Après une nuit passée dans le froid à dormir dans leurs tracteurs et des remorques aménagées, les agriculteurs remballent. Le blocage de l’autoroute M35, décidé par la Fédération départementale des syndicats d’exploitants agricoles (FDSEA) du Bas-Rhin et les Jeunes Agriculteurs (JA), s’est terminé ce jeudi à 15h, mettant fin à 24 heures de barrage. La décision a été votée à main levée par les représentants syndicaux.
Dialogue positif niveau local
Après une rencontre avec le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, vers 13h, les représentants de la FDSEA et des JA sortent satisfaits, et annoncent dans la foulée qu’ils pourraient lever le barrage. La décision est votée, quelques heures plus tard. Le secrétaire général des Jeunes agriculteurs 67, Thomas Lux, revient sur la fin du blocage :
« On a décidé de lever le camp pour deux raisons. D’abord, on a eu des avancées au niveau local, pour des problèmes très précis, touchant certains agriculteurs individuellement. De manière plus globale, la préfète nous a assuré que le Bas-Rhin suivrait les règles nationales et qu’il n’y aurait pas de mesures plus dures appliquées localement.
À l’instar de la FDSEA, le représentant des JA prône une retraite prudente. « On attend quand même les annonces de Gabriel Attal, qui arriveront demain. Si celles-ci ne sont pas satisfaites, on se mobilisera de nouveau. »
Une hausse de 10% du volume d’irrigation
Les syndicats ont pu obtenir certaines avancées suite à un échange avec le secrétaire général de la préfecture du Bas-Rhin, Mathieu Duhamel. Gérard Lorber, secrétaire général de la FDSEA 67, revient sur cet accord :
« On a un volume d’irrigation théorique prévu pour tout le Bas-Rhin, qui est imposé par la préfecture. Si l’on puise dans les rivières, on est limité directement par ce volume alors même que la situation n’est pas critique pour le cours d’eau. On a réussi à obtenir une hausse d’environ 10% de ce volume d’irrigation. »
Les agriculteurs bas-rhinois ont aussi été satisfaits concernant la conversion des prairies naturelles en terres agricoles. Jusqu’à maintenant, pour chaque prairie transformée en champ, les agriculteurs devaient recréer une surface de prairie plus importante. Selon Gérard Lorber, ils sont désormais autorisés par la préfecture à mettre en place une prairie aux mêmes dimensions que celle détruite.
Départ des tracteurs devant la DDT
En parallèle, une soixantaine de membres de la Coordination rurale s’étaient rassemblés devant la Direction départementale du territoire (DDT) à Strasbourg, dès 10h30 ce jeudi. Pour marquer ses différences avec la FDSEA, le syndicat avait organisé sa propre mobilisation. Une quinzaine de tracteurs bloquait la rue Pierre-Montet. « Les fonctionnaires de la DDT connaissent le dossier et comprennent notre mécontentement, ils ont fait remonter nos revendications », résume Germain Krantz, trésorier de l’organisation. « Maintenant, on attend les mesures prises au niveau national pour décider d’une nouvelle mobilisation. »
Vers 15h15, la quinzaine de tracteurs rassemblée devant le bâtiment quitte la DDT et repart à coup de klaxon.
La Confédération paysanne organise sa manifestation
De son côté, la Confédération paysanne, un autre syndicat agricole représentatif, appelle à manifester mardi 30 janvier à 16h place de la gare à Sélestat. « Nous appelons les personnes qui souhaitent un autre modèle agricole à nous rejoindre », annonce Pierre-Luc Laemmel, éleveur de poules, maraîcher et porte parole du syndicat. Il considère important d’avoir d’autres revendications que celles de la FNSEA :
« Nous sommes d’accord avec les revendications sur la rémunération des agriculteurs. Même en circuit court c’est difficile aujourd’hui, à cause du coût de l’énergie. Mais pour nous l’agriculture productiviste, notamment portée par la FNSEA, piège les agriculteurs dans un modèle absurde où ils sont dépendants des prix du marché, d’investissements lourds pour adapter leur outil de production et de charges importantes, avec par exemple le prix des pesticides qui augmente. Nous défendons un tout autre modèle, avec une agriculture paysanne, ayant pour objectif la production d’aliments de bonne qualité et pas juste de répondre aux besoins de l’agro-industrie. »
Pour mettre fin à la crise, le Premier ministre Gabriel Attal devrait faire des annonces ce vendredi 26 janvier, lors d’un déplacement avec le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau.
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