Impossible d’oublier le visage de Stella Guitton au lendemain du meurtre de sa mère : filmée par France Bleu Alsace dans la matinée du 11 novembre 2019, elle exprimait sa colère, les yeux rougis par les larmes : « Cela fait trois, quatre ans qu’elle est rouée de coups, qu’elle n’a jamais voulu parler par peur pour elle et pour le défendre. On voit où ça mène aujourd’hui ». Moins d’un an et demi plus tard, jeudi 13 et vendredi 14 janvier, Jacky Walter sera jugé par la cour d’assises du Bas-Rhin à Strasbourg. L’ex-mari de Sylvia Auchter est accusé de meurtre sur conjoint. Il encourt une peine de prison à perpétuité.
« Un manque d’empathie flagrant »
« Il a reconnu les faits, mais il y a un manque d’empathie flagrant de la part de l’accusé », affirme l’avocat des parties civiles, dont la fille et les deux sœurs de Sylvia Auchter, Me Maxime Bordron. Selon lui, « l’accusé se réfugie derrière l’alcool et l’amnésie. Il était connu pour avoir l’alcool violent, et ce soir là il était alcoolisé. Il parle de coup de folie suite aux insultes de son épouse… C’est très flou. »
Le procès est prévu pour durer deux jours. Lors de la première journée, lecture sera faite de la synthèse du dossier, l’ordonnance de mise en accusation, la description de la personnalité de l’accusé. Jacky Walter sera ensuite interrogé sur sa personnalité et son passé. Les proches de l’accusé seront aussi entendus, de même que les témoins directs du féminicide, comme Stella Guitton, son compagnon et un ami.
Le lendemain, les experts psychiatres et psychologues et le médecin légiste feront la synthèse de leur rapport. Jacky Walter sera ensuite interrogé sur le déroulement de faits, avant les plaidoiries des avocats.
« Elles attendent encore des explications »
« Ce procès permettra à la fille et aux sœurs de Sylvia Auchter de faire leur deuil. Face au mutisme de l’accusé, elles attendent encore des explications qu’elles n’ont pas forcément eues pendant l’instruction. C’est vraiment un processus très important, d’où le fait qu’elles attendent ce procès depuis de longs mois », indique Me Maxime Bordron.
Suite au féminicide, le directeur général de la police nationale avait commandé un rapport de l’Inspection Générale de la Gendarmerie Nationale (IGGN). Selon l’avocat de Stella Guitton, qui a eu accès à cet audit, « les investigations faites n’ont pas permis de relever des défaillances majeures qui auraient pu entrainer la responsabilité des gendarmes. »
Contacté, l’avocate de l’accusé Jacky Walter n’a pas donné suite à notre demande d’interview.
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