Enquêtes et actualité à Strasbourg et Eurométropole

Festival Nouvelles 2013: la danse dans tous ses états d’âme

C’est déjà la 23ème édition du Festival Nouvelles danse performance, de et à Pôle Sud. Une manifestation d’envergure, unique en son genre, la seule aux alentours permettant d’apprécier ou de découvrir la danse contemporaine avec 22 spectacles et performances du 21 au 31 mai.

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Une programmation dense

Les 10  jours et 15 spectacles du festival Nouvelles 2012 ont attirés près de 3 300 spectateurs. Pôle Sud compte bien faire mieux cette année, avec une programmation encore plus accessible. Il est vrai que le public de la danse d’aujourd’hui se concentre autour d’initiés, de convaincus, mais rares. C’est donc à tous les autres que ce festival s’adresse, histoire de découvrir que la danse prend elle aussi position dans les débats d’aujourd’hui, avec décalage, humour et sens comme le précise Joëlle Smadja, directrice de Pôle Sud :

« L’axe principal de cette année s’interroge d’ailleurs sur la manière dont aujourd’hui se nourrit d’hier, de l’Histoire, de nos souvenirs, de nos origines. »

Le temps du festival sera aussi l’occasion d’aller jeter un œil aux deux expositions organisées en parallèle. La première, « Poilu et coiffée (ou presque) », présentée en collaboration avec la Haute Ecole des Arts du Rhin, prend la forme de dispositifs audiovisuels et d’installations qui revisitent les espaces libres de Pôle Sud.

La seconde, « Warriors-Generation-Europe« , a germé dans l’imagination de Paul Hossfeld, en résidence à Pôle Sud en février dernier. Le projet de ce photographe plasticien? Tirer le portrait aux jeunes, première génération véritablement européenne. Ses portraits en pied vont inonder toute la ville, l’espace public étant le lieu même de l’exposition. Strasbourg sera ainsi la première étape d’un tour d’Europe pour ce projet interdisciplinaire et transnational.

Mardi 21 mai: Voyage en Europe

Un duo pour revisiter le folklore hongrois. (Photo: Grégory Batardon)

Le festival s’ouvre sur « JINX103″,  duo miroir de Jozsef Trefeli et Gabor Varga, deux danseurs issus de la diaspora hongroise. Leur pari ? Revisiter à la sauce moderne et dépouillée la « czardas », une danse traditionnelle hongroise basée sur les percussions corporelles dont ils tirent toute leur virtuosité.

  • JINX103, mardi 21 mai à 19h, Pôle Sud Studio. Durée: 20 mn (également le mercredi 22 mai à 15h, médiathèque de la Meinau).
From B to B: jeux de mots et de corps. (Photo: Ros Ribas)

Même soirée, autre duo : Angels Margarit, chorégraphe espagnole pionnière de la nouvelle danse des eighties, rencontre le suisse Thomas Hauert, presque une génération d’écart dans son approche du mouvement. Leur spectacle, « From B to B« , comprenez de Barcelone à Bruxelles (ou inversement), confronte justement dans des jeux de corps et de mots ces gestes de deux cultures, chacun tentant d’entrer dans l’univers de l’autre dans une danse entièrement improvisée sur scène.

  • From B to B, mardi 21 mai à 20h30, Pôle Sud Plateau. Durée: 1h

On termine cette première journée avec François Verret, qui a imaginé « Chantier 2014/2018« , des études pour percussions voix et gestes à partir de la guerre 14-18. Des paysages-mémoires surgissent, entre poésie et engagement, et interrogent le présent, notre regard sur lui, notre manière de le (dé)construire…

  • Chantier 2014/2018, mardi 21 mai à 22h30, Pôle Sud Studio. Durée: 50 mn

Mercredi 22 mai: interrogeons l’art

« Les Etonnistes« , c’est un drôle de quatuor pensé par la chorégraphe Stéphanie Aubin. Sa question: l’art est-il indispensable? Pourquoi ne pas se la poser mutuellement? Elle a ainsi imaginé un dispositif subjectif et ludique, qui relie le public et les artistes par des casques et micros, par des récits et des confidences. Une tentative originale, créée grâce à la complicité des 4 artistes sur scène (Yan Duyvendak, Chloé Moglia, Julie Nioche, Michel Schweizer), tous d’horizons artistiques différents, mais qui repose surtout sur la participation du public.

  • Les Etonnistes, mercredi 22 mai à 20h30, Pôle Sud Plateau. Durée: 1h
Une histoire de la danse à partir de la 5ème position. (Photo: Eric Boudet)

Andrea Sitter est issue de la danse classique, et c’est en connaissance de cause qu’elle interroge l’équilibre précaire de la fameuse cinquième position, dans un solo plein de grâce et de fantaisie: « La 5ème position, une chronique dansée« . A partir de cette posture qui vous tord les jambes, elle revisite l’histoire de la danse.

