Strasbourg serait-elle une zone d’affrontements entre manifestants et policiers ? On pourrait le croire à la vue d’une carte, partagée massivement sur Internet, via les réseaux sociaux Facebook et Twitter depuis mi-février.
Celle-ci montre une quarantaine de villes soi-disant touchées par des heurts violents, dans le sillage de l’affaire Théo, ce jeune homme de Aulnay-sous-Bois hospitalisé après avoir été blessé par un policier lors d’un contrôle. Strasbourg figure sur cette carte, comme Mulhouse, Lille, Rennes, Paris ou Marseille. La publication s’interroge sur la non-médiatisation (suspectée volontaire) de tels événements.
Une carte de 2005
En réalité, comme l’a démontré l’initiative de vérification de l’information CrossCheck, dont Rue89 Strasbourg est partenaire, cette carte ne présente pas les affrontements actuels : elle a douze ans. Une vérification a permis de retrouver l’image d’origine, publiée dès novembre 2005 dans un article du tabloïd anglais The Daily Telegraph. L’article n’est aujourd’hui plus en ligne mais on peut également la retrouver dans un article de The iPinions Journal, un média en ligne anglophone d’opinion, qui rendait compte de manière déformée des vagues de révoltes dans les banlieues françaises en 2005.
Déjà à l’époque, cette carte était inexacte : le site Hoaxbuster, spécialisé dans le démantèlement de fausses informations, a retrouvé une infographie du Parisien qui regroupe les véritables lieux d’affrontements en 2005. Strasbourg était concernée comme une cinquantaine de villes.
Strasbourg, une « no go zone »
La publication de la fausse carte a été partagée plus de 12 000 fois sur Facebook. Ce n’est pas la première fois que cette fausse carte circule sur Internet depuis sa création. Elle a aussi été reprise par les partisans de Donald Trump aux États-Unis avant son élection en novembre 2016, pour alimenter le fantasme autour des zones de non-droit (ou « no go zones » inventées par la chaîne conservatrice américaine Fox news) en France.
Republiée aujourd’hui, elle est cependant toujours aussi fausse, ce qui ne l’empêche pas d’être partagée et repartagée. Les affrontements entre manifestants et policiers suite à l’affaire Théo sont bien réels, mais ils se sont cantonnées à la région parisienne et Strasbourg n’a jamais été concernée. Seule une manifestation pacifique, ayant regroupé une centaine de personnes le 11 février, a été organisée dans la capitale alsacienne.
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