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Frédéric Bierry poursuit sa croisade avec un « manifeste » pour le retour d’une Région Alsace

Le président de la Collectivité européenne d’Alsace, Frédéric Bierry, a mobilisé vendredi 150 élus pour lancer un « Manifeste pour l’Alsace », un texte qui demandera au président de la République de créer une collectivité régionale alsacienne, séparée du Grand Est.

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Frédéric Bierry s’est entouré d’une centaine d’élus pour ce nouvel épisode de sa campagne pour sortir du Grand Est.

Tous parés de leurs écharpes, environ 150 élus alsaciens ont répondu présent vendredi 31 mai à Strasbourg, à l’invitation du président de la Collectivité européenne d’Alsace (CeA), Frédéric Bierry (LR). Ils sont venus trouver un nouveau souffle pour sortir l’Alsace du Grand Est, après les propositions du président de la République qu’ils ont jugées insuffisantes. Ce dernier suggérait une simple délégation de compétences de la Région Grand Est vers la CeA. Un rapport sur la décentralisation remis en mai à l’Élysée recommandait de garder le périmètre de la grande région.

Ce souffle, Frédéric Bierry l’a toujours. Lors de son discours vendredi 31 mai (voir la vidéo), il a balayé les négociations en cours avec Franck Leroy, président de la Région Grand Est, sous l’égide de la préfète du Bas-Rhin, qu’il qualifie de « pouillèmes de compétences, des miettes de pseudo-décentralisation ». Et il cite Lénine : « Là où il y a une volonté, il y a un chemin. »

Voilà un état d’esprit qui correspond bien à celui de Frédéric Bierry, qui se déclare prêt à engager un rapport de force avec le gouvernement. Il ne croit plus au « chemin démocratique. On l’a fait dans tous les sens », a-t-il prononcé, et il avertit en avoir « un peu marre des mous du genou de la République ». Tremblez seigneurs et bourgeois, Frédéric Bierry « ne lâchera rien » et il arrive avec un couteau entre les dents contre « les impostures de la République ».

Ce couteau, c’est un Manifeste pour l’Alsace. Un texte qui appelle au retour d’une Région Alsace de plein exercice et que chacun peut signer. Frédéric Bierry se chargera de l’adresser directement au président de la République, et il promet « d’autres actions ».

Dans ce manifeste, on retrouve les arguments habituels depuis que Frédéric Bierry a lancé cette campagne il y a plus de six ans : cette région administrative serait un vœu des Alsaciens, en citant les résultats de la consultation auto-organisée de 2022. Elle serait simple à créer, elle réduirait le mille-feuille administratif et rapprocherait les centres de décision, etc. Face aux critiques, qui rappellent que l’Alsace seule serait mal armée pour négocier les grands chantiers d’infrastructures ferroviaires par exemple, Frédéric Bierry promet des « coopérations bilatérales entre la future Région Alsace et la future Région Lorraine-Champagne-Ardenne ».

Des amalgames manifestes

Le texte est présenté comme étant un « Manifeste pour l’Alsace », faisant l’amalgame entre l’Alsace, espace géographique et historique apprécié par les Alsaciens, et le programme politique de Frédéric Bierry visant l’Alsace en tant que collectivité. Ceux qui ne signeraient pas ce « Manifeste pour l’Alsace » seraient donc « contre l’Alsace ».

D’autres élus qui ont pris la parole vendredi, comme les anciens ministres Brigitte Klinkert (Ren) et Olivier Becht (Agir), ont pris soin de préciser que cette opération n’était « pas un repli identitaire » et qu’elle n’était pas dirigée « contre nos amis lorrains et champenois ». Peine perdue puisque au-delà des Vosges, cet éventuel départ du Grand Est est jugé égoïste, et que le ressentiment contre les élus alsaciens progresse à chaque épisode.

En soutien à la démarche de Frédéric Bierry, l’association Pour L’Alsace organise samedi 1er juin une marche pour une Région Alsace de 45 minutes au Mont Saint-Odile. Les participants sont priés de se garer au parking P3 « avec sérieux et à l’alsacienne », ils chanteront peut-être cette chanson proposée par les organisateurs dont les paroles célèbrent le blanc des cigognes et le rouge des géraniums et proclament que « sans demander notre avis, ils nous ont incorporés, ils nous ont assassinés… »


#frédéric bierry

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