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Extinction Rebellion se lance à Strasbourg avec une première action

À chaque nouveau mouvement, de nombreux militants apprécient un changement de décor. Lancé samedi, Extinction Rebellion ne fait pas exception.

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« Nous ne sommes pas là pour vous faire culpabiliser, mais pour vous informer. Le changement climatique à l’oeuvre n’est pas de votre faute. »

Les militants vont et s’en vont à Strasbourg… Sauf Nicolas. (Photo : Pierre Pauma)

Samedi 22 juin, face aux voitures à l’arrêt sur l’avenue de Vienne, Nicolas s’époumone dans son mégaphone. Le grand gaillard dépasse le cortège d’une bonne tête et ne passe pas franchement inaperçu. Il est un vétéran des actions non violentes et de la désobéissance civile. En 2015, il faisait partie des faucheurs de chaises au Crédit Agricole avec ANV-COP21. Le voilà aujourd’hui coordinateur d’Extinction Rebellion Strasbourg.

Encore un nouveau mouvement, mais pour quoi faire ? Toujours membre actif de ANV-COP21, il entend cette question régulièrement. Ne pas y aller, cela aurait été passer à côté d’un vivier galvanisé par les marches pour le climat :

« On a fait une première réunion au début du mois. Sur les 30 personnes qui étaient présentes, il y en avait 25 que je ne connaissais pas. C’est du jamais vu ! »

Gilets jaunes, anti-nucléaire et anti GCO en soutien

Aujourd’hui, entre les défections et ceux qui étaient venus par curiosité, il estime pouvoir compter sur un noyau dur de 15 personnes. Auxquels se greffent d’autres sympathisants. Pour la première manifestation d’Extinction Rebellion, une centaine de personnes étaient présentes place de l’Étoile samedi. Parmi elles, des antispécistes, des Gilets jaunes qui revenaient d’une action sur la route de Kehl, des anti-nucléaire et des opposants au GCO.

Certains militants sont venus parler de leurs actions non violentes. Comme Michel Dupont (gilet vert) et Christine Ludes, qui ont fait une grève de la faim pour protester contre le GCO. (Photo Pierre Pauma).

Pas question de les « absorber » pour Extinction Rebellion, ni de faire de l’ombre aux mouvements locaux. Le mouvement international, né à Londres, veut se concentrer contre l’inaction face aux enjeux climatiques. Leur référence : les occupations d’une semaine qui ont agité la capitale britannique, amenant le Parlement à décréter une toute symbolique urgence climatique et à annoncer la création d’une assemblée citoyenne consultative. En revanche, la demande de parvenir à la neutralité carbone d’ici 2025 est restée lettre morte.

À la tribune, les retours d’expérience se succèdent. Se retrouvent ainsi Michel Dupont et Christine Ludes, qui ont fait parti des grévistes de la faim contre le GCO. Christine Ludes leur raconte comment tenir… Mais aussi quand s’arrêter :

« Cela ne valait pas le coup de mettre sa vie en danger alors qu’il n’y avait absolument aucun geste de la part des responsables politiques. »

Michel Dupont lui, aurait pu tenir un peu plus longtemps. Il se dit même prêt à le refaire. Mais il prévient les amateurs, une grève de la faim ne se prépare pas à la légère :

« Quand on regarde les médias, on a l’impression qu’une grève de la faim c’est rester allongé à ne rien faire. Mais non, il y a des exercices de préparation, et il y a toute la mobilisation autour qui est éprouvante. C’est important de continuer à se promener, de recevoir du monde… Sans parler des apparitions publiques. »

Baptême du feu timide

Aucun doute, les marches sur le climat et les Gilets jaunes ont relancé la machine à manifester. Reste à trouver un terrain d’entente sur le mode d’action. Alors que Nicolas égraine les consignes avant la dispersion officielle de la manifestation, un Gilet jaune s’agite avec un bandana sur le visage. Pour Extinction Rebellion, le passage à l’acte doit se faire à visage découvert pour lever le doute sur toute intention hostile. Une organisatrice vient le voir. Le Gilet jaune enlève son masque en bougonnant :

« Si les flics me reconnaissent, vous êtes mal. Je suis fiché S ! »

Extinction Rebellion a traversé la rue pour réclamer la fin des politiques nuisibles à l’environnement. (Photo : Pierre Pauma)

Juste avant le passage à l’acte, Nicolas procède à une dernière précaution d’usage au mégaphone : annoncer la dissolution officielle de la manifestation. Les participants à l’action directe qui va suivre le font en engageant leur propre responsabilité juridique. Les Gilets jaunes se marrent :

« Ça fait longtemps qu’on ne déclare plus rien nous ! »

Pour ce premier coup de force. certains ont vu les choses en grand. Encadré par le centre administratif et la Caisse d’Épargne, les cibles ne manquent pas autour de la place de l’Étoile. Mais la peur du gendarme a incité les anciens à revoir leurs ambitions à la baisse. Pour cette première, une simple occupation de passage clouté durant les feux rouges suffira. Au bout de trois tours de pistes, la police met fin à l’action. De l’aveu de Nicolas, le vivier de militants a rajeuni. Il préfère commencer petit :

« On a souvent ce problème à Strasbourg : beaucoup de jeunes qui viennent pour les études, et qui partent pour un travail ou se marient… On est souvent un groupe beaucoup plus jeune qu’ailleurs, mais où beaucoup sont inexpérimentés. »

Pour ce baptême du feu, pas d’arrestation ni de matraque. La police prend une organisatrice à part, puis la laisse repartir. Un photographe de l’agence Hans Lucas est contrôlé. Le folklore quoi.

Dernière traversée avant que la police ne mette fin au « rassemblement spontané » (photo Pierre Pauma).

#changement climatique

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