Festival : Jazzdor en fusion

Jazzdor s’est toujours posé en vecteur d’ouverture vers le jazz d’aujourd’hui, proposant des musiques vivantes et engagées, des créations, tentant au mieux d’éviter la radicalité mais aussi les tonalités trop consensuelles. En somme, dans la mesure du possible, contourner un jazz à papa susceptible d’être trop poussiéreux mais aussi des expérimentations peut-être trop clivantes et réservées à des amateurs éclairés d’un jazz très (trop ?) contemporain. Voilà d’ailleurs ce qu’explique Philippe Ochem, directeur de Jazzdor, en présentation du festival :

« Nous pourrions chaque année vous faire entendre du formaté, du déjà entendu, du rassurant. Ouvrir une porte en sachant ce qui se trouve de l’autre côté nous a toujours semblé vain. Les musiciens et le public doivent avoir le même courage et ainsi participer de la même expérience : se jeter dans l’inconnu […] à la découverte de sons organisés au moment où ils naissent [car] les musiciens que nous choisissons chaque année portent l’histoire du jazz et s’en affranchissent à la fois. Leurs mentors ont monté sur leurs épaules pour mieux voir le défilé et ainsi leurs héritiers purent voir plus haut, plus loin, continuer à inventer le jazz. »

Au programme, donc, Jazzdor 2013 entamera sa quinzaine (le 8 novembre) avec une valeur sûre, presque un sénior, inscrite depuis toujours dans la mobilité et le défrichage. A 67 ans, Dave Holland a traversé les âges et côtoyé les légendes : Miles Davis, Wayne Shorter, Herbie Hancock, John McLaughlin, Chick Corea, Stan Getz ou encore John Abercrombie. Sideman ou leader, l’Anglais ne lève jamais le pied, au coeur, aujourd’hui, de son Prism Quartet composé d’un trio d’Américains bien groovy (Craig Taborn aux claviers, Kevin Eubanks le virtuose de la six cordes et Eric Harland l’un des jeunes batteurs les plus en vue du moment) :

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S’encanailler avec les Italiens

Pour vous encanailler et sortir décoiffé et entièrement vidé d’une soirée de folie, aucune hésitation, marquez d’une immense croix le mardi 12 novembre. A la manœuvre, un trio italo-américain tout feu tout flamme qui propose son journal de bord, « Giornale di bordo » !

Avec son expression de pirate renfrogné coiffé d’un foulard rebelle, Antonello Salis virevolte avec génie du piano à l’accordéon tandis que Paolo Angeli délivre des rythmes sardes sur sa guitare magique. Le troisième larron, Hamid Drake, lui, officie à la batterie et aux percussions, distillant d’incandescents rythmes afro-américains :

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Impro sans filet avec Boi Akih

Le lendemain, le 13 novembre, Boi Akih et Rubatong illumineront la scène de Pôle Sud lors d’une théma néerlandaise ; Boi Akih, c’est de l’impro quasiment sans filet, entre blues, folk, jazz, avant-garde et traditions indienne et africaine, l’ensemble étant porté par le chant de Monika Akihary et le langage du guitariste Niels Brouwer. Quant à Rubatong, c’est un groupe bâtard qui donne dans le blues d’aujourd’hui, autour du magnétisme de Han Buhrs, incontournable bête de scène batave, et de la folie basse de l’ex-pièce maîtresse des grands punks barrés des Pays-Bas, Luc Ex.

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Comme bien souvent à Jazzdor, Louis Sclavis viendra pour renouveler son abonnement quasi-annuel, jouant cette année avec son Atlas Trio (Gilles Coronado et Benjamin Moussay) et le percussionniste iranien invité Keyvan Chemirani (le 16 novembre à Offenbourg). Jazzdor 2013, c’est aussi le tout nouvel Infinity Quartet du sax ténor David Murray avec, notamment, l’ex-pianiste d’Abbey Lincoln, Marc Cary (le 19 novembre), ainsi que le 40è anniversaire de l’excellent Ethnic Heritage Ensemble, créé et toujours mené par le génial et fringant Kahil El’Zabar :

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Précisons enfin que Jazzdor ne se cantonne pas qu’à la sphère jazzistique strasbourgeoise. Le festival vit dans la région entière et franchit même le Rhin à l’occasion de soirées Jazzpassage, direction la Reithalle d’Offenbourg. C’est ainsi que Jazzdor s’inscrit par exemple au relais culturel de Wissembourg, à la salle du Cercle de Bischheim, à la Filature de Mulhouse, à la MAC de Bischwiller, à la Maison des Arts de Lingolsheim, au Cheval Blanc et à la salle des Fêtes de Schiltigheim ou encore au Musée Würth France d’Erstein. A Strasbourg, Jazzdor c’est évidemment à Pôle Sud ainsi qu’à l’auditorium de la cité de la musique et de la danse, à la médiathèque Olympe de Gouges, au CEAAC, en l’église Saint-Jean et au cinéma Star des des ciné-concert et ciné-conférence.