  • La 5ème position, une chronique dansée, mercredi 22 mai à 22h30, Pôle Sud Studio. Durée: 55 mn

Jeudi 23 mai: hommage à Joplin

JJ’s Voices: hommage énergique à Janis Joplin. (Photo: Carl Thorborg)

Cocktail explosif que cette rencontre entre le Ballet Cullberg de Stockholm et le danseur et performeur canadien Benoît Lachambre, qui a concocté « JJ’s Voices« , un hommage à Janis Joplin. Hommage graphique et chorégraphique, où la danse naît de toutes les suggestions de la musique et des inflexions de voix si particulières à l’icône pop.

  • JJ’s Voices, jeudi 23 mai et vendredi 24 mai à 20h30 au Maillon Wacken. Durée: 1h

Vendredi 24 mai: danses africaines, loin des clichés

Regarde-moi encore: variation autour de la femme. (Photo Antoine Tempé)

Place à la danse de création d’Afrique avec 2 représentations aux identités fortes et engagées. Fatou Cissé d’abord, avec un solo intitulé « Regarde-moi encore« . Avec poésie et puissance, elle interprète toutes les femmes, leur rapport à la beauté, à la tradition, à l’injustice, le tout dans un silence criant d’efficacité. Place ensuite au danseur et chorégraphe Andreya Ouamba, avec « Step out /2« , issu de la même compagnie que Fatou Cissé, 1er Temps. En duo avec le musicien Amel Malonga, il crée un dialogue de grande maîtrise et de douceur, où notes et corps se répondent parfaitement.

  • Regarde-moi encore et Step out /2, vendredi 24 mai à 20h30, Pôle Sud Plateau. Durées: 35 et 25 mn.

De la danse… sur grand écran. Voilà de quoi finir la journée autrement avec le film « Les gens qui refusent » de Jonathan Debrouwer. Fruit d’une résidence d’un mois à Dakar avec la cie 1er Temps, le film présente une série de performances dansées dans un quartier en pleine mutation, dont les décors ont inspirés des chorégraphies du quotidien.

  • Les Gens qui refusent, vendredi 24 mai à 22h30, projection devant Pôle Sud. Durée: 1h

Samedi 25 mai: folklore revisité

Originalité et partage sont les maîtres mots de « Folk d@nz process« , ou comment donner un efficace coup de fouet à la danse traditionnelle alsacienne. En la considérant comme une possibilité de créations contemporaines pardi! C’est autour de cette idée commune que se sont rejoints deux groupes originellement aux antipodes: Le Grand Jeu, troupe de danseurs professionnels et improvisateurs, et D’Kochloeffel, troupe de danseurs amateurs spécialisés dans la danse folklorique bien de chez nous. Comment partager ces pratiques très différentes? Comme réinvestir un patrimoine de ce type? Réponse samedi…

  • Folk d@nz process, samedi 25 mai à 17h, esplanade de la médiathèque André Malraux. Durée: 30 mn

Dimanche 26 mai: une journée très particulière

Pour la 4ème année consécutive, Pôle Sud renouvelle son partenariat avec le Frac Alsace afin d’organiser ce qu’il est bien légitime d’appeler la journée particulière, dédiée à la performance. D’autant plus particulière pour cette édition, puisqu’elle initie de nouvelles collaborations avec le musée de la Folie Marco, la Ville d’Andlau, l’association pour la restauration du château du Spesbourg et l’association des amis du château d’Andlau.

  • A 11h30 au Frac Alsace à Sélestat, « Comme un gant » présente l’inattendu duo d’une sculpture en forme de tranche de gruyère de Yvan Clédat et d’une danseuse, Coco Petitpierre. Dans ce corps à corps de l’humain et de l’objet, on ne sait plus très bien qui tente de s’enrouler dans l’autre. Rire garanti.
  • A 12h15, déjeuner bonne franquette: chacun amène de quoi se sustenter, tout est mis en commun, et Pôle Sud et le Frac s’occupent des boissons!
  • A 13h30, toujours au Frac, conférence-performance de Guillaume Désanges, « Signs and Wonders ». Une étude subjective et pas ennuyeuse du tout sur l’art moderne, abstrait, minimal, révélant les liens entre art et culture, art et Kabbale, coïncidences et symboles…Le tout pensé comme une enquête, à la recherche du « Da Vinci code » de l’art moderne, illustrée d’ombres chinoises et visant la démystification d’un regard souvent élitiste sur l’art. Edifiant.
« Micro-événement n°27 /Spring Wedding », École régionale des Tsuneko Taniuchi s’amuse du mariage pour tous! Beaux-Arts de Rouen, 2005 (Photo Tsuneko Taniuchi)

 

  • A 15h, au Musée de la Folie Marco à Barr, place à la performeuse japonaise Tsuneko Taniuchi pour un évènement on ne peut plus actuel: « Mariages au musée de la Folie Marco ». Femme, homme, en groupe, tout le monde pourra épouser cette artiste spécialiste des « micro-évènements » qui interrogent la société. Au programme, remise de certificats, photos, gâteau et bal. Surtout, une bonne dose d’humour pour désacraliser un sujet sensible, dont on questionnera le sens par la répétition de l’action.
Des Blanche-Neige à foison, et pas si gentilles qu’il n’y paraît ! (Photo Marc Domage)

