À Strasbourg, l’association Regain soutient les femmes et les enfants victimes de violence depuis 1933. C’est désormais terminé : lundi 27 juin, la chambre commerciale du tribunal de grande instance de Strasbourg a placé l’association en redressement judiciaire, deux mois après avoir été déclarée en cessation de paiement. D’ici la fin du mois d’août, l’association sera soit fermée, soit reprise.
Chaque année, Regain vient en aide à plus de 160 femmes et enfants victimes de violences. De la prise en charge immédiate, souvent en état de choc, à l’accompagnement administratif ou à l’aide au relogement, l’association suit les personnes durant trois mois à trois ans, en fonction des situations. S’ajoute à ce chiffre les personnes mises en relation grâce au 115, pour une aide immédiate et éphémère : 1 100 nuitées ont été passées dans les locaux de l’association en 2015.
Et pendant ce temps, les violences continuent
Un monde géré par 13 employés et suivi par une présidente, Geneviève Daune-Anglard. Elle était au tribunal lundi matin, pour entendre la décision de la chambre commerciale :
« Pendant ce temps, aux Assises, juste à côté, il y avait l’audience d’un homme jugé pour tentative de meurtre sur sa femme et violences sur son enfant de 15 ans. »
Elle explique la situation, émue et, surtout, très énervée par ce qu’elle considère comme une injustice criante. Lors de la dernière semaine du mois de janvier, le Conseil départemental a décidé de couper court dans les subventions des associations d’aide sociale et d’hébergement d’urgence. Pour Regain, ce retrait représente une perte de 130 000 euros sur un budget total de 700 000 euros.
Pas de compensation des autres collectivités
Ni l’État, ni l’Eurométropole n’ont décidé de prendre en charge cette perte de recettes de l’association. Aujourd’hui, Geneviève Daune-Anglard ne voit plus de porte de sortie favorable à la survie de l’association :
« Le problème c’est que, quand on a appris en janvier que nous n’aurions plus ces subventions dans notre nouveau budget, on avait très peu de temps pour se retourner. Nous aurions pu réussir si nous avions été avertis en septembre. Simplement, il y avait les élections régionales et personne ne voulaient pas faire de vagues, alors le Département a annoncé cet arrêt des subventions juste après. Pour Regain, c’est l’arrêt de mort. »
Pour les salariés de l’association, la situation est d’autant plus frustrante que la situation financière de l’association avait été assainie ces quatre dernières années : la dette de l’association s’est réduite de 280 000 euros en 2011/2012 à 45 000 euros en 2015. Les 13 employés organisent une manifestation, mardi 28 juin, en affichant des pancartes dans et aux abords des locaux. Geneviève Daune-Anglard commente :
« Il y a un véritable manque de respect vis a vis des salariés et du public qu’on accueille, dans la façon dont les choses sont gérées. Les élus prétendent qu’ils vont chercher un repreneur. Mais si c’est le cas, on est pas certain qu’il conserve tous les postes. Sept salariés ont plus de cinquante ans. On ne peut pas « ubériser » le travail social, il faut un minimum de personnel et de temps à passer avec le public accompagné. »
Le 22 août, Regain sera à nouveau appelée devant la justice commerciale. Cette-fois pour décider de son éventuelle liquidation judiciaire.
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