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Fête du Bouddha samedi mais toujours pas de pagode

Le bouddhisme est à la fête ce weekend, au pavillon Joséphine du parc de l’Orangerie. À Strasbourg, on estime à 10 000 le nombre de pratiquants, majoritairement d’origine asiatique. Une pagode prévue à la Robertsau, elle cherche ses financeurs… depuis 11 ans.

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Méditation Zen au temple Kosan Ryumon-ji, à Weiterswiller (Photo Monastère bouddhiste ryumonji)

Il est environ 19h, rue des magasins, près des Halles. Le centre zen de Strasbourg, coincé entre une station de lavage et un coiffeur, voit arriver quelques pratiquants du bouddhisme zen, pour une séance de méditation assise, le zazen. Le silence est d’or, l’immobilité de mise. Les séances de méditations, ouvertes à tous et sans inscription, demandent une participation financière de quelques euros. Pour méditer dans un véritable temple Zen, ou réaliser une retraite, il faut se rendre à Weiterswiller, à une cinquantaine de kilomètres au nord de Strasbourg, au monastère Kosan Ryumon-ji, situé à l’orée d’une forêt.

Le Centre Zen de Strasbourg, rue des magasins (Photo AB / Rue89 Strasbourg)

Expérimenter le zen sans connaître le bouddhisme

Si la ville estime à 10 000 le nombre de pratiquants, pour « maître » Olivier Reigen Wang-Genh, président de la communauté bouddhiste d’Alsace, également vice-président de l’Union bouddhiste de France, l’ajout de la communauté laotienne à Souffelweyersheim porterait le nombre de Bouddhistes à 20 000 dans la CUS. Selon lui, les différentes communautés apportent avec elles un « bouddhisme culturel », indissociable du pays d’origine. C’est « moins le cas » pour le bouddhisme zen, qui séduit entre 1 000 à 2 000 Français de souche dans la capitale alsacienne.

Comme d’autres, maître Wang-Genh a rencontré le bouddhisme par accident :

« C’est un peu une anecdote, mais il y a 40 ans, lors d’une séance d’aïkido où le professeur faisait faire zazen (méditation assise) à ses élèves, avant et après l’effort. Je suis rentré en contact avec le zen de façon très frontale, très directe. Pour moi il n’y avait pas besoin de longs discours, j’ai juste expérimenté. »

C’est peu ou prou le même schéma pour Charles Stéphan, 67 ans, pratiquant le zen, précisant qu’il ne se reconnait pas dans « le Bouddhisme pur ». Il poursuit :

« Le zen, pas le bouddhisme, c’était quelque chose de latent que j’avais pendant ma jeunesse, je n’osais pas passer le pas, puis un jour j’ai poussé la porte, c’était il y a 23 ans. »

Le zen ne nécessite ni pré-requis, ni étude préalable, ni conversion.

Maître Olivier Reigen Wang-Genh (Photo AB / Rue89 Strasbourg)

Le bouddhisme s’intègre, quelque soit la culture

Cette facilité d’accès, on le doit sans doute à la grande souplesse de cette religion avec les cultures qu’elle côtoie, comme l’explique maître Wang-Genh :

« Le bouddhisme est totalement imprégné de la culture en place. La culture thaïlandaise est très différente de la culture japonaise, chinoise ou coréenne. Le bouddhisme a cette souplesse, il s’intègre aux règles en place et les fait siennes. »

Levé l’obstacle de la culture, Olivier Wang-Genh, qui est né à Molsheim en 1955, avance que le bouddhisme est en plus « profondément universel » :

« Le Bouddhisme se focalise sur l’humain. Religion sans foi, sans dieu, sans dogme, sans livre sacré, c’est l’humain qui est le premier concerné par l’expérience du zen. Cela touche à ce qui fait l’essence d’un être humain : le fait qu’il est un corps et un esprit, une conscience. Qu’on soit en Chine, en Inde, en France, aux États-Unis : tout le monde a un corps qui respire et qui pense. On peut donc être alsacien et bouddhiste, ce n’est pas contradictoire. Il y a 30 ans encore on était considérés comme une secte étrange – il faut le dire. Aujourd’hui on est parmi les cultes de la ville de Strasbourg, et c’est une bonne chose. C’est admis comme une grande religion d’Alsace. »

Signe ultime de cette souplesse, même si Olivier Wang-Genh avoue que « cela est un peu étrange », il estime qu’il y a « beaucoup de personnes qui pratiquent la méditation zen en ayant gardé leur religion d’origine et qui ne se considèrent pas eux-mêmes comme bouddhistes ».

Une pagode pour 2015 ?

La pagode actuelle de la communauté vietnamienne, 7 rue de Guebwiller (Photo AB / Rue89 Strasbourg)

Si Olivier Reigen Wang-Genh explique que le centre zen de Strasbourg « convient très bien », cette reconnaissance de culte s’exprimera dans le projet de construire la pagode Phô Hiên pour la communauté vietnamienne. Le projet de cette communauté a été retenu par la Ville parce que c’était le dossier le plus abouti de toutes les communautés bouddhiques.

La Ville a accepté d’apporter une aide financière à hauteur de 10% du projet – estimé au minimum à 2 millions d’euros – couplé avec un bail emphytéotique d’une durée de cinquante ans. Prévue pour s’implanter au 311 route de la Wantzenau (en lieu et place de la petite pagode située 7 rue de Guebwiller), la nouvelle pagode devrait s’étendre sur une superficie de 937 m², disposant d’une salle de prière de 200 m² et d’un jardin ouvert à tous.

Un financement encore à trouver

Bien que la municipalité ait accordé un permis de construire cette année pour un projet en gestation depuis 2002, il reste encore à franchir l’obstacle du financement. Pour Vo Dinh Khanh, chargé des activités culturelles de la pagode, le projet devrait s’achever fin 2015… « en principe ». L’homme explique en effet qu’il est « difficile » de financer ce projet, qui n’existe que sur plans.

En quête d’une éventuelle aide de la Région et du Département, la majorité du projet sera financée par des dons de la communauté, de trois types : les dons des adeptes bouddhistes, les recettes tirées des différentes activités culturelles, ou encore avec l’emprunt de particuliers. D’ailleurs, le 8 juin, la pagode organise la fête de l’anniversaire de Bouddha, ouverte aux adeptes, aux curieux et à toutes les obédiences, qui servira notamment à financer la pagode Phô Hiên.

Un plan de ce que pourrait être la pagode Phô Hiên à la Robertsau

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