 

  • A 16h30 au Château du Spesbourg à Andlau, la chorégraphe Catherine Baÿ investit les ruines avec une troupe de Blanche-Neige, toutes identiques et toutes uniques, sorties comme par magie du dessin-animé et du conte éponymes pour venir se replacer dans des contextes aussi drôles qu’inattendus, loin de l’image lisse et naïve que l’on pourrait attendre. Ce sera enfin au tour d’Androa Mindre Kolo, chorégraphe congolais, d’investir ces ruines qui deviendront une réminiscence de la case de son enfance. Le paysage, les croyances, les valeurs de son passé ressurgiront dans cette pièce chorégraphique et graphique pleine de sensibilité.

Mardi 28 mai: danser et douter

Etranger au paradis: une chorégraphie audio-guidée. (Photo : anima production)

Après l »Happy manif », pièce participative organisée l’an passé, David Rolland récidive avec « L’Etranger au paradis« , pièce originale pour 12 danseurs. Le principe? Faire évoluer les danseurs sur des espaces graphiques géométriques, sortes de labyrinthes imaginaires, mais tout en les privant de la mémoire des gestes. Comment dansent-ils alors dans cette succession de tableaux? Par audio-guidage!

  • L’Etranger au paradis, mardi 28 mai à 20h30 au théâtre de Hautepierre. Durée: 1h

Mercredi 29 mai: pousser à bout

Twin paradox: le duo, jusqu’à épuisement. (Photo: Marc Coudrais)

Avec « Twin paradox« , la chorégraphe Mathilde Monnier – habituée de Pôle Sud – interroge nos façons d’être ensemble par l’exploration de toutes les possibilités du duo, de la fusion à la révolte, tout en s’inspirant dans danses-marathons nées aux Etats-Unis dans les années 20. La durée, l’effort, la fatigue, sont autant d’ingrédient essentiels pour ce manifeste d’une époque de l’épuisement.

  • Twin paradox, mercredi 29 et jeudi 30 mai à 20h30 au Maillon-Wacken. Durée: 1h50
Le Cabaret discrépant, une conférence peu commune. (Photo: E. Carcchio)

Comment présenter le cabaret d’Olivia Grandville, « Le Cabaret discrépant« ? L’adjectif d’abord: discrépant signifie divergent, discordant. C’est en effet le but recherché: pour imaginer cette pièce loufoque, canaille et joyeusement confuse, la chorégraphe s’est inspirée d’Isidore Isou, fondateur du mouvement lettriste. Il s’agit ici de renverser la création chorégraphique par une conférence dansée pleine d’humour et de décalage, conviant les 6 interprètes en scène à danser l’indansable. Et pourquoi pas un ballet de lèvres ou d’orteils? Savoureux.

  • Le Cabaret discrépant, mercredi 29 mai à 20h30, Pôle Sud Plateau. Durée: 1h20
Un autre monde est possible avec Martin Schick. (Photo : Aria Dil)

Pour poursuivre dans le renversement des valeurs, quoi de mieux que l’artiste suisse Martin Schick, qui s’est fait une spécialité de la science-fiction politico-sociale? Avec « Not my piece« , il se lance dans un vaste projet, précisé dans le sous-titre du spectacle: « le post-capitalisme pour les débutants ». Avec la complicité du danseur grec Kiriakos Hadjiioannou et de matériaux aussi visionnaires qu’absurdes, il nous offre une démonstration édifiante de post-capitalisme, car un autre monde est possible, il en est persuadé.

  • Not my piece, mercredi 29 mai à 22h30, Pôle Sud Studio. Durée: 1h30.

Vendredi 31 mai: nouvelles stars

Fauves, variations autour de l’adolescent. (Photo: Frédéric Desmesure)

Mise en oeuvre et en scène par Michel Schweizer, « Fauves » est une pièce pas comme les autres: elle ne regroupe que des adolescents recrutés selon leurs talents, musique, danse ou chant. Dans cette comédie musicale parcourue d’ombres chinoises, « le jeune » se positionne en meute et mène la danse, de la  consommation aux réseaux sociaux, des adultes à la manipulation. L’engagement, les relations sociales, les clichés… Fauves interroge l’étoffe des jeunes avec humour et conscience.

  • Fauves, vendredi 31 mai à 20h30, Pôle Sud plateau. Durée: 1h45.
  • Clôture du festival vers 22h30

 

Y aller

Covoiturage: Pôle Sud s’associe au CG du Bas-Rhin pour favoriser le covoiturage, notamment lors de la Journée particulière: RDV sur www.bas-rhin.fr/covoiturage.
Billetterie et programme en ligne: www.pole-sud.fr
Tarifs:
– spectacles à 20h30: de 5.50 à 21 €
– spectacles à 22h30: 5,50 € tarif réduit, 8€ tarif unique.
– abonnements: à partir de 3 ou 5 specatcles ou abonnement carte culture.
Spectacles en entrée libre sur réservation: JinX103 et Une Journée particulière.


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