« Je ne peux pas répondre, je n’arrive pas à parler depuis deux jours. » Parmi les quelque 600 participants au rassemblement de soutien à Israël lundi soir devant le siège du Conseil de l’Europe, l’émotion était palpable. Au lendemain d’un week-end apocalyptique, qui a vu le Hamas faire plus de 800 morts et 2 600 blessés en Israël, plusieurs familles juives sont traumatisées. La plupart se sont déjà réunies dimanche soir devant la grande synagogue de Strasbourg, à l’appel du consistoire israélite du Bas-Rhin, et prévoient de le faire chaque soir, tant que les otages pris par le Hamas ne seront pas libérés.
Marc, un juif strasbourgeois de 70 ans, a de la famille en Israël et des amis au sud du pays :
« Samedi, je suis resté scotché à la télévision, à zapper parmi les chaînes d’information. Je n’arrivais pas à m’arrêter. Ça a commencé par un sentiment de sidération, puis il y a eu comme une gradation dans l’horreur. J’ai appelé des amis, dont un qui avait sa fille à la rave party Supernova… Fort heureusement, elle a pu s’échapper. »
Établie à six kilomètres de la bande de Gaza dans le désert du Néguev, cette rave-party a été ciblée par le Hamas, qui a massacré 260 festivaliers sur place. Pour Marc, ce cauchemar était impensable :
« Comme tout le monde, je vivais dans un mythe d’infaillibilité de l’État d’Israël… Je pensais que rien ne pouvait échapper au Mossad (les services secrets israéliens, NDLR), que Tsahal (l’armée israélienne, NDLR) ne pouvait être mise en défaut. »
Marc s’affiche sans haine, avant les prises de parole :
« J’attends de l’apaisement à présent. J’espère que les élus et ceux qui s’exprimeront sauront faire la différence entre les Musulmans, les Arabes et le Hamas. »
Devant une banderole « Solidarité avec Israël – Jérusalem », Pierre Haas, délégué régional du Conseil représentatif des institutions juives (Crif) a appelé l’Union européenne à considérer l’ensemble du Hamas comme une organisation terroriste et ses responsables comme des criminels de guerre.
Malgré une sono poussive, Thierry Roos, président de l’association France – Israël, a rapproché les combats d’Israël de ceux pour les valeurs européennes et démocratiques :
« Le Hamas est la petite sœur de Daech, il se revendique d’un islamisme qui s’attaque à Israël comme l’État islamique s’est attaqué à la France au Bataclan, ou Al Qaïda aux États-Unis le 11-Septembre. Dans les jours qui viennent, il ne faudra pas céder à la propagande victimaire de l’État islamiste de Gaza. »
L’ancien élu de droite en a profité pour faire huer les partis La France insoumise (LFI) et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), jugés trop relativistes dans leur analyse du conflit.
Les prises de parole se sont conclues par La Marseillaise et la Hatikva, l’hymne d’Israël. Au moment de la dispersion, Valérie, 52 ans, qui se définit comme juive, sioniste (mouvement politique prônant la construction d’un État juif en Palestine) et strasbourgeoise, résume :
« Quand il s’est agi, 50 ans avant la Shoah, de créer une terre pour que les juifs soient à l’abri, c’est la terre d’Israël qui a été choisie. Mais aujourd’hui, peut-on encore dire que les juifs sont à l’abri en Israël ? »
Selon un bilan établi lundi soir, au moins 687 Palestiniens ont été tués par les bombardements de l’armée israélienne dans la bande de Gaza et plus de 3 700 ont été blessés depuis samedi.
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