Fabienne Keller s’est dit « prête à agir ». A l’issue d’un discours d’entrée en campagne qui n’a pas dit pas son nom, la sénatrice UMP du Bas-Rhin et maire de Strasbourg de 2001 à 2008 s’est clairement positionnée pour reprendre la ville, 6 ans après sa défaite. Elle a développé son discours en trois axes : bilan du maire sortant, lignes de force de sa campagne et atouts personnels pour reprendre les manettes de la ville dans 15 mois.
1- Roland Ries et son « bilan de papier glacé »
« Strasbourg, cette belle endormie, qui est une capitale et qui est… capitale pour moi. » Dès le début du discours, le cadre est posé. Roland Ries n’a qu’un « bilan de papier glacé, un bilan de brochure ». Pendant 6 ans, « l’ambition pour Strasbourg a été gelée ». Alors qu’elle, Fabienne Keller, a Strasbourg aux tripes et veut se battre pour « faire rayonner » « sa » ville. Un positionnement qu’elle rôde depuis des années, sur lequel elle n’a pas varié même lorsqu’on lui prédisait des maroquins et autres postes prestigieux à Paris. Constance, donc.
Si Fabienne Keller concède à Roland Ries sa capacité à écouter, elle critique « le vide et l’absence de décision » qui découle de ces temps de concertation – dernier dossier en date, le quartier des Halles. « Je comprends aujourd’hui l’importance de parler avec les habitants », note-t-elle, reconnaissant que, jeune élue en 2001, elle-même a privilégié « l’action et la rapidité » au détriment de ce dialogue qu’elle souhaite « ne pas remettre en cause » si elle reprend la mairie. Elle lance néanmoins : « Il faut concerter oui, mais concerter pour agir ».
2- Les grands axes de sa future campagne
Il y en a eu un peu pour tout le monde : les artisans et commerçants – en présence de Jean-Pierre Raffarin, ancien ministre des PME, c’était une figure imposée – les personnes âgées, les familles avec enfants… et « ceux qui dans les quartiers souffrent en silence de l’insécurité », « ces Strasbourgeois honnêtes qui s’engouffrent le regard baissé dans les cages d’escaliers occupées ». Et hop, un petit coup de barre à droite, très applaudie dans la salle. Pour mémoire, l’insécurité a été un thème majeur de la campagne de 2001, à l’époque où Strasbourg était connue dans l’Hexagone pour ses records de voitures brûlées les soirs de Nouvel an.
Outre l’insécurité, c’est l’attractivité économique de la ville qui a nourri une partie non-négligeable du discours : « S’il faut faire le GCO pour attirer des entreprises, nous le ferons » (applaudissements là encore…). Car « je ferai tout pour nos entreprises car ce sont elles qui créent des emplois et l’emploi est ma priorité des priorités. » En matière de transports, on est donc assez loin des considérations écologiques évoquées lors du passage de Nathalie Kosciusko-Morizet il y a 10 jours, venue soutenir pourtant la même Fabienne Keller, son « amie et alliée politique ».
3- Son « expérience » de la victoire et de la défaite
Observateurs et citoyens présents au centre administratif au soir de la défaite de la droite en 2008 se souviennent des larmes de tristesse et d’incompréhension de Fabienne Keller à l’annonce de la victoire de Roland Ries. Par la suite, la conseillère municipale d’opposition a souvent fait part de ses questionnements et analyses sur ce qui avait pêché durant ce mandat de 7 ans. La sénatrice UMP a choisi ce lundi soir de jouer la carte de celle qui a perdu et s’est relevée :
« [En tant qu’ancien maire] j’ai l’expérience des rouages de l’administration, mais j’ai également l’expérience de la remise en cause de la défaite. (…) J’ai aujourd’hui le recul et l’humilité qui manquait jusque-là à la jeune polytechnicienne que j’étais. Je suis comme ces milliers de Strasbourgeois qui ont connu la désillusion et qui ont eu la force de tirer des leçons de leurs erreurs. J’ai l’expérience de la victoire et l’humilité de la défaite. Je suis prête à agir. »
Et François Loos dans tout ça…
Alors qu’André Reichardt, patron de l’UMP du Bas-Rhin, était dans le public de la salle Mozart ce lundi, un autre candidat potentiel à la tête de liste de la droite à Strasbourg semble être le grand absent de cette soirée. C’est François Loos, représentant local de l’UDI de Jean-Louis Borloo, qui devait lancer sa campagne le 2 février à Strasbourg. La réunion a été transférée à Paris pour d’obscures raisons. Peut-être, comme on le murmure en tout cas, parce qu’il n’était pas assuré de remplir une salle à Strasbourg ou parce que l’ancien ministre alsacien préfère repousser son entrée en campagne.
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