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En soutien aux grévistes de Clestra, la France insoumise mise sur ses députés

La France insoumise n’entend pas être la dernière formation de gauche à soutenir les salariés grévistes de Clestra, elle mobilise son réseau de députés. Mathilde Panot viendra à Strasbourg mercredi 6 septembre.

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Rouge pétant. Dans les allées bétonnées du campus universitaire de Strasbourg, la tonnelle de la France insoumise se distingue de loin avec son rouge criard, son fouillis d’affiches et ses slogans. Autour d’une table garnie de cakes au chocolat, café et jus de pomme, plusieurs militants scrutent patiemment l’arrivée des premiers étudiants, attendus pour la pré-rentrée universitaire. À leur côté, le député de la deuxième circonscription, l’insoumis Emmanuel Fernandes. 

À quelques kilomètres de là, les grévistes de Clestra s’installent eux sur le parvis de la Foire européenne. Depuis le début de leur mobilisation, initiée le 3 juillet, les salariés en grève de cette usine de cloisons de bureaux tentent en permanence de rendre leur combat plus visible, en s’appuyant notamment sur la visite de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, le 24 août, ou sur celle du secrétaire national du PCF, Fabien Roussel, deux jours plus tard. La France insoumise, elle aussi, tente d’intervenir en soutien aux salariés de Clestra, en mobilisant l’élu de la circonscription et leur relais à l’Assemblée nationale.

Le député Emmanuel Fernandes de dos, avec les Jeunes insoumis sur le campus universitaire de Strasbourg. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

« De toutes les façons possibles, on sera en soutien des travailleurs »

Quelques semaines à peine après le début de son mandat (en juillet 2022), l’insoumis fraîchement élu Emmanuel Fernandes était déjà sollicité par les salariés de Clestra. À l’époque, la situation de la boîte est critique : la hausse des coûts de production, couplée à une cyberattaque du site industriel, met à mal la santé financière de la société. Elle sera placée en redressement judiciaire au mois d’août 2022 et reprise par le groupe Jestia en octobre. 

« Très rapidement après la reprise, Jestia a commencé une campagne de maltraitance des salariés, pour inciter à des départs et réduire les effectifs sans le dire », raconte Emmanuel Fernandes, en refaisant l’historique du groupe. En tant que député de la circonscription du site de Clestra, il rappelle sa position et celle de son mouvement :

« Notre approche à la France insoumise est simple : de toutes les façons possibles, on sera en soutien des travailleurs qui se mobilisent. J’essaye de faire en sorte que mes contacts et ma position d’élu de la circonscription puissent servir. »

Le député Emmanuel Fernandes a été contacté par les salariés de Clestra, le 29 juillet 2022 pour la première fois. Photo : Roni Gocer / Rue89 Strasbourg / cc

Dialogue difficile avec le ministre de l’Industrie

Le député tente à l’époque le dialogue avec le cabinet du ministre de l’Industrie, Roland Lescure, et entre en contact avec l’ancien maire d’Illkirch-Graffenstaden, le socialiste Jacques Bigot, qui le met en relation avec le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, Boris Vallaud. En 2012, ce dernier travaillait au côté du ministre en charge du « Redressement productif », Arnaud Montebourg, pour aider Clestra alors que la société était déjà en redressement judiciaire.

« Par le biais de Boris Vallaud, j’ai eu plus d’informations et d’éléments sur la façon dont ils avaient géré le redressement judiciaire de Clestra », raconte Emmanuel Fernandes.

Au ministère de l’Industrie en revanche, on élude carrément. « On nous a juste répondu que le cabinet était entièrement dévoué à la préparation du projet de loi Industrie verte. » Sous-entendu, il y a d’autres sujets plus importants à traiter. Déçu par le mutisme du ministre, le député invoque une différence de « philosophie » politique :

« Ce n’est pas tant le fait que je sois un député d’opposition qui pose problème, c’est plutôt qu’ils pensent sincèrement que le patron a raison, qu’il connaît la situation et que l’État ne doit pas contraindre une entreprise. C’est leur logique. »

Mathilde Panot viendra à Strasbourg

Comme la CGT et le PCF, la France insoumise souhaite également « nationaliser » la lutte des salariés de Clestra, en s’appuyant sur des figures plus connues du mouvement. Ainsi, jeudi 31 août, le député insoumis Éric Coquerel a usé de ses prérogatives de président de la commission des Finances pour obtenir auprès du ministre de l’Économie l’ensemble des documents relatifs aux aides publiques versées lors de la reprise de Clestra.

Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis à l’Assemblée nationale, se déplacera quant à elle à Strasbourg, le mercredi 6 septembre. Pour rappeler, à son tour, le soutien de la formation politique à la mobilisation des grévistes.


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