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Le festival Premières déplacé de juin à décembre

Le festival de la jeune mise en scène européenne, Premières, fêtait ses 10 ans en 2015, porté par le TNS, le Maillon et le Baadisches Staatstheater de Karlsruhe. Frédéric Simon, Stanislas Nordey et Jan Linders ont annoncé jeudi que Premières ne se tiendrait finalement pas en juin, mais que le festival reviendrait à Strasbourg en décembre 2016 paré de nouvelles ambitions.

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Conférence de presse autour du festival Premières au Club de la Presse, le 10 mars 2016 (Photo M. Bohner / Rue89 Strasbourg)

Le premier message est clair, et c’est Stanislas Nordey, directeur du Théâtre National de Strasbourg (TNS), qui l’annonce : « le festival Premières sous sa forme actuelle disparaît, et ne se tiendra donc pas en juin ». La période de juin ne paraît plus forcément pertinente pour les deux théâtres français : c’est une période peu propice à la fréquentation des publics. C’est aussi le cas pour les professionnels, peu disponibles, alors que l’un des objectifs affichés du festival était de leur présenter des jeunes metteurs en scène dans l’espoir de programmations ultérieures.

De juin il s’agit donc de passer à décembre, un mois, selon Frédéric Simon, directeur du Maillon, « particulier dans l’imaginaire des européens. On y ressent cette angoisse du vivre-ensemble, du partage, de la ré-invention du monde. […] Ce mois est tombé sous la coupe du commerce, il faut se le réapproprier. » Pas de date précise fixée encore, mais le festival 2016 devrait se passer à Strasbourg aux alentours du 15 ou du 20 décembre, avec des navettes depuis Karlsruhe pour en profiter… et faire un tour au marché de Noël par la même occasion, peut-être.

Frédéric Simon, nouveau directeur du Théâtre du Maillon (Photo M. Bohner / Rue89 Strasbourg)

Un festival en deux temps

La mue du festival Premières passe aussi par une scission en deux temps. Il semblait peu pertinent aux trois structures de continuer à mêler un temps, festif et assez ramassé, de représentations, et un temps de recherche artistique plus long et en profondeur. Le Baadisches Staatstheater est particulièrement intéressé par l’aspect « découverte de jeunes metteurs en scène » du festival, afin de les intégrer dans des productions à venir, tandis que les deux maison strasbourgeoises semblent plus concentrées sur l’accompagnement à la formation, à la création et à l’insertion professionnelle des jeunes artistes.

Pour Frédéric Simon, il y avait au Maillon « un manque d’intégration entre un souci d’émergence et la saison elle-même. » En replaçant le festival en décembre à Strasbourg, il revient au cœur des saisons et de la production des créations des deux théâtres strasbourgeois. L’idée est qu’il se poursuive par un deuxième temps de représentations publiques à Karlsruhe, en juin 2017. Cela ne signifie pas que le temps de décembre ne sera pas en lien avec les publics, il s’agira plutôt de changer la nature de ces rencontres, en s’inspirant par exemple du travail que le TNS fait déjà avec l’Autre saison.

Stanislas Nordey, du TNS, et Jan Linders, du Baadisches Staatstheater (Photo M. Bohner / Rue89 Strasbourg)

Modéliser les parcours européens d’artistes singuliers

L’objectif du festival reste la découverte et la promotion de jeunes artistes, en allant au-delà des jeunes metteurs en scènes,  – que plusieurs autres festivals en France soutiennent déjà-. La spécificité de la nouvelle forme de Premières sera d’aller chercher des artistes « qui ne tiennent pas dans les cadres des champs disciplinaires », comme l’explique Frédéric Simon. Aller repérer, dans un vivier principalement français, allemand et suisse, de jeunes artistes interdisciplinaires, et se poser la question de l’insertion professionnelle de ces artistes atypiques dans l’espace européen.

Jan Linders, directeur du Baadisches Staatstheater, l’affirme :

« Le Rhin est un fossé mais aussi un lien entre deux cultures du théâtre. En Allemagne la création se fait avec des troupes fixes, en interne, dans les théâtres, mais il y a peu d’accès à des tournées internationales. »

Certains artistes vont au-delà des frontières européennes, ils ont cette personnalité qui les rends inclassables et internationaux, comme Gisèle Vienne par exemple. Quelles opportunités rencontrent-ils ? Quels problèmes ?

Pour Frédéric Simon l’idée du festival est peut-être de « modéliser quelque chose d’européen entre les systèmes fixes et stables des théâtres d’Europe de l’Est et d’Allemagne et l’aspect plus mouvant et instable des artistes de l’Ouest de l’Europe. » La question de l’Europe et celle des frontières, intellectuelles et physiques, sont au cœur de la réflexion des trois structures.

Stanislas Nordey croit qu’il faut continuer à soutenir la jeunesse, car elle est la clé :

« La jeune création aujourd’hui brise toutes sortes de frontières. Il faut lui donner du temps et des moyens. […] Il faut aussi affirmer l’explosion des frontières au moment où celles-ci ont tendance à se refermer. »

Un rendez-vous de la « petite Europe »

Le rendez-vous de décembre est fixé, il sera, selon Stanislas Nordey, un « point de jonction entre le passé et l’avenir. » L’idée est d’y faire revenir des artistes lancés par Premières il y a maintenant 11 ans, mais aussi des artistes fraîchement débarqués l’année dernière, pour faire un constat, un rapport d’étape sur le festival. Barbara Engelhardt, responsable artistique de la programmation du festival, y jouera un rôle central.

Si les équipes se donnent jusqu’en décembre pour continuer à repenser l’avenir du festival, il est clair qu’elles regardent avant tout dans la même direction : celle d’une « petite Europe », – dixit Frédéric Simon-, réunie autour du bassin rhénan, qui a un rôle à jouer dans l’avenir des jeunes artistes européens – et pour le public de cet espace transfrontalier.


#Festival premières

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