Déjà vainqueur des élections européennes en 2014 (27,21%), le Front national devenu Rassemblement national garde sa première place alsacienne, cinq ans après. Le parti d’extrême-droite totalise un peu plus de voix (154 630 contre 141 397), mais affiche un pourcentage en recul (24,66%) suite au regain de participation (51% contre 41,95% en Alsace en 2014) comme partout en France.
La formation de Marine Le Pen devance de peu « La République en Marche » (22,99%, 144 188 voix) qui prend plus ou moins la place historique qu’occupait la droite jusque-là dans la région (24,29% et 126 200 voix en 2014). Elle confirme au passage son bon score des législatives de juin 2017 (106 000 voix au premier tour, devant la droite déjà).
Car le principal enseignement de ce 26 mai en Alsace est l’effondrement spectaculaire de la droite dans un de ses bastions. Incarnation de cette explosion, Anne Sander, 8e sur la liste « Les Républicains » ne sauve son siège au Parlement européen que de justesse.
Quatrième, la droite fait à peine mieux en Alsace (9,1%, 57 330 voix) que dans le reste de la France (8,3%). Là aussi, c’est une mini-révolution.
Le podium des Verts
À gauche, c’est Europe Écologie Les Verts (EELV) qui s’en sort le mieux et accède au podium avec panache (14,1%, 92 948 voix), soit un peu mieux que son bon score national (13,2%). C’est néanmoins un peu moins que lors de son résultat historique des élections européennes de 2009 (16,88%, mais 78 829 voix). Autre grosse surprise alsacienne, la formation verte remporte la majorité des voix dans une quinzaine de communes, dont Schiltigheim, plus quelques égalités, soit environ le double de la droite (8). Une pointe à 45% est enregistrée à Kolbsheim, commune symbole de l’opposition à l’autoroute du Grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg. Le maire Dany Karcher figurait en fin de liste.
Marcheurs des villes et nationalistes des champs
La République en Marche (LREM) remporte la majorité dans toutes les principales villes d’Alsace (Haguenau, Wissembourg, Saverne, Strasbourg, Mulhouse, Colmar) à l’exception de Saint-Louis (RN) et Schiltigheim (EE-LV) donc. Mais le RN cartonne dans les vallées vosgiennes et les plus petites communes périphériques (voire notre carte détaillée).
Passé ce quatuor, les autres listes peinent à peser. La liste Debout la France menée par Nicolas Dupont-Aignan (4,92% contre 3,4% en France) passe tout juste devant l’alliance Parti socialiste / Place publique (4,7% contre 6,6% en France). La France insoumise (4,2% contre 6,6%), qui avait pourtant enregistré une forte montée en puissance en 2017, se classe 7ème juste devant ce qu’il reste de l’UDI (2,8%) et les animalistes (2,6%).
Le prochain scrutin sont les élections municipales en mars 2020. Même si ces résultats ne peuvent être transposés compte tenu des dynamiques et spécificités de chaque commune, cette hégémonie de La République en Marche devrait amener certains maires de droite à s’interroger sur les stratégies d’alliances à mener.
Le RN encore plus fort dans le Grand Est
À l’échelle du Grand Est, le Rassemblement national est largement en tête avec 28,21% des voix, devant La République en Marche (20,6%), Europe Écologie Les Verts (11,95%) et Les Républicains (8,30%). Des résultats qui devraient questionner la majorité LR-Modem-UDI, à l’heure de réfléchir tout doucement à la constitutions des futures listes. Les régionales sont programmées dans moins de deux ans. D’ailleurs le président de région Jean Rottner (LR) n’a pas produit de réaction dans la soirée comme il est d’usage.
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