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Sexuées et animales, les « femmes fatales » de Tomi Ungerer

Présenter Tomi Ungerer n’est pas chose facile, présenter son œuvre l’est encore moins. Un étonnant registre thématique, une variété stylistique et une dynamique de la métamorphose sont les éléments qui caractérisent l’œuvre de cet auteur-illustrateur.

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Tomi Ungerer, sans titre, dessin pour Les Carnets secrets de Tomi Ungerer, 1964. Encre de Chine sur papier. Collection Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Strasbourg © Diogenes Verlag AG Zürich \ Tomi Ungerer. Photos : Musées de Strasbourg/Mathieu Bertola

L’œuvre de Tomi Ungerer puise tout naturellement son inspiration, certes dans le territoire alsacien, mais également dans l’espace rhénan, au-delà des frontières avec des artistes tels que Dürer, Schongauer et Doré (dont je vous rappelle l’exposition Doré & Friends en ce moment même au Musée d’Art moderne et Contemporain de Strasbourg). Il serait donc absurde de cantonner le travail de Tomi Ungerer à une catégorie ou un seul style.

Alors, à chaque nouveau dessin correspond-il un nouveau style ?

Tomi Ungerer, « Sophisticated », dessin pour America, 1974. Crayon gras et encres de couleur. (Collection Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Strasbourg © Diogenes Verlag AG Zürich \ Tomi Ungerer. Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola)

Actuellement, le Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration entame sa septième année d’existence et présente au public son dix-neuvième accrochage. À cette occasion, les thèmes de la femme et de l’érotisme sont mis à l’honneur.

La figure de la femme est un véritable leitmotiv dans l’œuvre de l’artiste. Elle est un personnage central autant dans ses livres pour enfants, dans la publicité, les cartoons, les croquis que dans ses dessins érotiques ou satiriques. Elle est un sujet dont l’artiste s’est saisi et se saisit encore. Fatale, séduisante, sensuelle, incomprise, méchante ou animale ; Proches ou anonymes ; toutes se bousculent sur les murs du musée.

Le titre de l’exposition n’est pas choisi au hasard. « Femmes fatales » est le titre d’un recueil de dessins érotiques publié en 1984 sous un pseudonyme. Aujourd’hui l’artiste ne se cache plus et dévoile la sensualité voir l’animalité sous les traits du crayon. Il passe au crible les êtres humains, la société et ses valeurs.

Tomi Ungerer, sans titre, dessin inédit pour Tomi Ungerers Frauen. Zeichnungen 1956-1983, 1984. Crayon gras et encre de couleur. (Collection Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Strasbourg © Tomi Ungerer. Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola)

Toutes ces femmes ont été savamment observées et deviennent de purs objets de curiosités. Des femmes de toutes les conditions sociales, de tous les âges, carriéristes, mondaines ou au foyer. Tomi Ungerer égratigne, effleure, caresse chacune d’entre elles, sans jamais les dénigrer ou les rabaisser. Finalement, par l’intermédiaire de sa verve graphique cinglante l’artiste nous propose dans The Party, une sorte de radiographie impitoyable de la high society Américaine.

Tomi Ungerer : grand observateur

Environ 200 dessins originaux sont présentés comme pour leur rendre hommage. Ces dessins deviennent les souvenirs de son vécu, de ses rencontres et de ses périodes artistiques. Dans le New York Times Magazine, lors d’un entretien avec la journaliste Selma G. Lanes en mai 1982 l’artiste se confiait :

“Le dessin est la forme la plus directe et la plus personnelle de l’expression graphique”.

Tomi Ungerer, sans titre, dessin pour le livre The Party, 1966. Encre de Chine. (Collection Musée Tomi Ungerer – Centre international de l’Illustration, Strasbourg © Diogenes Verlag AG Zürich \ Tomi Ungerer. Photo : Musées de la Ville de Strasbourg / Mathieu Bertola)

Effectivement, Tomi Ungerer, comme un enfant, ne passe pas par quatre chemins. Cruel mais pas malveillant, l’artiste est décidemment un grand observateur, un grand critique et un grand inventeur graphique. Plusieurs sections viennent montrer les périodes de l’artiste, les femmes sont mises en scènes, parfois très sexuées, souvent animalisées, souvent croquées dans des mondanités. En tout cas s’ils ne font pas rire, ses dessins font sourire, mais pas seulement. Ils nous transportent au cœur d’une société et d’un trait de crayon extrêmement singulier.

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