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Exposition : Les jouets de Tomi Ungerer, réceptacles de ses souvenirs

Tomi Ungerer, le dessinateur strasbourgeois, a un goût prononcé, on le sait, pour tout ce qui a trait à l’enfance. Au gré de ses coups de coeurs, il a réuni une collection de jeux et jouets, véritable miroir de son univers fantaisiste, qui sera (en partie) exposée au musée éponyme jusqu’au 31 mars.

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Le musée a reconstitué certains jouets de l'album pour enfants "Jean de la Lune" (Photo DZ/Rue89 Strasbourg)

« Si j’ai collectionné des jouets, c’était pour m’amuser, et les amuser… » Voilà donc ce qui a déclenché la passion de Tomi Ungerer : la volonté de divertir. Et quand on se rend au musée auquel il a donné son nom, c’est exactement ce que l’on ressent devant cette nouvelle exposition temporaire appelée « Tomi s’amuse » : cette exaltation devant des jouets qui nous font vivre un tendre voyage dans nos souvenirs, nous ramenant à notre enfance. Tout au long de sa vie et de ses voyages, il a réuni une collection de 6 500 jouets et jeux qu’il a régulièrement légué au musée depuis 1975. Cependant, Thérèse Willer, la conservatrice du musée, a choisi de n’en présenter qu’un échantillon :

« J’ai décidé de ne pas monter cette exposition de façon classique en livrant toute la collection de Tomi Ungerer en une seule fois. Vous imaginez découvrir 6 500 pièces en une seule visite ? A un moment, on sature et on n’apprécie plus les œuvres à leur juste valeur. Pour « Tomi s’amuse », mon choix s’est porté sur 120 pièces, toutes en lien avec l’illustration car elle révèle mieux les goûts et les intérêts de Tomi Ungerer. »

Ouvert en 2007, le musée Tomi Ungerer présente les dons de son artiste éponyme au rythme de trois accrochages par an.

De l’illustration à la collection

Une fois arrivé au musée, direction le premier étage. Sitôt entré, le visiteur est directement transporté dans une ambiance enfantine. Dans la vitrine centrale, un camion de pompiers, des voiturettes, un camion de livraison (voir photo ci-dessus) et un char d’assaut. Les fans de Tomi les auront reconnus. Faisant écho à l’oeuvre du dessinateur, ces jouets sont des répliques parfaites d’une scène de « Jean de la Lune« , conte pour enfants imaginé par le dessinateur en 1966, adapté au cinéma. Pour dessiner cet album, il a puisé dans son enfance et utilisé ses propres jouets, que le musée a décidé de reconstituer pour l’exposition.

Au fil des vitrines, les propres créations de Tomi sont exposées : l’omnibus jaune, ou bus à impériale, destiné à ses enfants et fabriqué à partir d’anneaux de rideaux et de métal en est un exemple.

A gauche, l'omnibus crée par Tomi Ungerer lui-même à partir de tringles de rideaux et de bouts de bois. (Photo DZ/Rue89 Strasbourg)

Plus loin, le collectif Central Vapeur présente une galerie baptisée « Tomi de haut en bas » où différents artistes présentent leurs propres travaux. Thérèse Willer précise :

« Nous avons profité de cette exposition pour ouvrir la porte aux plus jeunes, qui ont voulu rendre hommage à l’œuvre et à la collection de Tomi Ungerer. Il faut que le domaine de l’imagerie se perpétue et se renouvelle. »

Un dessinateur engagé contre l’intolérance

A 12 ans, Tomi Ungerer a créé son propre jeu de cartes, le Schwarzpeter. (Photo DZ/Rue89 Strasbourg).

« J’ai collectionné les jouets pour leur originalité mécanique, visuelle, comique ou parce qu’ils reflètent l’histoire ou la société », a dit Tomi Ungerer. Ce n’est donc pas une simple manie mais une véritable volonté de retranscrire l’histoire à travers des jouets. Histoire qui lui restera bien souvent en travers de la gorge puisque l’intolérance, la guerre, l’injustice, la méchanceté et la misère font partie des thèmes récurrents que l’on retrouve dans ses œuvres.

La guerre expliqué aux enfants

Enfermé dans un bloc de verre au musée, l’ours en peluche Otto en est un des témoins. Dans l’album pour enfant « Otto, l’autobiographie d’un ours en peluche« , le nounours va vivre la seconde guerre mondiale et être arraché à son propriétaire. Même si l’histoire se termine sur une note joyeuse, Tomi a mis en avant son talent à évoquer des sujets difficiles avec les enfants.

Il y a cependant plus de jeux de société que de jouets dans cette exposition. Dominos, jeux de hasards, puzzles, jeux de cartes, boîtes de cubes, jeux de l’oie… Tous les classiques y sont ! On retrouve évidemment des créations du dessinateur. Symbole de son engagement contre le fascisme et toute forme d’intolérance, on découvre son propre exemplaire du jeu de carte intitulé le « Schwarzpeter » où Hitler représente la mauvaise carte.

Enfin, clou de la collection, les abécédaires inédits illustrés par Tomi Ungerer lui-même. En 1960, il imagine d’abord des lettres à partir de figures humaines et de divers objets avant de se tourner, une dizaine d’années plus tard, vers un fin mélange entre les lettres et les personnages et animaux. Cet intérêt provient sûrement de son propre abécédaire Babar qu’il a si souvent feuilleté étant enfant.

Tomi Ungerer a imaginé deux abécédaires au cours de sa carrière (Photo DZ/Rue89 Strasbourg).

Des jouets usés aux pièces plus précieuses en passant par différentes catégories de jeu : voilà réuni un aperçu de 45 années de collections. On le savait à travers ses dessins, l’exposition le magnifie, Tomi Ungerer est resté un éternel enfant. Et ça lui va bien.

Y aller

Exposition « Tomi s’amuse. Jeux et jouets de la collection Tomi Ungerer » jusqu’au 31 mars à la Villa Greiner située 2, avenue de la Marseillaise à Strasbourg. Entrée : 6€. Le musée est ouvert le lundi, mercredi, jeudi et vendredi de 12 à 18h et le week-end de 10h à 18h.


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