Dans le vacarme quotidien, quelle place reste-t-il pour la grâce de la musique baroque ? L’ensemble Le Masque, constitué en 1996 par des musiciens strasbourgeois, propose une nouvelle saison à de concerts à Strasbourg et ses membres aimeraient bien que leur musique dépasse leurs cercles habituels.
Marc Hervieux, fondateur et directeur artistique de l’ensemble, détaille :
« Le but du Masque est de s’ouvrir à de nouveaux publics. Bien souvent, les gens ont un peu peur de venir à un concert de musique baroque. On essaie de changer d’angle, de proposer une soirée complète, avec de la danse par exemple, ou en mêlant les influences avec l’ajout d’un accordéoniste… »
Pour autant, les cinq concerts du Masque à Strasbourg se déroulent dans des églises, à Saint-Pierre-le-Vieux et au Bouclier. Est-ce que ces lieux freinent le renouvellement des publics ? Probablement mais Marc Hervieux espère que les oeuvres et leurs mises en scène suffiront à convaincre :
« Bien que nous jouions dans des églises, nous ne produisons pas que de la musique sacrée. Les airs allemands de Haendel qui datent des années 1724-1727 ont été écrits sur des poèmes de Barhold Heinrich Brockes, des textes à la frontière du sacré et du profane. Ces airs pour soprano étaient chantés et joués dans des cercles semi-publics ou réservés à l »édification spirituelle et au recueillement méditatif. Pour garder cette ambiance, l’église ne sera éclairée qu’à l’aide de bougies. »
Un répertoire inépuisable
Le Masque fournit un gros travail de recherche sur les oeuvres de la période baroque, soit autour du XVIIe siècle. Un répertoire extrêmement riche selon Marc Hervieux :
« Chaque année on découvre de nouvelles pièces. Par exemple, pour notre concert de février, nous allons reprendre des oeuvres de Manuel De Zumaya, un prêtre organiste mexicain, métisse. Les compositeurs de cette période issus du Nouveau monde sont très rares car la musique d’alors était aussi utilisée par les Jésuites espagnols pour accompagner la colonisation de l’Amérique du sud. Pour ce concert, nous accueillerons en outre une soprano mexicaine qui vit à Strasbourg, Solveig Acuña. »
Autre idée de l’ensemble, pour le « Cantique des cantiques à l’époque de Monteverdi », en mars, Le Masque prévoit d’inviter un traiteur libanais :
« Toutes ces pièces sont à propos de l’amour, des hommes vers les autres, vers les femmes, vers Dieu… C’est très épicurien alors on aura en plus les délices de la bouche avec des desserts du Liban. »
Chaque concert dure environ 1h30 et une place coûte 16€. Les places sont gratuites pour les jeunes de moins de 16 ans. L’ensemble est soutenu pour moins de 50 000€ au total par la Ville de Strasbourg, la Drac, le Conseil départemental et la Région Grand Est. Les recettes de billetterie représentent plus de la moitié de ses ressources.
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