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Faute de moyens, les « vacances apprenantes » peinent à cibler les élèves décrocheurs

Annoncé début juin par le ministre de l’Education nationale, le plan « vacances apprenantes » doit permettre aux élèves de 7 à 17 ans, de pallier le retard pédagogique pris pendant le confinement. Le point sur un dispositif laissé à la bonne volonté des établissements dans l’académie de Strasbourg.

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« Les élèves les plus éloignés de l’école n’ont pas pu être impliqués dans cette opération malgré les efforts déployés », regrette Jacques Schweitzer, principal au collège Solignac de Strasbourg. Initié en juillet, le dispositif « école ouverte » se poursuivra au mois d’août. Il prévoit un renfort scolaire pour les écoliers, collégiens et lycéens le matin et des activités culturelles, artistiques ou sportives les après-midis. Mais les équipes pédagogiques n’ont pas toujours pu prioriser l’accès aux élèves décrocheurs ciblés par l’Éducation nationale.

« Les élèves les plus éloignés de l’école n’ont pas pu être impliqués dans cette opération malgré les efforts déployés », regrette Jacques Schweitzer, principal au collège Solignac de Strasbourg.

Sur son site internet, le rectorat se félicite d’avoir multiplié par cinq le nombre d’établissements mobilisés par rapport aux années précédentes. Mais les 150 structures actives cet été semblent bien peu par rapport aux plus de 1 500 établissements de l’académie de Strasbourg, de l’école primaire au lycée. 8 000 élèves y sont attendus. 

Au programme : remise à niveau le matin, activités sportives et culturelles l’après-midi 

À Lezay Marnesia dans le quartier de la Meinau, une dizaine de professeurs ont répondu présents à l’appel de la direction. Du 24 au 28 août, ce collège se muera en « école ouverte ». Fonctionnant en réseau avec les écoles de la Canardière, de la Meinau et de Jean Fischart, l’équipe pédagogique a prévu d’accueillir jusqu’à 200 élèves de Cycle 3 (CM1, CM2, 6ème). 

Au cours de la semaine, des stages de remise à niveau seront assurés pour les matières fondamentales, le français, les maths et l’histoire-géo. En prévision de la rentrée, l’objectif est de « rétablir un esprit de travail et de la rigueur », selon Ariele Gary, cheffe de l’établissement. 

Les après-midis, les élèves du réseau pourront s’essayer au graffiti avec l’artiste strasbourgeois Jako ou esquisser quelques pas de flamenco. Des sorties culturelles permettront aux plus jeunes d’apprendre à s’orienter en pleine ville. Toutes ces activités seront gratuites. Les comédiens du théâtre national de Strasbourg offriront aussi une lecture de l’Odyssée aux élèves et concluront la semaine par une représentation gratuite et ouverte aux habitants du quartier, au LAC (lieu d’art et de culture de l’établissement).

Un dispositif sur la base du volontariat

L’ensemble du plan repose sur le volontariat des professeurs. Avec les enseignants, la direction de l’établissement organise son propre projet d’accueil et définit le nombre d’enfants qu’elle est en capacité d’accueillir :

« Pour le moment, ce qui est surtout compliqué, c’est de faire venir les élèves, explique Fabrice Copyloff, enseignant syndiqué CGT au collège Sophie Germain de Strasbourg. On a été en « école ouverte » pendant deux semaines, début juillet, mais tout s’est décidé fin juin, alors qu’une bonne partie des collégiens n’étaient pas revenus en classe à la sortie du confinement. C’était un peu précipité, donc la communication autour du dispositif n’a pas été très efficace » 

Fabrice Copyloff, enseignant syndiqué CGT au collège Sophie Germain à Strasbourg

« On n’a pas eu le temps de souffler », estime pour sa part Ariele Gary. Classé REP, son collège est rompu au dispositif déployé chaque année aux vacances d’octobre et avril. « Cette année est particulière au niveau du délai court de mise en place et du besoin des élèves ». Ce qui change, c’est « l’engouement suscité par les propositions de vacances apprenantes » explique de son côté Jacques Schweitzer. Proche du Polygone, son établissement formera lui aussi « une école ouverte » pour la dernière semaine d’août.

Difficile de cibler les élèves décrocheurs

L’Éducation nationale a souhaité cibler en priorité les élèves décrocheurs, mais en laissant la responsabilité aux équipes pédagogiques, « car elles sont au plus près des familles », explique le Rectorat. Sur les 600 élèves du collège Lezay Marnesia, un contact téléphonique a été maintenu une à deux fois par semaine durant le confinement, affirme la cheffe d’établissement. Elle se félicite d’un « taux de retour des élèves de 80% à partir du 22 juin (école obligatoire à cette date, ndlr) » Toutefois la période a constitué une « fracture » pour la plupart des élèves qui ont dû suivre sur leur téléphone, des enseignement virtuels, poursuit-elle :

« Il est difficile d’évaluer qui a travaillé parmi les élèves. Certains élèves qui étaient absents reviennent avec des cahiers de devoirs remplis. D’autres disent avoir travaillé, mais pour nous faire plaisir. D’autres ont travaillé mais pas dans toutes les matières ».

Les moyens en place n’ont pas permis, selon elle, de cibler spécifiquement ces élèves décrocheurs. Même sentiment du côté du principal du collège Solignac :

« En tout une cinquantaine d’élèves ont répondu à cette proposition qui n’a trouvé d’écho que chez les élèves dont la famille acceptait déjà le principe de rescolarisation. Ce qui signifie que les élèves les plus éloignés de l’école n’ont pas pu être impliqués dans cette opération, malgré les efforts de conviction déployés »

Jacques Schweitzer, principal au collège Solignac à Strasbourg.

Les écoles Reuss 1 et 2, Schongauer, Ziegelwasser, les collège Hans Arp, Sophie Germain et Louise Weiss et les lycées Coufignal participent aussi au dispositif. Le rectorat n’a pas fourni une liste exhaustive des structures participantes. Il invite les parents à contacter directement l’établissement de l’élève pour toute inscription.

Des « colos apprenantes »

En plus de ces écoles ouvertes, les lycées professionnels volontaires ouvrent également leurs portes aux lycéens afin de renforcer leurs compétences professionnelles et générales dans le cadre de « l’été du pro ». « L’école buissonnière » offre quant à elle, de courts séjours organisés en zone rurale « avec une priorité donnée à l’éducation au développement durable », annonce le rectorat de Strasbourg.

Enfin, des « colos apprenantes » doivent accueillir jusqu’à 12 000 enfants et jeunes dans le Grand Est. Dans le Bas-Rhin, 21 colonies labellisées « apprenantes » sont proposées pour des enfants et des jeunes de 6 à 17 ans. Parmi elles, une semaine de découverte des étoiles à Belmont début août, suivie de huit jours autour des contes et des spectacles dans le même centre de loisirs, ou encore des activités en plein air à la Maison de la Nature du Ried et de l’Alsace centrale, à Muttersholtz. L’inscription aux « colos apprenantes » est possible ici.


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