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Logement : le bonheur du BTP fera peut-être celui des familles

Le second mandat de Roland Ries, maire de Strasbourg, sera tout aussi souriant que le précédent pour le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) : 15 000 nouveaux logements devraient être construits dans l’Eurométropole d’ici 2020, soit autant qu’entre 2009 et 2015. Pour espérer passer le cap des 500 000 habitants en 2030, la collectivité tente désormais de séduire les familles, avec toujours plus de logements sociaux, des aides aux copropriétés privées et la remise sur le marché du patrimoine vacant.

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Trois immeubles de logements colorés, dont deux résidences étudiantes, en construction à l’ouest du Heyritz – août 2013 (Photo MM Rue89 Strasbourg)

En matière de constructions nouvelles, l’exécutif municipal et communautaire (aujourd’hui, eurométropolitain – sic) à dominante socialiste parle de « rattrapage », par rapport au début des années 2000. Les professionnels du bâtiment, eux, quel que soit le vocabulaire employé, se frottent les mains.

Depuis 2008, les élus en charge de l’habitat, Philippe Bies jusqu’en 2012, Henri Dreyfus pendant un temps, Syamak Agha Babaei aujourd’hui, mettent en œuvre une politique de développement urbain intense, avec quelque 3000 logements construits chaque année depuis 2009, dont la moitié de logements sociaux. Ce trend (ou tendance) devrait être maintenu jusqu’en 2020, avec toujours 50% de logement aidé et 50% de promotion immobilière privée, promet l’exécutif.

Loyers de 10 à 20% moins chers que ceux du marché

Parfois décriée, par ceux notamment qui dénoncent la « bétonisation » de la ville, cette politique était et est toujours, selon Syamak Agha Babaei, actuel vice-président de l’Eurométropole en charge de l’habitat, une « réponse pratique au droit au logement, mais aussi au solde migratoire négatif » constaté dans la décennie 2000. Avec un petit +0,7% entre 2007 et 2011, ce solde entre arrivées et départs de l’agglomération cesse de plonger, même si l’augmentation de la population n’est dûe aujourd’hui qu’aux seules naissances. Les départs, eux, sont surtout le fait de jeunes ménages trentenaires avec enfants, en quête d’espace à des prix abordables.

Pour retenir ces familles, la collectivité assure maintenir dans les années à venir l’effort de construction de logements aidés (1100 logements sociaux par an, dont 30% de logement très social, et des appartements en accession sociale à la propriété). Elle compte aussi favoriser la construction de logements « intermédiaires » (aux loyers 10 à 20% moins cher que ceux pratiqués actuellement sur le marché) par des bailleurs ou des promoteurs privés, par le biais d’appels à projets.

« La moyenne gamme n’est pas très attractive »

Autre piste, celle de l’habitat participatif, développé dans plusieurs vrais ou faux écoquartiers. Syamak Agha Babaei « lance un appel aux promoteurs » :

« Alors que l’immobilier haut de gamme se vend très bien à Strasbourg, la moyenne gamme n’est pas très attractive. Pourquoi ne pas imaginer un habitat qui intègre des éléments de participation des futurs habitants, avec plus de lieux collectifs ou d’échange, par exemple ? Aujourd’hui, les tarifs d’achat sont très élevés et certains programmes se vendent peu, à ce que j’entends. Il faut que les promoteurs tiennent compte des nouveaux modes de vie et permettent aux acheteurs de participer à la conception de leurs logements. »

Réguler les augmentations de loyer à la relocation

Pour maintenir des loyers accessibles aux ménages modestes et aux familles, l’élu espère aussi expérimenter dès que possible (2016, peut-être) un dispositif de régulation des augmentations de loyer lors d’un changement de locataire. Ce dispositif, qui doit être d’abord jugé pertinent au regard des prix pratiqués à Strasbourg (évalué par un observatoire local des loyers piloté par l’Adeus), puis validé par le ministère et le préfet de région, pourrait permettre de stopper la hausse infinie des prix dans des quartiers plus chers que les autres, où le marché est jugé « tendu ».

Créer du logement social sans consommer de foncier

Un travail est parallèlement effectué avec les copropriétés dégradées, qui ont besoin d’un accompagnement logistique et financier dans la rénovation de leur patrimoine (on pense à un certain Joseph Benamran), mais aussi sur les logements vacants (6 à 7% du parc), pour lesquels une taxe est prélevée. Syamak Agha Babaei d’expliquer :

« On propose à ces propriétaires une méthodologie incitative, avec un accompagnement juridique et financier pour la réhabilitation, pour qu’ils puissent faire, pourquoi pas, de leurs appartements du logement social, voire très social. Cette méthode permet de générer du logement aidé sans consommer de foncier. »

A noter que le service de l’habitat de l’Eurométropole ne subirait, contrairement à d’autres, aucune baisse de moyens. Ces trois prochaines années, quelque 60 millions d’euros devraient être dépensés par la collectivité sur cette thématique (parc social, rénovation, etc.).


#habitat

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