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Les quartiers Malraux, Deux-Rives et Wacken-Europe ont enflammé les débats du conseil municipal

Ambiance à couteaux tirés lundi au conseil municipal de Strasbourg, malgré un menu plutôt léger, avec moins d’une dizaine de sujets débattus. Si les poubelles place Kléber ou les marchands de sommeil ont participé à l’échauffement des esprits, ce sont les aménagements de l’axe Est-ouest et le quartier Wacken-Europe qui ont suscité le plus d’échanges houleux.

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Des bancs et des arbres au bord des canaux, le long des bâtiments existants et à construire ? Même pas. « On n’en est pas là », notait la semaine dernière Alain Jund, adjoint en charge de l’urbanisme. Ce n’est pour l’instant que « le cadre » du futur aménagement des espaces publics de la Presqu’île Malraux qui a fait l’objet d’une discussion en conseil. Points importants ressortis de la concertation et exposés par Alain Jund : conserver « les marques du passé portuaire », nécessité de développer « la polyvalence d’usage des espaces » (lieu de passage et lieu où l’on reste), « enrichir et ramener le lien à l’eau, omniprésente dans ce secteur ». Ce qui « reste un sujet ouvert de discussion », autrement dit, polémique : l’aménagement de la place Jeanne-Helbling – cet espace qui longe l’eau entre le parking du cinéma, l’UGC lui-même et l’arrière de Rivétoile.

Rivétoile: trois tours de 45 à 50 mètres en bout de darse

Réaction de Robert Grossmann : « Cet espace fait partie d’un tout, qui commence place de l’Etoile, et s’achève au jardin des Deux-Rives. Ce que nous appelions la Viaropa, dont vous avez simplement changé le nom… On ne peut oublier qu’il y a eu ici un tâtonnement (ndlr: sur le lot 3, en bout de darse, en contrebas de la station de tram Winston-Churchill). Pour mémoire : vous nous avez d’abord présenté une tour de 100 mètres de haut, puis deux tours de 50 mètres, et maintenant trois tours d’on ne sait quelle hauteur ». « De 45 à 50 mètres », précise plus tard à son adresse Alain Jund.

Pour Fabienne Keller, ce quartier est « le Strasbourg de demain », avec « ses passerelles, de magnifiques amarres » vers les quartiers existants. L’ex-maire UMP de la ville s’inquiète de la restructuration d’espaces que ce sont appropriés les Strasbourgeois, enchâssés entre des terrains cédés à des promoteurs immobiliers (Icade notamment, pour le silo horizontal du môle Seegmuller et les immeubles du lot 3). Alain Jund se veut rassurant : « La réflexion sur les aménagements extérieurs concernent ceux de tout le secteur, quel que soit le propriétaire du foncier ».

Deux-Rives : le pont de l’Europe élargi rêvé par l’UMP sur une esquisse du Moniteur

A l’ordre du jour ensuite, un autre point qui a déchainé les passions : celui concernant le concours d’urbanisme transfrontalier pour l’aménagement du quartier Deux-Rives (ex-Porte de France, ex-cour douanière, actuel Port-du-Rhin). Son organisation sera confiée à la ville de Kehl. Montant global : 180 000€. Après la présentation du pourquoi de ce concours par Philippe Bies, adjoint chargé du logement, l’élue centriste Anne Schumann interpelle l’exécutif : « Vous n’allez pas être contents que je revienne là-dessus… Mais l’épine dorsale de ce secteur, c’est le tram vers Kehl (ndlr : au cœur des discussions des conseils municipal et de CUS le mois dernier) ». Or, le tracé, le viaduc Starlette ou le nouveau pont sur le Rhin, rien ne convient aux élus de la droite et du centre.

Et de citer, appuyée par Fabienne Keller et Pascal Mangin, un article du magazine Le Moniteur, paru ce mois-ci, dans lequel on découvre des esquisses (signées du cabinet de paysagisme Alfred Peter) du Pont de l’Europe élargi pour laisser passer le tram – une option défendue par l’UMP, repoussée par la majorité. S’en suivent de violents échanges dans les rangs de l’hémicycle. L’ambiance est explosive, si bien que le maire accepte une suspension de séance aux alentours de 17h45 (près de trois heures après le début du conseil).

Sur l’esquisse publiée dans Le Moniteur, on peut voir le pont de l’Europe élargi. Une option rejetée par la municipalité. (Photo MM)

Wacken : « La collectivité liée à Bouygues »

Droits des femmes, poubelles et jets d’eau place Kléber, subventions aux associations culturelles, présentation du projet de quartier d’affaires Wacken-Europe au Mipim… Tout est prétexte à prises de bec. Sur la question du Mipim (et du choix de Bouygues comme opérateur unique sur le secteur), Fabienne Keller marque un point : « En promouvant le projet à Cannes, la collectivité se prive d’un levier dans sa négociation avec l’opérateur ». Réponse d’Alain Fontanel, relance de Pascal Mangin… Dans cet échange encore, on crie au « mensonge », aux « propos inadmissibles » ou à « l’autoritarisme », dans un jeu de ping-pong bilan contre bilan, injure contre insulte.

Après trois heures de débats, dernière interpellation de Jean-Emmanuel Robert sur ce qu’il décrit comme des « marchands de sommeil ». En fait ciblée sur ce que l’on nomme depuis quelques semaines « l’affaire Benamran », du nom de ce propriétaire de plusieurs centaines de logements à Strasbourg, dénoncés pour beaucoup comme insalubres. Réponse d’Olivier Bitz, adjoint au maire en charge de la sécurité : « Sur ces questions, nous avons mis en place depuis 2009 un service dédié à plein temps de quatre agents, spécialisés dans la lutte contre l’habitat insalubre. Nous allons engager des actions pour mieux nous faire connaître, car c’est toujours sur la base d’un signalement du locataires que les contrôleurs peuvent rentrer dans les logements. » Plaquettes d’information, site internet de la collectivité renseigné sur ce point, annonces radios… Des actions ont et vont être menées, assure l’élu.

« Nous exerçons nos missions de police chaque fois que c’est nécessaire, et effectuons des travaux d’office quand il le faut, en envoyant la facture aux propriétaires. » Le cas échéant, note encore l’élu, « quand un propriétaire est estimé de mauvaise fois », la municipalité transmet le dossier au parquet. « S’agissant de l’affaire particulière qui motive votre intervention, deux des logements de ce propriétaire ont déjà été jugés inhabitables ». Avant de clore la séance, le maire de noter : « Notre prochain conseil municipal aura lieu à une semaine de l’échéance électorale présidentielle ». Et de formuler le vœu pieu que cela « apaise » les débats. Il ne faut pas être devin pour être sûr du contraire.

La vidéo en direct du conseil municipal

Flux vidéo fourni par la Ville de Strasbourg.

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