C’est un demi-échec pour la CGT. Le syndicat avait appelé depuis plusieurs semaines à faire du mardi 5 février une journée d’action et de mobilisation en faveur des luttes sociales communes aux salariés du privé, du public et aux Gilets jaunes. Ces derniers, souvent étrangers aux luttes syndicales voire à la politique tout court, manifestent chaque samedi depuis mi-novembre, de plus en plus sur des thématiques de justice sociale. Le mouvement ne laisse pas indifférents les syndicats et en particulier la CGT.
Une mobilisation en deçà des capacités
Mais il n’y a pas eu de « convergence des luttes » mardi à Strasbourg. La CGT n’a réussi à mobiliser qu’un millier de manifestants tandis que les Gilets jaunes n’ont apporté qu’environ 500 personnes au cortège. Une centaine de lycéens et d’étudiants se sont également joints à la manifestation. L’essentiel des troupes syndicales et qui peuplent les ronds-points n’ont donc pas dépassé la méfiance réciproque qu’ils peuvent avoir les uns pour les autres. Dans les groupes Facebook des Gilets jaunes, les appels à manifester ont bien été relayés mais les commentaires sous ces publications étaient souvent critiques envers les syndicats, accusés d’être trop proches du gouvernement.
En temps normal, la CGT du Bas-Rhin est capable de produire une manifestation similaire sans apport extérieur et ses cortèges peuvent atteindre 3 à 4 000 personnes à Strasbourg. Quant aux Gilets jaunes, leur Acte IX à Strasbourg avait également mobilisé à lui tout seul environ 1 500 personnes.
Manifestation CGT à Strasbourg. Des syndicalistes, mais aussi des gilets jaunes de la première heure dont c'est la première manifestation. pic.twitter.com/p8YHoJwbtf
— Piet (@PietDessineux) February 5, 2019
Mais la CGT peut au moins se satisfaire d’avoir retrouvé le chemin des manifestations de rue. Les syndicats, sonnés par leurs échecs successifs sous le quinquennat de François Hollande (loi Travail) et écartés par le gouvernement d’Emmanuel Macron et Edouard Philippe, cherchent à rebondir et à reprendre une place dans le champ des négociations sociales en cours, actuellement tournées vers les revendications des Gilets jaunes.
Dans son discours inaugural mardi, Jacky Wagner, secrétaire général de la CGT pour le Bas-Rhin, a précisé :
« Entre gilets jaunes et rouges, on ne s’entend pas sur toutes les revendications. Ils estiment qu’il y a trop de fonctionnaires, nous on estime plutôt qu’il n’y en a pas assez. Des mobilisations communes sont possibles, mais seulement sur certaines revendications. »
Si les militants de la CGT et les Gilets jaunes ont bien défilé ensemble, ils sont néanmoins restés séparés tout au long de la manifestation. Quelques participants ont cependant indiqué être à la fois proches de la CGT et des Gilets jaunes. Peut-être que la CGT va devoir prendre quelques tours d’occupation d’un rond-point ?
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