Voix du nucléaire, venus aussi de toute l’Europe, regrettent cependant un point du texte : la présence du gaz dans cette classification.
« La présence du gaz dans l’acte délégué sera un frein pour beaucoup de parlementaires, c’est un frein pour nous aussi. »
Myrto Tripathi, fondatrice de l’association Les Voix du nucléaire
Un face-à-face pacifique
Malgré leurs oppositions, l’ambiance est plutôt conviviale et pacifique. Trois activistes déguisés en ours polaires pro-nucléaires se dandinent sur la musique qui sort des hauts-parleurs. Vers 9h30, les jeunes militants anti-nucléaires prennent le contrôle de l’enceinte du trottoir d’en face. Myrto Tripathi leur répond : « N’hésitez pas à vous amuser et à danser avec notre enceinte, vous allez adorer notre climat, vous allez adorer le monde qu’on propose. »
L’heure est même au débat et à la pédagogie. Un militant anti-nucléaire traverse la route sur son vélo et veut comprendre les arguments de l’autre partie. Une discussion passionnée se déclenche alors entre les deux militants. Finalement, leur conviction est la même : ils veulent toutes et tous sauver la planète.
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